Rechercher
Rechercher

Actualités

ÉDITION - Un beau livre rétrospective de 50 ans de création «Adam Henein», un artiste contemporain qui s’inspire du passé

Adam Henein est égyptien et cela se voit dans ses œuvres. Ses sculptures sont inspirées de l’art pharaonique. Et l’on peut percevoir tout aussi clairement cette ressemblance ou cette similitude dans sa peinture. Le geste est ancestral, mais le regard est résolument moderne. Plus de cinquante années au service de la pierre et du papyrus sont retracées dans un bel ouvrage au titre tout simplement et sobrement éponyme, publié par la fondation al-Mansouria. Adam Henein est considéré comme l’un des plus importants sculpteurs arabes. Né au Caire en 1929, il a vécu et travaillé à Paris entre 1971 et 1996, année où il est rentré définitivement au bercail. C’est à Assouan, ville réputée depuis les temps anciens pour ses carrières de granit, qu’il a établi le Symposium international de sculpture qu’il dirige depuis 1996. Et c’est à Harraniya, près des pyramides, qu’il a établi son atelier, au milieu d’une oasis de verdure. Ayant obtenu la reconnaissance internationale, Adam est devenu prophète dans son pays. Le gouvernement égyptien lui a donné pour mission la restauration du Sphynx de Gizeh. Titulaire du prix du grand Nil de la Biennale du Caire 1988, Henein a reçu le prix d’appréciation de l’État en 1998, la médaille des sciences et des arts et le prix Moubarak en 2004. Le livre Adam Henein est publié par la fondation al-Mansouria pour la culture et la créativité, chez Skira pour l’édition française et anglaise et également par al-Mansouria et Dar al-Chourouq pour l’édition arabe. Al-Mansouria est une fondation internationale non lucrative qui siège à Paris et qui a pour mission de soutenir et diffuser les arts et les lettres de qualité en Arabie saoudite et à travers le monde arabe. Cette fondation s’est employée pendant près de trois ans à inventorier, recenser et fixer par la photographie les sculptures, peintures, dessins et croquis, tout ce qui est conservé par les musées ou les collectionneurs et qui compose, à peu près in extenso, l’œuvre de l’artiste. Des œuvres qui sont visibles au Caire, à Alexandrie, à Munich, Amsterdam, Rome et Paris, qui sont exposées à Venise, à Rabat, à Ljubljiana, à Casablanca et à Ryad… Et à Beyrouth, à la galerie Janine Rubeiz en 1995 et à la Foire d’art contemporain, au Phoenicia, en 1997. Un parcours artistique d’un demi-siècle retracé ici dans cet ouvrage superbement illustré et réalisé. Écoutons d’abord l’artiste définir sa démarche: «Je ne pense pas avoir changé; il y a une continuité évidente dans toute ma production, depuis les années 1950 jusqu’à aujourd’hui. Lorsque je revois mes anciens dessins, j’y découvre une similitude étonnante et perceptible avec ce que je fais aujourd’hui. Le temps artistique a sa propre mesure, et ce que je produis maintenant ressemble beaucoup à ce que je produisais hier.» Ancêtres C’est à l’âge de huit ans que le petit Adam a reçu la révélation de sa vocation de sculpteur. C’était lors d’une mémorable visite au Musée égyptien du Caire. «Lorsque j’ai vu la statue du cheikh al-Balad, se souvient-il, j’ai eu le sentiment de me trouver en face de mon grand-père, j’ai senti confusément quelque chose se modifier en moi (…) comme la présence d’un univers étrange, en face de nous, à le toucher (…) Quoi qu’il en soit, ce moment aura eu sur moi une influence déterminante, et je n’ai pas cessé depuis lors de rechercher, inlassablement, le goût de cette expérience.» Après avoir achevé ses études aux Beaux-Arts, il a longtemps séjourné à Louxor et à Assouan, pour s’imprégner des paysages et de la nature étrange de ces lieux. En 1971, il se rend à Paris pour participer à une exposition collective d’artistes égyptiens. Il y restera 25 ans, écumant les musées, rencontrant des artistes, travaillant avec acharnement. Dans l’étroitesse de son atelier peu propice à la sculpture, il s’est mis à la peinture sur papyrus fabriqué à l’ancienne à l’aide de pigments naturels mêlés à la gomme arabique. La quasi-totalité des photographies publiées dans cette monographie est à ce jour inédite. Il y a là 263 illustrations en quadrichromie et 174 en noir et blanc. Elles ont été prises par Hughes Dubois, photographe belge et auteur de nombreux ouvrages dont le grand livre édité par le Louvre sur la nouvelle section des «Arts premiers»; Philippe Maillard, photographe d’art français travaillant avec les grands musées de France, la Bibliothèque nationale et l’IMA, et Hisham Labib, prix de la troisième rencontre de Bamako. Sans oublier bien entendu Nabil Boutros, célèbre pour ses clichés sur l’Égypte et qui a accompagné Adam Henein dans son évolution artistique. Les photographies sont accompagnées de textes du romancier égyptien Édouard el-Kharrat, de l’écrivain et critique d’art (de l’International Herald Tribune) Michael Gibson et de la critique d’art Fatma Ismail, décédée lors de la préparation du récent ouvrage. Critiques artistiques ou interviews, fruits de rencontres ou verbes admirateurs, les textes racontent un artiste qui, inlassablement, à travers ses sculptures et ses peintures, recherchait dans cette quête des origines, surtout pharaoniques, une continuité qui le place actuellement parmi les grands artistes de la modernité. Reste à signaler qu’à l’occasion de la parution de ce livre, une rétrospective des peintures et sculptures de l’artiste a été organisée au Caire par la fondation al-Mansouria, dans le cadre féerique du palais mamelouk Taz, au quartier al-Khalifa du Caire. Maya GHANDOUR HERT
Adam Henein est égyptien et cela se voit dans ses œuvres. Ses sculptures sont inspirées de l’art pharaonique. Et l’on peut percevoir tout aussi clairement cette ressemblance ou cette similitude dans sa peinture. Le geste est ancestral, mais le regard est résolument moderne. Plus de cinquante années au service de la pierre et du papyrus sont retracées dans un bel ouvrage au titre tout...