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CONCERT - L’Orchestre symphonique national libanais accueille deux brillants solistes à l’église Saint-Joseph (USJ) Fastueuse soirée polonaise avec Chopin, le plus illustre des Polonais

Comme d’habitude, une foule nombreuse, très nombreuse, avec un quota élevé de la colonie polonaise installée au Liban à l’église Saint-Joseph (USJ) illuminée et servant d’écrin, sous les auspices de l’ambassade de Pologne au Liban, à l’Orchestre symphonique national libanais placé sous la direction de Wojcieh Czepiel. Fastueuse soirée exclusivement consacrée à la musique polonaise avec un maestro polonais, des solistes polonais et des compositeurs polonais… Varsovie au cœur de Beyrouth pour une musique magnifique, au souffle chaud et ravageur, révélant deux musiciens contemporains peu connus du public libanais, Marek Stachowski et Witold Lutoslawski, et, plaisir de tous les mélomanes groupés sous les voûtes de l’église, des pages du plus illustre des Polonais, Frédéric Chopin. Avant d’entamer la soirée, place à l’amitié libano-polonaise avec la remise d’une médaille d’honneur au musicologue Jerzy Stankevitch (président de l’Union des compositeurs polonais en Cracovie), présent dans la salle, par le Dr Walid Gholmieh, président du Conservatoire national supérieur dont les œuvres symphoniques interprétées en Cracovie ont grande audience et retentissement. Et puis le vent de la Pologne profonde a soufflé avec Le Livre de la nuit n°3 de Marek Stachowski. Brillante narration de musique contemporaine qui s’ouvre sur un sourd roulement de tambour suivi des frémissements de la grande caisse pour se perdre dans l’agitation des cordes des violons… Mélancolie, tristesse, gravité, stridences se relaient à travers trémolos des archets, pizzicati et force rugissante des cuivres lâchés par moments à brides abattues. Sifflement et sentiments du tragique ne sont pas loin de cet exubérant lyrisme moderne où se profilent parfois de déchirantes nostalgies mahlériennes. Du fond d’un désordre incroyable comme un tintamarre maîtrisé avec dextérité émerge, sans crier gare, la douceur d’un hautbois qui a la tendresse d’une aube du bout du monde… Savamment architecturé et dosé dans un grand raffinement d’harmonies riches, ce velouteux et capiteux Livre de la nuit a une singulière et attachante lumière. Deux jeunes virtuoses Dans le même registre d’œuvre contemporaine, le Concerto pour violoncelle et orchestre (dédié à Mstislav Rostropovitch) de l’un des plus éminents représentants de la musique polonaise contemporaine, Witold Lutoslawski. En soliste, le très jeune (24 ans) et brillant Jan Kalinowski. Premières longues, très longues mesures de l’archet, en solitaire, sur un ton vaguement monocorde, inquiétant et persistant. Lamento comme une souffrance insupportable ou une angoisse ingérable. Et puis, brusquement, contre toute attente, réponse bruyante, presque joyeuse ou naïvement coléreuse et intempestive des trompettes… Dialogue vif et enflammé entre les instruments pour ce concerto en quatre mouvements, constamment en effervescence, comme pris entre les mailles d’un duel tendrement bouillonnant. Œuvre d’une passion folle et débordante, où le soliste mène le bal des notes refusant tout embrigadement. Un grand moment, au langage certes personnel, empreint d’un certain pointillisme, mais marqué aussi par la somptueuse beauté sonore d’un Béla Bartok et une lointaine parenté culturelle avec Stravinski. Grande rigueur pour une expression orchestrale originale avec un sens remarquable de la poésie que le violoncelle, dans son absolue nudité, et les stridulations de l’orchestre traduisent admirablement. Sans entracte et tout d’un trait, voilà le piano qui trône au-devant de la scène pour l’une des œuvres du pèlerin polonais où le clavier a toutes les éloquences du monde. Concerto en fa mineur n° 1 de Frédéric Chopin, opus exaltant avec un romantisme échevelé du génie pianistique de tous les temps. Pour le servir, ici, le jeune pianiste (25 ans). Trois mouvements (allegro maestoso, larghetto et vivace) pour traduire tout le remue-ménage intérieur, les troublantes intermittences du cœur, la poésie à la fois ardente et diaphane du prince du clavier. Jamais le piano n’a atteint des cimes de lyrisme aussi évocateur et d’un raffinement absolu. Chromatismes légers comme le souffle d’un zéphyr ou grappes de notes incandescentes, la musique de Chopin est ici soit un rêve opalescent, soit lave de volcan. Premières mesures d’un orchestre qui dévoile le caressant et tourmenté monde sonore du père des Mazurkas, et puis arrive ce premier accord, comme un choc qui vous soulève de votre siège, magistralement plaqué par un soliste inspiré et à la technique pianistique impeccable. Dès lors, une pluie diluvienne de notes sur les touches d’ivoire pour un voyage fabuleux à travers les ténébreuses et profondes forêts de Zelazowa où naquit le plus virtuose du clavier. Prestation au-dessus de tout éloge pour une œuvre brillantissime où le clavier, volubile, chantant et bondissant, a tous les atouts en main et sous les doigts... Un moment saisissant, qui a comblé l’auditoire. Bravo les artistes et merci. Edgar DAVIDIAN
Comme d’habitude, une foule nombreuse, très nombreuse, avec un quota élevé de la colonie polonaise installée au Liban à l’église Saint-Joseph (USJ) illuminée et servant d’écrin, sous les auspices de l’ambassade de Pologne au Liban, à l’Orchestre symphonique national libanais placé sous la direction de Wojcieh Czepiel. Fastueuse soirée exclusivement consacrée à la musique...