Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

La route qui tue Il y a quelques jours, un article paraissait dans L’Orient-Le Jour concernant les accidents de route. En Europe, les chiffres publiés auraient inquiété tous les médias ; tous les responsables s’en seraient saisis pour tenter de trouver des solutions et une cellule de crise aurait vu le jour pour y remédier. Au Liban, que fait-on ? Où sont ceux qui se prétendent « responsables » ? Et puis responsables de quoi, de qui ? Pourquoi vous a-t-on élus « représentants du peuple » ? Votre mission ne consiste-t-elle pas à parler au nom du peuple, à vous pencher sur les problèmes quotidiens de vos concitoyens ? Êtes-vous tellement occupés par le processus du « hiwar » que vous n’avez vraiment pas le temps de penser à autre chose ? Mais peut-être que ces responsables – disent-ils… – n’empruntent pas les mêmes routes que le vulgum pecus, que leur route est protégée, grâce aux vitres teintées, aux gardes du corps. De grâce, laissez-nous vivre, assumez vos responsabilités ou allez-vous en. Il y a tellement de personnes qualifiées qui pourraient vous remplacer et honorer leur promesse ! Fouad A. SALHA Le rêve brisé Je suis une citoyenne libanaise comme tant d’autres. Je suis jeune et j’adore mon Liban. Je rêve depuis ma plus tendre enfance à ce pays si merveilleux et je n’ai jamais pensé aller vivre ailleurs. Je voudrais juste faire parvenir un petit message que peut-être tant d’autres ont fait parvenir : je me sens aujourd’hui triste comme je ne l’ai jamais été, car il y a des personnes qui ont brisé mon rêve et le rêve de tant d’autres personnes. Le rêve d’un pays libre, beau, où nous pouvons vivre, travailler et bâtir notre vie. Au lieu de vous disputer, chers ministres et députés, et au lieu de cette pièce de théâtre que vous appelez « dialogue », soyez un peu réalistes. Regardez ce peuple qui s’appauvrit un peu plus chaque jour, qui souffre, qui ne sait plus ce qu’est un vrai sourire. Octroyez-nous un regard, tendez la main à votre pays. Stella AURORA Pour un référendum Certes, je ne suis qu’un Franco-Libanais de 22 ans habitant en France et ne passant qu’un mois par an au Liban, mais j’ai du mal à comprendre les Libanais qui, après plus de vingt ans d’ingérences de toutes sortes et après avoir vécu des moments très difficiles, acceptent un gouvernement soi-disant « souverain et 100 % libanais » qui se plie lui aussi facilement à des résolutions venues tout droit de l’extérieur, de l’ONU, comprendre les États-Unis, demandant le désarmement de notre Résistance. J’ai vraiment du mal à concevoir que des Libanais fassent pression pour réduire au silence notre seul petit moyen de défense. Pourquoi ne pas organiser un référendum sur cette question d’ici à quelques mois, en espérant que la situation en Irak se calmera d’ici là, car elle peut, malgré tout, influer sur notre pays (on l’a vu après l’arrestation de groupes terroristes). Le Liban a toujours été perméable aux influences, mais a toujours essayé de faire en sorte que cela aide d’une manière ou d’une autre le peuple, sauf pendant la guerre. M. SALEH Problème identitaire Des années durant, le simple fait d’être libanais était source de fierté. On avait beau être pauvre, mal éduqué ou affamé, restait toujours notre identité : oui, on était libanais, modelé par la terre sainte, immortel malgré l’oppression des plus forts et l’injustice, qui nous étouffait de plus en plus, de jour en jour. Quelle ironie ! Pourquoi a-t-il fallu que nous naissions à une époque où le patriotisme libanais n’est plus qu’une carte stratégique derrière laquelle ministres, députés, chefs de parti, présidents et j’en passe se cachent pour alourdir leur porte-monnaie et se faufiler dans les manuels d’histoire ? Qui ose encore demander au jeune chômeur diplômé de ne pas quitter sa terre pour l’étranger ? C’est à croire que le Liban n’est plus. C’est à croire que nous vivons dans une illusion, ou plutôt un mensonge. On nous peint le Liban immortel, le Liban qui, « tel le Phénix, renaît de ses cendres », et parce qu’on est poétique par identité, on se dit que tout n’est pas perdu. Mais on en vient à se demander où elle est, la preuve que tout n’est pas perdu, que notre vie peut continuer alors que nos corps sont sclérosés de trop avoir cru au pays. Qui sait ? Peut-être que demain, nous irons déposer une rose couleur sang sur le cercueil de notre pays bien-aimé, enfants du passé. Jamale J. RIZKALLAH Divisions familiales et autres Ça ne rate jamais. On peut commencer par discuter de maints sujets, le temps qu’il fait, le frérot qui vit aux États-Unis, la viande (ftileh) qui est encore plus tendre que celle du dimanche passé, pour en arriver systématiquement au sujet qui fâche, la politique. La majorité, l’opposition, les loyalistes, les pro, les contre, les clans se forment, se déforment, s’enchevêtrent à s’y perdre. Et les tendances se dessinent aussi au sein de la famille. L’arak aidant, la discussion s’envenime, le ton monte.Tu n’as rien compris, ce sont les autres qui mettent Aoun dans un coin et se demandent après pourquoi il se débat de cette façon. Mais non, c’est Aoun qui a changé depuis son retour de Paris et même avant ; il paraît aussi qu’il a fait un deal avec les Syriens pour pouvoir rentrer. Mais puisque je te dis que Aoun ne fera jamais de deal. Non, c’est