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Actualités

SOS OMS

L’Ordre des dentistes du Liban avait lancé le 24/4/2006 un cri d’alarme à l’adresse de l’Organisation mondiale de la santé en raison de la détérioration aggravée de la santé bucco-dentaire dans le pays, déplorant la frilosité et le manque d’énergie politique face aux grands enjeux de société. L’absence quasi totale des organismes étatiques libanais dans le domaine de la prévention et du traitement des maladies buccales et dentaires a en effet entraîné une chaîne de petits dysfonctionnements qui, mis bout à bout, ont conduit à une innervation générale lourde de conséquences. La non-application par le Liban de la déclaration « Alma Ata » et du slogan « La santé pour tous » lancé par l’OMS a eu pour effet une augmentation des maladies, une diminution des soins et une détérioration de la qualité de vie des Libanais. Quand on connaît la réalité des chiffres mondiaux, on ne peut que voir dans cette situation une véritable provocation. Plusieurs éléments appellent à la prudence. En 2006, l’OMS a mis en évidence que le nombre de professionnels de la santé, évalué à 59 millions, accuse un manque d’au moins 4 millions pour pouvoir satisfaire aux besoins du globe. De même, derrière les 1 600 facultés de médecine, 375 écoles de santé publique et 6 000 écoles d’infirmières recensées se profile un déficit accru qui pèse lourdement sur l’avenir de la santé des citoyens du monde. Le Liban, quant à lui, excelle en revanche dans un statut d’état d’exception et affectionne les contradictions, incohérences et angles morts. Le Liban souffre en effet, à l’inverse, d’une augmentation anarchique des facultés et des diplômés voués au chômage ou à l’émigration, en présence d’une politique « autruchienne » de la santé. Le rapport établi par le docteur Poul Erik Petersen, responsable de la santé buccale à l’OMS, et publié en 2003 révèle en outre que : 1- L’indice CAOD (dents cariées, absentes et obturées) pour les enfants de 0 à 12 ans atteint au Liban le chiffre fatidique de 5,7, avec un pic de 9,6 au Liban-Sud et de 6,75 dans la Békaa. Cet indice, qui atteint à peine le chiffre de 3 dans les pays voisins, est compris, selon les sources de l’OMS, entre 1,2 et 4,4. Notons que plus de 30 % de la population libanaise est en dessous de l’âge de 15 ans, ce qui ne fait qu’assombrir le tableau. 2- Il existe un dentiste pour 1 500 habitants en Afrique, un dentiste pour 2 000 habitants en Europe et aux États-Unis d’Amérique et un dentiste pour 780 habitants au Liban. 3- Les maladies buccales et dentaires atteignent en France 14,6 % de la population âgée de 35-44 ans, sauf que le taux des citoyens se faisant soigner est de l’ordre de 90 % en France contre 24 % seulement au Liban, chiffre qui n’a cessé de diminuer. Ce décalage s’explique par la crise économique, l’augmentation de 216 % des impôts entre 1993 et 2003 et l’absence quasi totale de couverture des soins dentaires par la Caisse nationale de Sécurité sociale et par les caisses mutuelles. Depuis 1950, la Journée mondiale de la santé reste l’événement majeur organisé par l’OMS. La Journée mondiale de la santé 2006 prône la lutte contre la corruption à tous les niveaux, corruption qui, au Liban, détourne annuellement, dans le seul domaine de la santé, 500 millions de dollars. Le but d’utilité publique y a été éclipsé par le dessein de satisfaire l’appétit des profiteurs et celui de leurs parrains. L’OMS recommande par ailleurs, en guise de stratégie, de recourir aux médias et aux célébrités nationales pour mener une campagne efficace dans les domaines de la santé en général et de la santé orale en particulier. C’est pourquoi nous faisons aujourd’hui appel à ces médias et personnalités dans l’espoir de faire sortir le pays de l’impasse dans laquelle il se retrouve. Las de la perpétuelle politique des petits pas, nous exhortons de même les dirigeants à sortir de leur léthargie. Car c’est le pays qui en paie finalement le prix. En cette période critique, le peuple libanais attend en effet des hommes politiques qu’ils œuvrent à trouver des solutions à ses priorités les plus urgentes. L’ennui, c’est que la politique, cette politique de bonne qualité dont nous avons désespérément besoin, a besoin d’une vision à long terme et non pas de faux-semblants. Un gouffre s’est creusé entre ce que l’opinion publique veut, espère et attend des élites dirigeantes et ce que celles-ci offrent. Depuis plus de deux ans nous n’avons cessé de faire la navette entre les différents centres du pouvoir et les ministères de la Santé, du Travail, la direction de la CNSS, de la CGTL. En vain : politiciens verbeux et fonctionnaires apathiques ont été jusque-là nos seuls interlocuteurs et les réponses relevaient des clichés de rhétorique et des déclarations stériles. Face à une politique défaitiste, régie par la désinvolture, surveiller les décideurs faisant le lit des pratiques clientélistes et de la corruption, par action ou par omission, est devenu une priorité. SOS OMS donc ! Mais aussi et surtout SOS gouvernants libanais, avant une descente des « blouses blanches » dans la rue. Ce serait là un véritable signe de santé politique et peut-être le premier geste de réunification des courants du 8 et du 14 Mars. Professeur Élie MAALOUF Président de l’Ordre des dentistes du Liban
L’Ordre des dentistes du Liban avait lancé le 24/4/2006 un cri d’alarme à l’adresse de l’Organisation mondiale de la santé en raison de la détérioration aggravée de la santé bucco-dentaire dans le pays, déplorant la frilosité et le manque d’énergie politique face aux grands enjeux de société. L’absence quasi totale des organismes étatiques libanais dans le domaine de la...