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SOCIÉTÉ Le mariage en série fait son nid en Afghanistan

Payenda Mohammad, un mécanicien de 29 ans, s’est marié le mois dernier au cours d’une cérémonie discrète dans sa ville du nord de l’Afghanistan, mais le « lien sacré » n’a duré que quatre heures. Et c’est exactement ce qu’il voulait. « Personne ne voulait me donner une de ses filles en mariage parce que je n’avais ni famille, ni argent », raconte Payenda. Depuis lors, Payenda est devenu un mari en série, profitant d’une coutume importée d’Iran, où il était réfugié, pour satisfaire ses désirs. Elle permet de contourner les règles très rigides de la société afghane quand il s’agit de relations entre hommes et femmes. « J’ai commencé à pratiquer le mariage temporaire en Iran et quand je suis revenu à Mazar-i-Sharif (nord de l’Afghanistan), j’ai continué », explique le jeune homme. Il a été marié 20 fois. Connue sous le nom de « fegha », cette coutume est acceptée par les chiites, nombreux dans la région de Mazar, mais elle est totalement rejetée par la majorité sunnite. Avec le retour d’Iran de près de deux millions de réfugiés afghans, le mariage temporaire gagne des adeptes, même si la pratique reste encore peu commune. À l’instar d’un mariage dans la capitale américaine du jeu, Las Vegas, la procédure est simple et contraste avec le complexe cérémonial qui précède un mariage traditionnel afghan. Un couple a seulement besoin de trouver un mollah, devant lequel il fait serment d’être marié pour une période déterminée, quelques heures ou quelques années. Une fois que le « contrat » a expiré, le couple peut renouveler ses vœux ou se séparer. Pour les chiites, cette pratique est bénéfique pour les hommes comme pour les femmes. « Pour l’homme, cela veut dire qu’il n’a pas à se soucier des femmes ou de sexe et pour la femme cela veut dire qu’elle a un mari, qui peut la nourrir et prendre soin d’elle et de ses enfants », explique Sayed Barat Ali Razawi, un mollah chiite de Mazar-i-Sharif. Il en réfère au prophète Mohammad, qui avait donné autorisation à ses soldats de se marier temporairement quand ils étaient loin de leur foyer et aux veuves de trouver un compagnon. Pour les sunnites, c’est mal « Moi je pense que les mariages temporaires n’ont pour seul but que le sexe », s’indigne Azizullah Mofley, un mollah sunnite, qui estime que le prophète a récusé sa propre autorisation. Nader Nadery, un membre de la Commission indépendante des droits de l’homme afghane, relativise l’aspect charnel et souligne qu’il s’agit plutôt de contourner des difficultés. « Ce n’est pas une nouvelle mode pour trouver une parade à un code moral très rigide, cela existe depuis des siècles », souligne-t-il. Dans un mariage traditionnel, c’est la famille du prétendant qui doit payer la dot et la cérémonie, et les sommes se chiffrent souvent en milliers de dollars. « J’ai attendu pendant cinq ans, mais personne n’est venu à la maison me demander en mariage », raconte Nazira, dont le premier mari a été tué par les talibans. « Mon père était si pauvre qu’il n’arrivait même pas à nourrir la famille. Un jour, un homme est venu et a expliqué à mon père qu’il voulait m’épouser pour sept mois, se souvient-elle. Mon père avait entendu parler de la coutume des mariages temporaires et donc il a accepté. » Son mari Mohammad Asef est un commerçant de 38 ans, qui a vécu lui aussi en Iran avec ses deux enfants, après la mort de sa première femme. « Les mariages temporaires ont beaucoup d’avantages pour une veuve », explique-t-elle, alors que son mari sert les clients dans la boutique. « Cela les aide à mieux élever leurs enfants et elles n’ont pas besoin de chercher pour faire l’amour. En plus, on ne paye pas pour une cérémonie de mariage, il suffit d’aller chez le mollah », dit-elle. Shoib NAJAFIZADA (AFP)
Payenda Mohammad, un mécanicien de 29 ans, s’est marié le mois dernier au cours d’une cérémonie discrète dans sa ville du nord de l’Afghanistan, mais le « lien sacré » n’a duré que quatre heures. Et c’est exactement ce qu’il voulait. « Personne ne voulait me donner une de ses filles en mariage parce que je n’avais ni famille, ni argent », raconte Payenda....