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INITIATIVE Un nouveau musée à Paris pour dialoguer avec les civilisations

Un tout nouveau musée à Paris offrira dès fin juin au public un formidable trésor d’œuvres traditionnelles non européennes, avec le souci de ne pas les «exhiber» en ces temps de dialogue difficile entre civilisations. Premier établissement de cette taille à voir le jour à Paris depuis le célèbre Centre Pompidou et ses gros tubes multicolores en 1977, le musée du Quai Branly sera inauguré le 20 juin par le président Jacques Chirac, à l’origine de sa création il y a onze ans. Épousant dans ses formes incurvées les contours de la Seine, serti dans un jardin d’1,8 hectare et protégé de la ville par un rideau d’arbres, ce musée situé à quelques pas de la tour Eiffel se veut «un lieu d’accueil avant d’être un lieu d’exhibition», a expliqué son concepteur, l’architecte Jean Nouvel. «Je ne voulais pas que ces objets soient exhibés de façon trop provocante ou déconnectés de leurs origines», a poursuivi M. Nouvel. 290000 œuvres et objets d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, issus notamment du Musée de l’homme et du Musée des arts d’Afrique et d’Océanie, constitueront un gigantesque fonds portant témoignage de l’universalité du génie humain. De ce trésor, 3500 pièces seront proposées en permanence au regard des visiteurs, le long d’un plateau de près de 4800 m2 et dans la pénombre indispensable à la conservation des œuvres. Comme le président Chirac l’avait souhaité en 1995, il s’agira de restituer à ces arts qu’il ne faut appeler ni primitifs, ni premiers – «ce n’est pas un vocabulaire qui se situe du côté des artistes qui ont produit ces œuvres», a estimé le président du musée, Stéphane Martin – toute la place qui leur revient. Tout le «respect», aussi, selon l’expression de Germain Viatte, conseiller pour la muséologie. Révolue l’époque où les objets dits «exotiques » étaient exposés dans les cabinets de curiosité, célébrés pour leur seule valeur esthétique ou objet d’un regard occidental froid et savant. Ainsi une suite de caissons encastrés sur la façade nord du musée – «près d’un déjà fameux mur végétal de 800 m2» – constitueront autant de niches un peu à l’écart du flot des visiteurs, pour «sanctuariser des collections sensibles sur le plan du sacré», dont des fragments de crânes ou de squelettes, a expliqué M. Viatte. Le musée du Quai Branly veut également mettre au premier plan le dialogue, la recherche, l’enseignement, ainsi que la modernité des cultures évoquées par un riche programme de musique, danse et théâtre dans un amphithéâtre modulable de 520 places. Au programme, à partir de septembre, le Mahabharata, immense fresque épique indienne interprétée par une compagnie théâtrale japonaise, le Ku na’ Uka Theater, les joutes poétiques des « repentisses » cubains et le chamanisme des peuplades sibériennes. Le musée du Quai Branly, d’un coût de 235,2 millions d’euros et qui emploiera 200 personnes, a l’ambition d’aller au-delà de la mise en valeur d’un patrimoine ou de la recherche scientifique. «C’est d’abord un objet social et politique dont se dote la France, avec ses troubles et ses perturbations, pour accéder à une relation avec la problématique du monde non européen» et favoriser le dialogue entre les cultures, a déclaré M. Martin à la presse. L’idée du musée, perçue par ses détracteurs comme «un luxe» lors de sa conception, s’avère «une nécessité après ce qui s’est passé lors de la décennie écoulée», a estimé M. Martin, dans une référence apparente aux conflits du Moyen-Orient, de l’Irak et aux attentats du 11 septembre. Boris BACHORZ (AFP)
Un tout nouveau musée à Paris offrira dès fin juin au public un formidable trésor d’œuvres traditionnelles non européennes, avec le souci de ne pas les «exhiber» en ces temps de dialogue difficile entre civilisations.
Premier établissement de cette taille à voir le jour à Paris depuis le célèbre Centre Pompidou et ses gros tubes multicolores en 1977, le musée du Quai Branly sera...