Rechercher
Rechercher

Actualités

Interview exclusive avec Anne-Dominique Toussaint, productrice de «Caramel» (Sikar Banet)

Productrice depuis 15 ans, Anne-Dominique Toussaint a déjà derrière elle un long parcours professionnel. Fondatrice d’une société de production en France (Les Films des Tournelles) et en Belgique (Les Films de l’Etang), d’où elle est originaire, le public lui doit grand nombre de succès, dont notamment Le coût de la vie (2002), Respiro (2003), et La moustache (2004). C’est à l’hôtel Le Gabriel que la productrice nous a accordé une interview exclusive où elle revient sur son expérience libanaise et, plus précisément, sur les raisons qui l’ont amenée à créer la société «Les films de Beyrouth» qui produit le premier long-métrage de Nadine Labaki. Pourquoi vous êtes-vous intéressée si ardemment au Liban et, plus précisément, au film de Nadine Labaki? Il y a deux ans, je suis venue présenter à Beyrouth, dans le cadre d’un festival, Respiro, un film italien que j’avais produit. Bien que je ne sois restée que deux jours, j’ai véritablement eu un coup de foudre pour cette capitale que je trouve aussi belle que lumineuse. Le festival m’a également permis de rencontrer Nadine Labaki. Dix minutes de conversion ont suffit pour que le courant passe et que je sois touchée par cette jeune femme. Elle m’a parlé de son désir profond de faire du cinéma. Je l’ai alors encouragée à présenter sa candidature à «La Résidence du Festival de Cannes» à Paris, un lieu qui accueille chaque année six jeunes réalisateurs dans le but d’accompagner le développement de leurs longs-métrages et d’organiser des rencontres avec des gens du métier. Nadine a été retenue sur 120 candidats! C’est donc en France qu’elle s’est attelée au scénario de Caramel, un film qu’elle est venue me présenter et qui m’a tout de suite emballée. Un film pour lequel vous avez d’ailleurs spécialement créé une société ? Oui, effectivement, la société de production «Les Films de Beyrouth» a été spécialement conçue pour Caramel. Au début, je pensais produire le film avec ma société française et trouver un partenaire ici. Mais je ne suis pas parvenue à mettre la main sur la bonne personne. J’ai finalement trouvé, grâce à Nadine, des partenaires financiers au Moyen-Orient et au Liban qui ont ainsi accepté de financer une partie du film. Du coup, j’ai décidé de créer une société au Liban, société qui donnerait d’ailleurs au film, et cela était très important pour Nadine et moi-même, la nationalité libanaise. D’autre part, comme beaucoup d’argent allait être dépensé à Beyrouth, il était plus simple et plus pratique qu’une société sur place gère tout cela. Cette nouvelle société est également l’occasion de financer d’autres projets libanais. Il est vrai que maintenant que la boîte existe, pourquoi pas. Mais dans l’immédiat, je ne suis pas en recherche de projets. J’attends d’abord de terminer Caramel et ensuite nous verrons. Quels seront les critères de cette nouvelle société? Dur de répondre… la boîte vient à peine de naître. Mais disons que le contact avec le réalisateur est extrêmement important à mes yeux. C’est évident que le sujet et le scénario sont primordiaux, mais la personnalité du cinéaste, notre rapport humain, compte énormément pour moi. Quel est le budget du film? Un million et demi de dollars: coproduit à hauteur de 55% par la France et de 45% par le Liban. Ces 45% sont répartis entre mes partenaires Sabbah (qui vont assurer la distribution du film au Liban et au Moyen-Orient, mais aussi la distribution en vidéo) et Sunnyland (qui détient les droits télévisuels au Moyen-Orient). Pour les 55% financés par la France, nous comptons un soutien du CNC français, de l’Agence de la francophonie et de la société Wild Bunch (une société de vente internationale très cotée). Ainsi, nous assurons une très bonne exposition internationale. Vous avez tenu à ce que le directeur de production (Stéphane Riga) et la première assistante à la réalisation (Elizabeth Marre) soient choisis par vous. En tant que productrice du film, il me semblait logique de m’occuper de l’aspect organisationnel. J’ai donc pensé ramener très tôt deux personnes de Paris avec qui j’ai l’habitude de travailler et qui ont les mêmes méthodes que moi. J’ai également imposé des horaires qui sont appliqués sur tous les plateaux français. C’est-à-dire que l’équipe travaille huit heures par jour (en dehors des deux heures de préparation du plateau) et prend systématiquement une heure de pause déjeuner. La partie artistique, quant à elle, est totalement entre les mains de Nadine Labaki, et son équipe est 100% libanaise. Comment se passe votre collaboration avec elle? Notre collaboration est très agréable. Jour après jour, je découvre qu’elle est véritablement une réalisatrice dans l’âme. Elle raisonne visuellement et non aux mots. Elle ne se contente pas d’illustrer son scénario, elle le met en scène. Je lui fais confiance au même titre qu’elle me fait confiance. Et cela est d’autant plus facile que nous avons envie du même film. Nadine est maître à bord, mais cela ne m’empêche pas de la conseiller. Être l’interlocuteur privilégié du cinéaste est, je pense, le rôle du producteur lors du tournage et de la fabrication d’un film. Il faut effectivement qu’il y ait un regard bienveillant, une personne qui soutienne, qui comprenne. Dans quel registre inscririez-vous le film ? Je dirais qu’il s’agit d’une comédie humaine, un peu à l’image des films d’Almodovar. Caramel dégage aussi bien des moments de comédie que des moments touchants. Diriez-vous que le film à un cachet oriental? Oui et non. Je ne sais pas trop finalement ce qu’implique «un cachet oriental». C’est en tout cas un film professionnel, moderne et très ancré dans la société libanaise. L’histoire se passe effectivement à Beyrouth, dans un salon de beauté populaire, et met en scène des femmes qui vivent toutes sortes de problèmes qui nous concernent tous. Que nous soyons d’ici ou d’ailleurs? Oui, tout à fait. Bien que le film se passe à Beyrouth, il n’est absolument pas consensuel. Parce que Nadine a un regard très perçant sur les êtres humains et les femmes en particulier, elle fait sortir des vérités qui ne pourront que toucher la gent féminine… …et donc logiquement intéresser la gent masculine? Exactement! Tout le monde va se sentir concerné! La sortie est prévue pour janvier-février 2007. L’avant-première sera-t-elle libanaise ? Une fois le film terminé, nous allons le présenter dans plusieurs festivals. S’il est retenu, la première se déroulera alors inévitablement dans le cadre d’un de ces festivals. Nous pensons bien sûr fortement à Cannes, qui verra peut-être le film d’un autre œil puisque, comme je l’ai dit précédemment, Nadine a intégré «La Résidence du Festival» et que Wild Bunch s’est intéressé au projet…
Productrice depuis 15 ans, Anne-Dominique Toussaint a déjà derrière elle un long parcours professionnel. Fondatrice d’une société de production en France (Les Films des Tournelles) et en Belgique (Les Films de l’Etang), d’où elle est originaire, le public lui doit grand nombre de succès, dont notamment Le coût de la vie (2002), Respiro (2003), et La moustache (2004).
C’est à...