Majorité usurpatrice!

Aussi flagrante de contradiction intrinsèque que représente cette expression, elle a pourtant été innovée par le chef du CPL comme flèche lancée à ses adversaires. Or, on se demande comment des élections législatives (que tout le monde a reconnues correctes et démocratiques), élections dont la raison d’être est de produire une majorité qui, justement, doit assumer le pouvoir, peuvent «enfanter» des usurpateurs de ce même pouvoir? Si vous trouvez que c’est invraisemblable, ouvrez L’Orient-Le Jour du 18/5/2006, et vous lirez ce titre: «J’affronte une majorité qui usurpe le pouvoir, affirme Aoun» dans une déclaration sur l’antenne de la NBN. Pour évaluer l’énormité de ces dires, revenons au dictionnaire. «Usurper: s’emparer par violence ou par ruse d’un bien, d’une dignité, d’un titre qui appartient à un autre, comme usurper le trône.» L’auteur de ces propos a-t-il réalisé qu’une telle accusation devrait conduire les prétendus «usurpateurs» devant la cour criminelle? Mais là n’est pas la seule perle das l’entrefilet du journal: 1- Le chef du CPL «n’est pas d’accord avec les propos du patriarche» – c’est son droit, cela va de soi. Mais « il invite le cardinal maronite... à opter pour la démocratie et non pour le consensus ». 2- Et quelle démocratie? Elle est expliquée par l’entrefilet qui se termine ainsi: «Le chef du CPL n’a pas écarté enfin la possibilité d’avoir encore recours à la rue.» Donc, d’après sa conception, l’appel à la rue est la solution supplétive pour prendre le pouvoir, avec l’aide des alliés sûrs que le CPL s’est acquis, formant ainsi le «front commun» de la manifestation du 10 mai, où les orateurs nostalgiques de l’époque de la tutelle ont donné libre cours à leur délire (y aura-t-il cette fois, dans la main des manifestants, des couteaux et des bâtons comme ils en avaient l’habitude?). Voilà de belles perspectives que nous propose le CPL. Albert SARA