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La candidature contestée de Jaafari plonge les chiites dans la tourmente

Le Premier ministre irakien sortant Ibrahim Jaafari, candidat désigné à sa propre succession, a perdu le soutien unanime des membres de sa coalition chiite, ce qui complique la naissance d’un gouvernement déjà dans les limbes depuis plus de trois mois. M. Jaafari, chef du parti Daawa, a été choisi en février avec une seule voix de différence pour être candidat à ce poste au détriment du vice-président Adel Abdel Mehdi de la principale formation de la coalition, le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII). Le parti Daawa, le CSRII et les autres composantes de la coalition (128 députés au Parlement de 275 sièges), notamment le parti Fadhila et le courant radical de Moqtada Sadr, ont accepté cette désignation, tout comme les indépendants. Mais certains des 26 indépendants ont brisé ce consensus, en appelant publiquement à un désistement de M. Jaafari, voyant dans le rejet de sa candidature par les blocs sunnite et kurde la principale raison qui retarde la formation d’un gouvernement d’union nationale. Les sunnites reprochent à M. Jaafari sa gestion du dossier sécuritaire en affirmant que les forces de sécurité sont dominées par les chiites et noyautées par les milices, alors que les Kurdes l’accusent d’accaparer le pouvoir. La contestation interne place la coalition chiite, appelée Alliance unifiée irakienne, devant un choix difficile : maintenir la candidature de M. Jaafari au risque de prolonger la crise ou s’entendre sur un autre nom, une démarche à hauts risques. « Les contacts auprès des autres blocs pour se rallier à la candidature de M. Jaafari n’ont pas abouti. La balle est désormais dans notre camp et nous devons trancher », a déclaré à l’AFP un parlementaire du parti Fadhila, Mohammad Ismaïl Khazaali, dont la formation a 15 députés. Plus sévère, le député kurde Mahmoud Osmane trouve que « l’alliance chiite fera fausse route en maintenant la candidature de M. Jaafari parce que cette attitude met des bâtons dans les roues du processus politique ». M. Jaafari peut toujours compter sur le soutien de son parti et de personnes appartenant à une scission de celui-ci, qui totalisent 25 élus, ainsi que du courant Sadr, qui a 30 députés. Hier, l’entourage du Premier ministre a d’ailleurs exclu avec force l’idée d’un abandon de la candidature de Jaafari alors qu’une manifestation de soutien, organisée à l’initiative de son parti Daawa et du courant Sadr, avait eu lieu à Sadr City, le grand quartier chiite du nord de Bagdad. Les manifestants, quelque 300 personnes, ont crié des slogans favorables à M. Jaafari et dénoncé les « ingérences américaines » dans les affaires irakiennes. Un autre choix s’offre aux groupes politiques irakiens : confier au Parlement le soin de désigner un Premier ministre, une solution de plus en plus envisagée devant la lenteur des négociations sur le gouvernement qui traînent depuis plus de trois mois. C’est ce que défend M. Khazaali, qui déclare : « Nous, au sein du parti Fadhila, nous poussons vers une solution à ce problème au Parlement qui doit trancher la question publiquement et en toute transparence. ». Hier, le président Jalal Talabani a également envisagé cette solution au cas, a-t-il dit à la presse, où aucune solution ne serait trouvée à la question dans les deux prochaines semaines. Mais les partisans de M. Jaafari insistent sur un respect du texte de la Constitution qui indique qu’il revient au bloc le plus important du Parlement de désigner un candidat au poste de Premier ministre. Selon le texte fondamental, le Parlement doit valider cette nomination à la majorité simple des voix.
Le Premier ministre irakien sortant Ibrahim Jaafari, candidat désigné à sa propre succession, a perdu le soutien unanime des membres de sa coalition chiite, ce qui complique la naissance d’un gouvernement déjà dans les limbes depuis plus de trois mois.
M. Jaafari, chef du parti Daawa, a été choisi en février avec une seule voix de différence pour être candidat à ce poste...