Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

L’État c’est moi Un orphelinat de Tripoli abritant 45 pensionnaires ayant tous en réalité un père et une mère. Un pharmacien de Beyrouth distribuant des médicaments gratuitement pour quatre mille francs mais se faisant rembourser 40 000 francs de l’État : tel était le premier scandale signalé dans un numéro de L’Orient de 1930. Ce qui poussa M. Émile Eddé, Premier ministre à l’époque, d’ouvrir en pionnier le dossier de la corruption. Et il fut étonné de découvrir que du budget annuel de l’État, qui s’élevait à l’époque à cinq millions de livres, un million seulement était dépensé en projets bénéfiques, les quatre autres allaient dans les poches des fonctionnaires. Ainsi, en voulant punir les responsables, M. Eddé se heurta à l’entêtement de leurs soutiens. Et de conclure, impuissant, dans son rapport : « On ne peut améliorer la fonction de l’État si chaque employé se considère comme Louis XIV. “L’État c’est moi.” » Aujourd’hui, malheureusement, l’histoire se répète. Le salaire d’un ancien député retiré depuis plus d’un quart de siècle équivaut à tout le budget de l’État de 1930. Et pour détourner enfin l’attention de l’opinion publique, c’est cette même caste politique, représentée par les petits-fils, qui a décidé de jouer une nouvelle comédie. Se diviser en deux clans, majorité et minorité, pour mieux s’accuser et se dérober ainsi à toute responsabilité. Antoine SABBAGHA Calculs électoraux Aujourd’hui, nul doute que la logique du général Michel Aoun est axée sur son élection à la présidence de la République.Comptant sur une majorité de voix chiites, il pense qu’il pourra obtenir chez les chrétiens des voix qui lui permettront d’obtenir la majorité des suffrages. C’est mathématique, mais risqué et contre-productif, et cela trompe aussi un grand nombre de ses sympathisants. Par ailleurs, il est fortement déconseillé de mettre à la tête de l’État une ex-victime qui ne demande même pas de comptes à ses tortionnaires. On est bien dans une logique électoraliste. François SALLOUM À Ramzi Irani (21/6/1966 - 20/5/2002) Contrecoup Qu’a-t-on fait de ton corps de vigueur et jeunesse, Ton corps qui a étreint la femme Liberté Pour offrir une vie éclose à la promesse D’un avenir de paix, de justice et fierté. Qu’a-t-on fait de ton corps scintillant de santé, Ton corps, ta cathédrale où resplendit la Croix; Quels déments, quels démons, dans ce pays hanté, Ont fait de ces lieux sains des décombres d’effroi. Qu’a-t-on fait de ton âme au souverain message Sinon la propulser jusqu’au pic des clochers Et dans les souterrains où résistent les sages Et tout près des portraits qu’on ne peut accrocher. Qu’a-t-on fait de ton âme aux martyrs empressés Sinon la délivrer de son caveau si sombre Et l’insuffler à fond dans les cœurs oppressés Pour que le droit se lève et que cet État sombre. Qu’a-t-on fait de ton nom au si modeste rôle Sinon le retirer de sa belle enveloppe Et le répandre en tracts où circule un symbole Qui de foi nous unit, d’espoir nous enveloppe. Ronald BARAKAT Déséquilibres fragiles Il est des jours où je me demande si nous vivons dans un système démocratique ou bien dans un non-système ou une quelconque foire d’empoigne. Je ne comprends plus nos dirigeants. Le pays s’enfonce dans la crise et eux continuent à s’étriper. Évidemment, chacun se pose en victime de manipulations et en sauveur… Et le reste (entendons le peuple) passe à la trappe. Le général retrouve ses vieux réflexes pour se battre contre tout le monde et camper sur ses positions. Il se targue de vouloir combattre la corruption, assurer un système juste et équitable, dompter tout le monde, mais ne propose pas de vraies solutions aux problèmes sauf un audit illusoire mais nécessaire pour régler quelques comptes et faire la peau à quelques adversaires. Et d’autres élections. Le camp