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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITIONS - À la galerie Rubeiz, jusqu’au 26 avril Hanibal Srouji, ou la soutenable légèreté de l’être

De la légèreté et de la liberté pour ces œuvres qui s’affichent sans s’incruster sur les cimaises de la galerie Rubeiz, jusqu’au 26 avril. Un travail en évolution, signé Hanibal Srouji, prêt à sauter dans la première valise pour faire le tour du monde. «Touches » est une série d’œuvres qui voyage. Partie de l’Orient pour atteindre l’Occident, elle s’enrichit en cours de route du regard des autres. Hymne à la joie ou chant de liberté, elle évoque non seulement cette coutume orientale de mettre les oiseaux en cage et de les lâcher lors d’événements festifs, mais symbolise également la condition humaine. L’artiste se dit déraciné, nomade. Il a levé l’ancre de son pays, le Liban, depuis l’âge de dix-huit ans et n’a plus rejoint le port. D’où cet esprit libre et dépouillé qui jaillit à travers ces carrés, multipliés à l’infini, en formes et en couleurs. Spatialité et intemporalité Au début était le fragment ! De longues bandes de toiles colorées, trouées, brûlées qui, à l’image de l’alphabet japonais, invitent à une lecture verticale de l’œuvre. Réversibles, pliables, celles-ci peuvent s’aligner côte à côte ou épouser les murs d’une galerie à Tokyo…C’est selon. En se côtoyant ainsi, elles permettraient une autre vision, horizontale, cette fois. Japon, Suisse, New York, Nîmes…Et toujours une halte à Beyrouth comme pour se ressourcer. Les œuvres de Srouji circulent sur les murs, les revêtent ou flottent librement sans châssis. Elles tracent une continuité dans le temps et dans l’espace. « L’œuvre n’est pas fragment, elle est jeune. Sa présence temporelle est encore inachevée, souligne l’artiste. Comme un miroir, elle assure l’échange entre les deux parties. » Elle ne pourra arriver à maturité qu’en s’abreuvant au passage. Aujourd’hui, ce même fragment devient carré, «modulable, interchangeable, avec lequel je peux jouer », dira l’artiste, qui se définit comme très joueur. Les deux séries en grands ou moyens formats en sont la preuve. Dans les Marques de violence (94-95) ou Touches (2005-2006), les toiles autonomes se complètent et se démultiplient en formes de diptyques, triptyques et plus. La toile est aussi couleur La fugacité du temps, sa fragilité, l’indifférence plus violente que la violence elle-même ; autant de thèmes graves traités sous forme d’allégories où l’artiste y dépose ses touches, semblables à des empreintes de vie. Ainsi, la toile devient à la fois surface et couleur : « Je m’infiltre subtilement dans le support et m’amuse à appliquer mes propres marques. » Au chalumeau, au fusain, avec la rouille, le vin ou le café ; en brûlant, perçant ou éclaboussant l’aplat, l’artiste concocte toutes sortes de matières capables de générer leur propre langage. « L’art est semblable à la cuisine, affirme l’artiste. On met plus de plaisir à préparer le plat qu’à le présenter. Une fois à table, les dégustateurs le savourent à leur guise. Peu importe s’ils le salent ou l’épicent, la toile leur appartient autant qu’à moi, puisque je les invite personnellement à la partager avec moi. » Dans cette approche qui se détache de l’œuvre aussitôt affichée, Hanibal Srouji revendique l’autonomie de l’œuvre. Immatérielle, cette dernière est flottante et n’appartient plus qu’au regard. Elle flotte entre deux rivages, celui de l’Orient, que l’artiste a quitté un jour, et l’Occident, qu’il est parti rejoindre. Elle balance également entre deux univers, celui des sciences pures, qu’il avait choisi comme études, et celui de l’art, adopté comme seconde patrie : « Je retrouvais dans les arts plastiques une zone intermédiaire unique, touchant à toutes les autres disciplines qui m’étaient chères », avoue Srouji. Éthérées et tout en transparence, comme ces pétales et ces cumulus qui marquent à leur tour la toile rugueuse ou lisse, les œuvres de Hanibal Srouji figent l’instant mais multiplient les regards à l’infini. Comme un souffle qui colore l’espace. Colette KHALAF
De la légèreté et de la liberté pour ces œuvres qui s’affichent sans s’incruster sur les cimaises de la galerie Rubeiz, jusqu’au 26 avril. Un travail en évolution, signé Hanibal Srouji, prêt à sauter dans la première valise pour faire le tour du monde.
«Touches » est une série d’œuvres qui voyage. Partie de l’Orient pour atteindre l’Occident, elle s’enrichit en cours...