C’est la vie On est toutes passées par là
Tu verras, tu t’y feras
Heureusement que lui, il s’est adapté
Tu devrais être fière qu’il ait été admis
Au moins, tu es tranquille côté attentats
L’important, c’est que lui soit heureux
Mais puisqu’il réussit si bien
II faut bien que l’oiseau s’envole un jour
Tu verras, il apprendra à compter sur lui-même
C’est ça qui te forge un homme
Moi, c’est deux qui sont à l’étranger
Au moins, tu as ton mari
Heureusement, tu as ton travail
Son frère, lui, est toujours là
C’est mieux que ne pas avoir d’enfants
C’est mieux que de ne pas être mariée
Regarde en Europe
Aujourd’hui avec le téléphone
Avec Internet et la videocam géniale
Le monde est un village
Paris, c’est à deux pas
Si c’était les États-Unis, d’accord
Du temps de ta grand-mère, je ne dis pas
Et encore et encore, ressassé jusqu’à la nausée, ce bon vieux Gibran avec sa phrase de vieux garçon déraciné de son Bécharré natal et prêt à absorber tous les poncifs de l’Occident, Ah oui! Nos enfants ne seraient pas à nous? Et à qui appartiendraient-ils donc, s’il vous plaît? À la vie, pardi! Ils seraient, paraît-il, les enfants de la vie. La grande nouvelle que voilà! Et si commode! Il est vrai que dite avec la voix de Feyrouz, c’est si beau que cela n’a plus besoin d’être vrai. Car, on le sait, ce n’est pas vrai.
Comment expliquer alors que l’on se réveille encore la nuit s’imaginant qu’une rame de métro a écrasé notre enfant? Qu’il nous arrive d’appeler les amis de Paris pour aller tambouriner à sa porte quand il a le malheur de ne pas répondre assez vite au téléphone? Comment dire le choc qui nous a frappé lorsque, à la question de savoir où il était, il a répondu le plus naturellement du monde: «Mais chez moi!»?
Comment empêcher sa voix de devenir de plus en plus lointaine ? Comment se contenter d’un «mais tout va bien!» vaguement agacé et acquiescer gentiment à l’idée que «Pâques, c’est trop court pour venir au Liban»?
Comment ne pas rêver d’une fossette sur une joue brune? De la complicité insouciante des jours tranquilles que nulle échéance ne venait interrompre? Comment ne pas avoir bêtement les larmes aux yeux à la vue de l’autocar qui l’a ramené tous les jours à la maison?
On se souvient soudain avec une certaine tendresse de sa pauvre grand-mère. On se moquait un peu d’elle, à l’époque, car ayant un fils unique adoré qui avait émigré, elle avait depuis pris un semi-deuil et refusait toutes les invitations, mariages et autres festivités, se contentant austèrement des enterrements de son village.
Bien sûr, on est une maman moderne, tout à fait moderne...
C’est seulement qu’on n’a plus à la bouche, on ne sait pourquoi, que «les mots des pauvres gens», «ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid…»
Nada NASSAR-CHAOUL
C’est la vie On est toutes passées par là
Tu verras, tu t’y feras
Heureusement que lui, il s’est adapté
Tu devrais être fière qu’il ait été admis
Au moins, tu es tranquille côté attentats
L’important, c’est que lui soit heureux
Mais puisqu’il réussit si bien
II faut bien que l’oiseau s’envole un jour
Tu verras, il apprendra à compter sur lui-même
C’est...
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