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Actualités

10 mai 2006, place Riad el-Solh: pourquoi je n’y étais pas

Il est beau et grand de soutenir l’action syndicale, de manifester contre la cherté de vie et la précarité de l’emploi, de défendre la cause des démunis, la cause de ceux qui n’ont rien, de ceux qui n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins les plus élémentaires faute d’argent. Hurler son désarroi devant une telle situation est plus que légitime et descendre dans la rue pour condamner l’insupportable est noble. À ceux-là, on ne peut que dire merci. Mais il est honteux de greffer une action politique sur un mouvement censé être d’ordre purement syndical, et malsain d’utiliser des revendications sociales pour s’attaquer non pas à la politique des individus mais aux individus. De même qu’il est sournois d’exploiter des promesses de lendemains qui chantent et d’avenir radieux pour faire passer un message vindicatif et purement nihiliste en faisant preuve d’une obstination inexpliquée à rejeter le dialogue. Voilà pour la forme, quant au fond, le pire restait à venir. En effet, en regardant cette manifestation à la télévision je me suis posé plusieurs questions auxquelles je n’aurais sûrement pas de réponses pour le moment. En quoi brandir la photo de Habib Chartouni, l’assassin d’un président de la République démocratiquement élu, hurler des slogans à la gloire de la Syrie et de son maître, insulter Samir Geagea ou se féliciter de la mort d’un héros comme Gebran Tuéni peut-il améliorer un tant soit peu les conditions de vie des masses laborieuses ? De même, comment d’authentiques résistants, dont certains ont connu les chambres de torture du Beau rivage ou les caves de Anjar, ont-ils pu tolérer la présence, ô combien humiliante, à leurs côtés de ces orphelins de Damas qui ont pleuré sans vergogne le départ des soldats syriens, allant jusqu’à accompagner les colonnes de blindés de l’occupant, suspendus aux chenilles des chars ou accrochés aux ridelles des camions ? Comment de vrais patriotes qui furent longtemps persécutés pour une certaine idée du Liban, incarnée par la nécessité de vivre debout, ont-ils pu marcher coude-à-coude avec ces suppôts de l’occupation syrienne, ces « collabos » que l’histoire jugera au même titre que les tortionnaires de la rue Lauriston, de tristes individus qui continuent aujourd’hui comme par le passé à servir les desseins de la Syrie en sacrifiant l’intérêt national sur l’autel de la fraternité syro-libanaise ? Pour ces gens-là, tous les moyens sont bons pour saper la souveraineté libanaise, et les voir scander à pleins poumons les slogans habituels à la gloire de leur sœur aîné ne m’a nullement impressionné, sinon peut-être le fait que je croyais cette terminologie reléguée aux oubliettes. Mais de là à y être, non merci. Eddy TOHMÉ
Il est beau et grand de soutenir l’action syndicale, de manifester contre la cherté de vie et la précarité de l’emploi, de défendre la cause des démunis, la cause de ceux qui n’ont rien, de ceux qui n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins les plus élémentaires faute d’argent. Hurler son désarroi devant une telle situation est plus que légitime et descendre dans la rue pour...