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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE En réclamant leur part du « rêve américain », les Latinos ravivent le mythe perdu

En réclamant leur part du « rêve américain », les immigrés hispaniques qui manifestent par centaines de milliers depuis mars aux États-Unis semblent redonner une nouvelle fraîcheur au mythe fondateur du pays. À travers le monde, des manifestants brûlent des drapeaux américains pour dénoncer la politique de l’Administration Bush. À Washington ou Los Angeles, les Hispaniques brandissent ce même drapeau et récitent le serment d’allégeance, dans un anglais approximatif, mais les larmes aux yeux. Et la plupart du temps, les manifestants racontent une histoire plus que centenaire : la vie impossible au pays, l’arrivée sans le sou aux États-Unis, le travail, le travail et encore le travail, pour gagner sa vie et envoyer ses enfants à l’université. « Il n’y a pas de raison de craindre des gens qui sont venus ici pour la même raison que des générations d’Américains (...) : un avenir meilleur pour leurs enfants », a assuré le sénateur démocrate Barack Obama, fils d’un immigré kenyan, lundi, devant des centaines de milliers de manifestants. Pour Gabriela Lemus, représentante de la Ligue des citoyens latino-américains unis (Lulac), « le rêve américain n’a pas changé, et ce sont les immigrés qui le font toujours renaître, qui véhiculent toujours cette valeur du travail. Il faut reconnaître que ce pays a sa propre façon d’être... ». Dans les cortèges de lundi, certains portaient la couronne et la flamme de la statue de la Liberté, qui a accueilli à New York des générations de migrants, avant que le flot européen ne se tarisse et que le Rio Grande et le désert texan ne deviennent les nouvelles portes d’entrée du pays. Pourtant, les Hispaniques ne sont pas les derniers à croire au mythe fondateur : « Beaucoup d’Américains vivent le rêve américain chaque jour », assure Michelle Waslin, porte-parole du Conseil national de La Raza, le principal collectif hispanique aux États-Unis. Pour Louis Disipio, professeur et spécialiste des questions hispaniques à l’université de Californie, les valeurs dont se revendiquent les Hispaniques restent enracinées dans la société, malgré les divisions internes évidentes, notamment sur le rôle des États-Unis dans le monde. Mais la montée en puissance politique fulgurante de la communauté hispanique permet à ses membres, dont 11 à 12 millions sont aujourd’hui clandestins, d’accéder à un autre niveau du mythe : l’engagement démocratique. « Aujourd’hui, nous marchons. Demain, nous voterons », scandent les manifestants depuis mars. « Cela fait aussi partie du rêve américain que de pouvoir être en désaccord avec certaines des décisions que votre gouvernement prend », explique Mme Waslin.

En réclamant leur part du « rêve américain », les immigrés hispaniques qui manifestent par centaines de milliers depuis mars aux États-Unis semblent redonner une nouvelle fraîcheur au mythe fondateur du pays.

À travers le monde, des manifestants brûlent des drapeaux américains pour dénoncer la politique de l’Administration Bush. À Washington ou Los Angeles, les...