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Aide au développement Des ONG dénoncent les chiffres « gonflés » de certains États de l’UE

La majorité des États membres de l’UE « gonflent artificiellement » leur aide au développement en comptabilisant l’annulation des dettes des pays pauvres ou l’accueil en Europe de leurs réfugiés, ont dénoncé hier des ONG européennes. « La majorité des États membres gonflent artificiellement leur niveau d’aide publique au développement (APD) », a accusé, dans un rapport publié hier à Bruxelles, une coalition de centaines d’ONG spécialisées dans le développement. « Selon nos calculs, 12,5 milliards d’euros de l’aide officielle de l’UE en 2005, soit presque un tiers, ne correspondent pas à des ressources nouvelles pour les pays en développement », mais « à l’annulation de la dette, l’accueil des réfugiés en Europe et la formation d’étudiants étrangers dans les universités européennes », assure le rapport. Le chiffre officiel de l’APD de l’UE pour 2005 n’est pas encore disponible. Il doit en effet être publié aujourd’hui par l’OCDE à Paris. Mais pour effectuer ses comparaisons, le rapport des ONG se base sur des projections publiées début mars par la Commission européenne, qui estimait l’APD 2005 de l’UE (États membres plus Commission européenne) à 41 milliards d’euros. En 2004, l’UE, plus important donateur au monde, avait versé quelque 43 milliards de dollars (36 milliards d’euros) d’APD. Les ONG dénoncent en particulier le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Italie qui déclarent 8,47 milliards d’euros d’annulation de la dette de l’Irak et du Nigeria comme aide publique au titre de 2005. L’Autriche, qui assume la présidence tournante de l’UE, est également accusée d’avoir « probablement gonflé ses chiffres de l’aide de 50 % en 2005 ». « La réduction de la dette, c’est de l’aide très appréciée par les pays bénéficiaires, qui en sont demandeurs », a commenté Amadeu Altafaj, porte-parole du commissaire européen au Développement Louis Michel. « Prétendre que c’est un stratagème est aussi, d’une certaine façon, trompeur », a-t-il affirmé. « L’annulation de dettes doit venir en plus de l’aide publique au développement », a répondu Hetty Kovach, du Réseau européen sur la dette et le développement (Eurodad), rappelant l’UE à ses engagements. « En 2002, lors du sommet de l’ONU à Monterrey (Mexique, NDLR), les États membres de l’UE s’étaient engagés à ce que les remises de dette soient exclues du décompte de l’APD », a-t-elle insisté. Aujourd’hui, ces annulations viennent s’y ajouter, même si elles apparaissent dans la ventilation de l’aide par secteur. L’Atlas des donateurs, publié en mars par la Commission européenne, indique ainsi qu’en 2004, l’annulation de dette était une part non négligeable des contributions des plus gros donateurs européens : 30 % des 8,5 milliards français, 14 % des 7,9 milliards britanniques ou 13 % des 7,5 milliards allemands. Les ONG spécialisées dans le développement accusent d’autre part certains États membres d’inclure chaque année dans leur aide le coût d’accueil des réfugiés pendant leur première année en Europe (840 millions d’euros pour 2005) ainsi que la formation des étudiants étrangers chez eux (un peu moins d’un milliard pour 2005). Les ONG européennes réclament donc « une vraie augmentation » de l’aide pour que l’UE atteigne ses objectifs « dans la transparence » et sans « chiffres déformés ». L’an dernier, les 25 se sont engagés à augmenter leur aide publique annuelle au développement de 20 milliards d’euros d’ici à 2010, pour atteindre 0,56 % du PIB à cette date. Cette étape permettrait d’atteindre en 2015 l’objectif fixé par les Nations unies de 0,7 % du PIB.

La majorité des États membres de l’UE « gonflent artificiellement » leur aide au développement en comptabilisant l’annulation des dettes des pays pauvres ou l’accueil en Europe de leurs réfugiés, ont dénoncé hier des ONG européennes.
« La majorité des États membres gonflent artificiellement leur niveau d’aide publique au développement (APD) », a accusé, dans un rapport...