adverse, qui n’a pas été tendre avec le général, reçoit la monnaie de sa pièce mais aussi se fige dans un laxisme et une torpeur affligeante. Est-ce le pouvoir qui grise autant ou simplement le vide que constitue son programme politique ou économique, ou encore cette minorité empêcheuse de tourner en rond ? Au vu de ce bilan peu reluisant, qui repose sur des déséquilibres volontairement maintenus en place, seuls quelques-uns trouveront leur compte. Pour les autres, c’est peine perdue, et ils feraient mieux d’aller chercher ailleurs. Tant mieux, car à vouloir comprendre ce qui se passe on en viendrait à remettre toute sa vie en question. Autant donc s’occuper d’autres choses. Et advienne que pourra. Paul SAWAYA Le décompte d’Émile est inouï… Des légendes qui firent les nuits du palais de Bagdad aux balivernes qui agrémentent le quotidien de notre Chambre, le décor n’a pas vraiment changé : des histoires à dormir debout et un épilogue qui n’est toujours pas consommé. Pour agrémenter le tout, ironie de l’histoire oblige, la ressemblance entre les personnages est à s’y méprendre, de Sindbad le marin à la caverne d’Ali Baba, en passant par Aladin et sa lampe merveilleuse. Les Shéhérazade de service nous gavent de leurs sempiternelles jérémiades stériles et futiles, entraînant dans cette mascarade indigne des citoyens de plus en plus blasés et lessivés. Le constat est triste : le compte des mille et une nuits de sornettes constituera une fois de plus un lourd tribut à supporter. « L’histoire se répète, la première fois comme une tragédie, la deuxième comme une farce ». Triste réalité, une fois de plus, nous sommes les dindons de cette farce… Gaby GEMAYEL Prix d’excellence : « Haké nesswan » Voltaire disait : « Méfiez-vous des premières impressions, ce sont souvent les bonnes. » Imaginez un instant notre pauvre Liban dirigé par un gynécée, peut-être alors sortirions-nous de l’ornière! Enlisés, encroûtés, engloutis, désespérés, projetés dans la plus célèbre des Zigourrat mésopotamienne, la « tour de Babel », là où l’Éternel confondit toutes les langues de la terre, nous croupissons en attendant Godot. Et pourtant, si seulement nous nous inspirions d’elles. Elles sont cinq, comme le Pentadactylos, cette montagne surplombant la ville de Nicosie avec cinq têtes mais un seul corps. Elles sont cinq, comme les cinq éléments, l’eau, le feu, la terre, le bois et le métal, elles sont cinq comme les cinq vertus fondamentales ou tout simplement comme les cinq doigts de la main. Elles sont cinq figures redoutables, femmes, mères, amantes, putains, séductrices, cruelles, castratrices, vierges, innocentes… Elles excellent dans la projection du féminin ballottant crûment leur auditoire, le transportant avec une ingéniosité hors pair, doublée d’humour, dans 12 tableaux de la vie quotidienne comme dans les terribles péripéties du viol, de l’inceste et de la violence. Inutile de résister. Elles sont drôles, fines et ne tombent pas dans le piège du féminisme outrancier. Mesdames, vous vous retrouverez en elles. Messieurs, ne vous en déplaise, elles feront vibrer en vous cette part de féminin essentielle à votre survie. Lina Khoury, Nada Abou Farhat, Carole Ammoun, Zeinab Assaf, Rita Ibrahim, je vous salue bien bas et si j’étais mousquetaire je me serai empressée de vous lever mon chapeau. Bravo, bravo pour votre cran, votre courage, votre brio et votre jeu hors pair. Si seulement la République libanaise pouvait ressembler ! Najla Misk MALHAMÉ
L’État c’est moi

Un orphelinat de Tripoli abritant 45 pensionnaires ayant tous en réalité un père et une mère. Un pharmacien de Beyrouth distribuant des médicaments gratuitement pour quatre mille francs mais se faisant rembourser 40 000 francs de l’État : tel était le premier scandale signalé dans un numéro de L’Orient de 1930. Ce qui poussa M. Émile Eddé, Premier ministre...