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Actualités - REPORTAGE

La Syrie et l’Irak tournent le dos aux Arabes du Khuzestan Entre intimidations et répression, les réfugiés iraniens pris entre deux feux

Face à la répression, les options ouvertes aux peuples sont rares. Pour les dizaines de milliers d’Arabes d’Ahwaz (au sud-ouest de l’Iran), le choix a été radical : fuir. Beaucoup se sont réfugiés en Irak, d’autres en Syrie et les plus fortunés se sont installés en Europe, aux États-Unis ou au Canada. Mais ces derniers mois, les gouvernements irakien et syrien, étant donné leur rapprochement avec le régime iranien, mènent une campagne d’arrestation et d’intimidation sans précédent contre ces réfugiés politiques, en dépit des nombreuses condamnations internationales. Voici le malheur d’un peuple pris entre deux feux. Il existe plus de 23 000 Arabes iraniens réfugiés en Irak, selon les dernières estimations de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). La plupart d’entre eux ont fui le Khuzestan dans les années 80, pendant la guerre irano-irakienne, et se sont installés dans le sud du pays, dans des zones rurales près de Doujail. Ceux-là n’ont jamais connu de répit. Même avant l’invasion américaine de l’Irak, ces réfugiés étaient méprisés par le régime de Saddam Hussein qui les considérait comme des « infidèles iraniens », bien que nombre d’entre eux aient collaboré avec lui durant la guerre. Aujourd’hui, trois ans après la chute du régime baassiste, ces réfugiés vivent dans des conditions si misérables, en Irak, qu’ils souhaitent retourner en Iran, alors même qu’ils y risquent la peine de mort. En Irak, ils souffrent non seulement du mépris de la population irakienne qui se souvient toujours de leur collaboration avec Saddam Hussein, mais également des intimidations quasi quotidiennes perpétrées par les milices chiites fidèles à Téhéran. À Doujail, une équipe de l’UNHCR a ainsi rapporté que des groupes armés harcèlent souvent les réfugiés iraniens qui y sont installés depuis des années. Plus de 80 familles ont été obligées de fuir la région. L’agence onusienne indique que de nombreuses écoles et maisons de réfugiés ont été détruites et que plusieurs Arabes iraniens ont été menacés de mort par des milices locales. « Plusieurs élèves et étudiants d’origine iranienne ont même été expulsés des écoles et des universités », indiquait un responsable irakien à Bassora, dans une entrevue au quotidien al-Zaman. Selon une association britannique pour la défense des Iraniens d’Ahwaz (British Ahwazi Friendship Society), certains partis politiques irakiens proches de Téhéran sont prêts à violer la loi pour satisfaire la République islamique. « Au lieu de soutenir le peuple d’Ahwaz, les gouvernements arabes sont en train de violer les lois internationales en expulsant ces réfugiés vers l’Iran, où ils risquent la peine de mort », souligne le porte-parole de l’association, Nasser Bani Assad. Arrestations en Syrie à la demande de Téhéran Si, il y a quelques années, la situation des réfugiés iraniens en Syrie était relativement satisfaisante, aujourd’hui elle est devenue quasiment intolérable. Au début du mois, le gouvernement syrien a arrêté sept réfugiés originaires d’Ahwaz, dont trois importantes figures de l’opposition iranienne et quatre étudiants. Trois d’entre eux ont été ensuite relâchés. Parmi les opposants toujours détenus figurent Faleh Abdallah al-Mansouri, 60 ans, chef de l’Organisation pour la libération d’Ahwaz et porteur de la nationalité néerlandaise, ainsi que Said Saki, 40 ans, qui a été déporté vers l’Iran, où il risque la peine de mort. Pour une responsable de l’UNHCR en Syrie, Dietrun Gunther, c’est une première. Jamais auparavant, un réfugié, protégé par l’agence des Nations unies, n’avait été expulsé de Damas. « Le gouvernement syrien ne nous a pas fourni d’explications concernant la déportation de M. Saki », assure Mme Gunther dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour. « Nous savons uniquement que cette décision a été prise à la demande de l’Iran et nous somme extrêmement inquiets du sort qui l’attend là-bas », a-t-elle ajouté. « L’expulsion de M. Saki est une violation du droit international et de la convention de Genève relative au statut des réfugiés, renchérit M. Bani Assad. Cette décision mènera certainement à son exécution en Iran, un pays qui cherche à museler l’opposition partout dans le monde. » R. M.
Face à la répression, les options ouvertes aux peuples sont rares. Pour les dizaines de milliers d’Arabes d’Ahwaz (au sud-ouest de l’Iran), le choix a été radical : fuir. Beaucoup se sont réfugiés en Irak, d’autres en Syrie et les plus fortunés se sont installés en Europe, aux États-Unis ou au Canada. Mais ces derniers mois, les gouvernements irakien et syrien, étant donné leur...