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Actualités - CHRONOLOGIE

PATRIMOINE - Une succursale de la Maison-Blanche au XIXe siècle Washington célèbre l’hôtel « Willard »

WASHINGTON-Irène MOSALLI Soixante-quinze dollars de consommation de champagne, 8 dollars pour le whiskey et 20 dollars par jour pour la location de salles de conférence…C’est l’addition que le président Abraham Lincoln a reçue de l’hôtel Willard où il avait séjourné dix jours avant son investiture en 1861. Cette note fait partie de nombreux documents et photographies d’archives qui composent l’exposition célébrant actuellement, à Washington, l’hôtel Willard, devenu partie intégrante du patrimoine américain pour avoir été une succursale de la Maison-Blanche depuis sa création, au milieu du XIXe siècle, et jusqu’en 1968. Il avait été fermé à cette date pour réaménagement et avait à nouveau ouvert ses portes en 1986. Aujourd’hui donc, à l’occasion du 20e anniversaire de sa réouverture, les grands instituts culturels de Washington, y compris la Librairie du Congrès, ont donc décidé de le revisiter à travers de multiples manifestations. Associé au terme « lobbying » Vu sa proximité avec la Maison-Blanche, cet hôtel a offert plus que le gîte et le couvert. Il est ainsi devenu l’un des centres politiques de la capitale fédérale. C’est ici qu’est né le terme « lobbying » qui, en fait, est une trouvaille du président Ulysses S. Grant (en poste de 1869 à 1877). Il qualifiait ainsi les membres du Sénat et du Congrès qui se réunissaient dans le lobby pour promouvoir leurs programmes et leurs requêtes. C’est ici aussi que Julia Ward Howe a composé en 1872 le chant patriotique intitulé The Battle Hymn of the Republic et que Martin Luther King a rédigé en 1963 son discours historique : « I have a dream ». Auparavant, l’hôtel avait accueilli, dès 1853 presque, tous les présidents américains. Conséquence logique, dans le sillage des politiciens sont arrivés les journalistes qui ont fait de cette enseigne leur QG. C’est là qu’ils ont fondé, par la suite, leur première association, en 1886, le très sélect Gridiron Club. En 1906, ils créent le National Press Club ouvert à un plus grand nombre. Lifté mais toujours une institution nationale À l’origine, cet hôtel de quatre étages avait été acheté par la famille Willard qui en avait fait un établissement se distinguant de tous les autres avec des salles de bains à chaque étage. Dès les prémices de la guerre civile, la direction avait pris soin de loger les Nordistes et les Sudistes à des étages différents pour éviter les clashes. S’était donné là, en 1859, un bal qui a été le dernier événement avant la guerre, durant lequel les Nordistes et les Sudistes ont pactisé. Cette soirée a inspiré, à l’actuel Ballet de Washington, un spectacle qui sera présenté en septembre prochain. Une fois la guerre enclenchée, l’hôtel a servi de quartier général à l’armée unioniste. Les soldats se pressaient là pour raconter aux responsables ce qui se passait au front. L’un des journalistes décrivant l’atmosphère qui y régnait dira entre autres : « Plus que le Capitole, la Maison-Blanche ou le département d’État, cet hôtel mérite d’être appelé le centre de Washington et de l’Union. » Ne voulant quand même plus vivre uniquement sur son passé glorieux, le Willard Hotel s’est mis à l’heure des hôtels boutiques : spa et autres bains au champagne, et soins de beauté pour les hommes. Un lifting qui n’a nullement son titre d’institution nationale.
WASHINGTON-Irène MOSALLI

Soixante-quinze dollars de consommation de champagne, 8 dollars pour le whiskey et 20 dollars par jour pour la location de salles de conférence…C’est l’addition que le président Abraham Lincoln a reçue de l’hôtel Willard où il avait séjourné dix jours avant son investiture en 1861. Cette note fait partie de nombreux documents et photographies...