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Actualités - CHRONOLOGIE

Une initiative qui pourrait soutenir une production en difficulté L’Agence de développement des exportations, un autre dossier dans les tiroirs du gouvernement

Proposée depuis quatre ans aux gouvernements qui se sont succédé, l’Agence de développement des exportations, qui existe dans la plupart des pays, n’a toujours pas vu le jour au Liban. Pourtant, vu le déficit de la balance commerciale, la création de cette agence est cruciale. « Le dossier demeure dans les tiroirs du gouvernement », s’est insurgé Mohammad Rifaï, chargé du projet au sein de l’Association des industriels, estimant que l’État manque de vision à long terme et délaisse les problèmes économiques pour ne s’attarder qu’à la politique. Cette agence, à but non lucratif, est censée promouvoir les investissements dans les secteurs productifs, susceptibles d’exporter, tels que l’industrie, l’agriculture et le tourisme. Les activités de l’agence consisteront essentiellement à proposer une série de législations ainsi que l’amendement de certains protocoles de coopération afin de protéger la production locale ; créer un réseau d’informations ; assurer une assistance technique aux PME dans le but d’augmenter leur compétitivité et les initier aux exportations. Mais la création de cette agence semble se heurter essentiellement au problème de financement, comme l’explique M. Rifaï. Selon le projet de loi, les fonds proviendront de l’Union des Chambres de commerce, de l’Association des industriels, d’IDAL et naturellement de l’État. Or, non seulement ce dernier rechigne à mettre la main à la poche, il alourdit la charge en imposant un loyer 10 fois plus cher à l’Association des industriels. « L’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, avait baissé le loyer du Centre de développement des exportations au port, qui est supposé loger cette agence, de 300 000 à 30 000 dollars. Aujourd’hui, le gouvernement veut relever le montant du loyer à sa valeur initiale, soit 300 000 dollars », a expliqué M. Rifaï. Un besoin criant Malheureusement, le report dans l’exécution du projet ne se fait pas sans retombées néfastes, a souligné M. Rifaï, la production locale ayant plus que jamais besoin d’être soutenue. Ainsi, la signature, depuis 2000, d’accords d’échanges commerciaux avec certains pays, comme l’Égypte et la Syrie, n’a finalement profité qu’à une seule partie. « Désormais, le marché libanais est envahi par des produits étrangers, alors que la production libanaise peine à s’infiltrer sur les autres marchés », a-t-il martelé. Il ajoute que la libéralisation des échanges imposée par la future adhésion du Liban à l’OMC se fera nécessairement au détriment de la production locale. « Il serait impossible de revenir sur les accords déjà signés ; le seul moyen de sauver la production locale, sans violer les protocoles, serait de recourir à des clauses de sauvegarde », a expliqué M. Rifaï. Selon lui, cette alternative permettrait de protéger partiellement les industries locales soit par une diminution des taxes imposées, soit par une imposition des produits concurrents. À titre d’exemple, les produits vinicoles importés sont imposés entre 40 et 60 %. Aussi, l’importation de ciment doit faire l’objet d’une autorisation préalable du ministère de l’Industrie, qui la refuse tant que les producteurs locaux approvisionnent le marché. D’un autre côté, pour développer les exportations libanaises, il faut accroître leur compétitivité. Or, les usines libanaises supportent des coûts exorbitants par rapport aux autres pays de la région. « Le coût de l’énergie entrave essentiellement l’expansion de ces entreprises. Il représente parfois jusqu’à 40 % du total des dépenses. Alors que la tonne de mazout est à presque 110 dollars en Syrie, elle est à environ 680 dollars au Liban », a souligné M. Rifaï, sans parler des coûts de main-d’œuvre, de location et autres. Mohammad Rifaï a enfin tenté d’égayer quelque peu le tableau en évoquant la hausse de 14 % des exportations malgré la conjoncture actuelle. De plus, le ministère de l’Économie et du Commerce a accepté d’appliquer certaines mesures de sauvegarde, et le projet de loi antidumping est presque approuvé. Après cette lueur d’optimisme, l’industriel n’a pas pu s’empêcher d’évoquer le projet de loi sur la création du guichet unique pour les exportations, un projet proposé depuis... seulement 45 ans. Magali GHOSN
Proposée depuis quatre ans aux gouvernements qui se sont succédé, l’Agence de développement des exportations, qui existe dans la plupart des pays, n’a toujours pas vu le jour au Liban.
Pourtant, vu le déficit de la balance commerciale, la création de cette agence est cruciale. « Le dossier demeure dans les tiroirs du gouvernement », s’est insurgé Mohammad Rifaï, chargé du projet...