toi qui ne comprends rien. C’est juste si on se contrôle pour ne pas faire de la peine à maman, qui essaie en vain d’alléger l’atmosphère : vous avez aimé mon « fattouch » ? Les soirées entre copains suivent aussi le même scénario. On se retrouve autour d’une table pour manger, boire, écouter de la musique, bref passer un bon moment. Mais il y a toujours quelqu’un dans le groupe qui appartient à l’autre clan. Et la tension monte, là aussi. Est-il possible au Liban d’entamer un vrai dialogue, d’écouter l’autre même s’il ne partage pas notre avis, ou bien continuera-t-on à parler pour s’écouter soi-même, pour imposer ses propres idées ? Les Libanais pourront-ils un jour « s’entendre » ? Si entre les membres d’une même famille, d’une même culture, on n’arrive pas à accepter les différends, que dire alors de ceux qui appartiennent à des milieux différents ? « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai à mort » pour que vous ayez le droit de le dire », disait Voltaire. Au Liban, on bat à mort (au sens figuré comme propre du terme) ceux qui ne partagent pas notre avis. Alors à dimanche prochain, ou plutôt au vendredi 28 avril? Mais bon, c’est presque la même chose, hormis l’alcool. Nayla MOUKARBEL Mouvement de gymnastique Après le renouvellement du mandat du président Charles Debbas en 1929 pour une période de trois ans, un écrivain français avait publié à la une de L’Orient d’avril de l’année en cours un article critiquant le climat politique qui sévissait à l’époque en le comparant au mouvement du train qui reliait Beyrouth à Damas, et en voici le résumé : « Une voie ferrée qui ressemble à un mouvement de gymnastique qui débute à Beyrouth à une hauteur de trois mètres au-dessus de la mer, en faisant allusion ici au renouvellement du mandat, pour escalader le col de Baïdar à 1 400 mètres, puis s’incliner docilement vers la Békaa. Et se reposer enfin aux portes de Damas à 850 mètres. Tout ce parcours de 145 km au total coûtait énormément à l’État, vu que le charbon qui alimentait le train était quinze fois plus cher qu’en Europe. Et nos responsables, au lieu d’avoir recours à l’électricité, qui existait déjà à Nahr Ibrahim, et améliorer par contre les recettes de l’État, n’avaient qu’un seul souci, revenir toujours à leurs places et nous, en tant que citoyens, devrons à chaque fois leur souhaiter la bienvenue. » Aujourd’hui, 77 ans se sont écoulés, la mentalité de nos responsables, malheureusement, n’a point changé et nous, en tant que citoyens, regrettons deux choses : le train qui a disparu et le rêve de changement qui ne s’est point réalisé. Antoine SABBAGHA Ôtez-vous de notre soleil ! Où est passée cette pulsion du cœur criée, hurlée, scandée durant plusieurs mois, place des hommes libres ? Où est passée cette sortie des ténèbres vers la lumière de la liberté et de la démocratie ? Où est passé cet ouragan qui a réoxygéné l’esprit, voire l’âme de tout un peuple avide de respect, d’honnêteté, de transparence, de morale, d’éthique, de sécurité, de perspective d’avenir, de tout ce qui constitue une patrie ? Piétinés, écrasés, détruits, volatilisés, disparus… Cette digne pulsion d’espoir de tout un peuple noble, dirigé par des politiciens de basse-cour indignes, a cédé la place au dégoût, dégoût de la politique, dégoût des politiciens, dégoût des magouilles politiciennes, dégoût des finances douteuses, dégoût des accords qui se font et se défont, dégoût, dégoût… C’est la dérive, le bateau coule, pour les marins, c’est le chacun pour soit et Dieu pour les passagers. Ne vous êtes-vous pas assez gavés de victimes, du sang des martyrs, de destruction, de fraudes, de vols, de délits d’initiés en Bourse, de commerce d’armes et de drogue, pas assez gavés des recettes du Casino du Liban, des recettes de l’EDL, des recettes du cellulaire, des recettes de la Sécurité sociale, des recettes des générateurs électriques, des recettes du fuel, des recettes de la farine. Ne vous êtes-vous pas assez gavés de la traite des Blanches et des Asiatiques, des recettes des super-night-clubs, des marchés conclus pour la construction inachevée de nos ponts et chaussées, ne vous êtes vous pas assez gavés du déficit budgétaire, des dettes de l’État ?… Que voulez-vous encore, nous priver du soleil ? De l’oxygène qu’on respire ? Nous priver de nos enfants soit en les tuant, soit en les forçant à l’expatriation ? Ôtez-vous de notre soleil ! Nelly DECONDE NDLR Dans le nombreux courrier que nous recevons quotidiennement, certaines lettres comportent des passages qui seraient difficilement publiables. Pour cette raison, et aussi afin de faire paraître le plus grand nombre possible de lettres, le journal se réserve le droit de n’en reproduire que les parties les plus significatives et d’en rectifier certains termes désobligeants. En outre, chaque missive doit comporter la signature (nom et prénom) de son auteur. Les lecteurs, nous en sommes certains, le comprendront, ce dont nous les remercions par avance.
La route qui tue

Il y a quelques jours, un article paraissait dans L’Orient-Le Jour concernant les accidents de route. En Europe, les chiffres publiés auraient inquiété tous les médias ; tous les responsables s’en seraient saisis pour tenter de trouver des solutions et une cellule de crise aurait vu le jour pour y remédier.
Au Liban, que fait-on ? Où sont ceux qui se...