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Un ex-candidat à la présidentielle incarcéré et menacé de poursuites L’opposition bélarusse espère avoir ouvert une brèche dans le régime

Après une semaine de manifestations, l’opposition bélarusse espère avoir ouvert une première brèche dans le régime autoritaire du président Alexandre Loukachenko, mais reconnaît qu’elle est encore loin de disposer des moyens de le mettre en danger. «Nous avons lancé le premier assaut contre la forteresse de ce régime », a assuré le leader de l’opposition, Alexandre Milinkevitch, qui a réussi à mobiliser plusieurs milliers de manifestants chaque jour depuis la réélection controversée de M. Loukachenko le 19 mars, malgré le climat de répression ambiant. « Merci pour l’espoir », titrait cette semaine l’hebdomadaire Belarus i Rynok, une des deux dernières publications indépendantes à être encore distribuées. « Le mythe du Bélarus où une révolution de “couleur” est impossible a été défait », allait même jusqu’à affirmer le journal, prenant à rebours tous les commentaires sur l’échec de la révolution pacifique espérée dans ce pays après la Révolution orange de 2004 dans l’Ukraine voisine. « Le pouvoir est tombé dans le piège qu’il avait lui-même tendu. En nettoyant totalement l’espace médiatique et politique du Bélarus, en tentant à tout prix de discréditer l’opposition, il a de fait créé les conditions de l’émergence d’une nouvelle force politique », assure Belarus i Rynok. L’élection présidentielle a été marquée par de nouvelles fermetures ou saisies de journaux et par des centaines d’arrestations de partisans de l’opposition, notamment de membres de l’équipe de M. Milinkevitch, un ancien professeur d’université tempéré et europhile. Les autorités, sans craindre l’outrance, ont également eu recours à une violente campagne télévisée dénonçant la préparation d’un « coup d’État » par l’opposition. « Malgré tout cela, l’opposition a utilisé au maximum les moyens mis à sa disposition dans le cadre de la campagne électorale », souligne le politologue indépendant Valeri Karbalevitch, de l’institut Stratégie. Après une ultime manifestation samedi, M. Milinkevitch a annoncé vouloir poursuivre sa tournée dans les régions et développer des moyens d’information alternatifs, télévision par satellite ou Internet, sans préciser avec quel argent, alors que l’absence de moyens de l’opposition était criant pendant la campagne. Son dernier système de sonorisation, rudimentaire (un porte-voix et des enceintes), a d’ailleurs été saisi samedi. « Ce n’est que sur le long terme, en travaillant auprès des gens, que l’opposition peut parvenir à quelque chose », relève pour sa part Alexandre Sasnov, analyste à l’Institut indépendant d’études politiques et socio-économiques. « L’opposition a fait un sans-faute. Elle ne pouvait pas faire mieux dans les conditions où elle agissait », souligne de son côté un diplomate européen en poste à Minsk. Ce dernier reconnaît toutefois que le concert d’indignations de la communauté internationale, de Washington à Bruxelles, face à la vague d’arrestations et au climat d’intimidation qui ont accompagné l’élection n’avait pas de prise sur le régime d’Alexandre Loukachenko. Le dernier arrêté samedi étant Alexandre Kozouline, leader du petit parti social-démocrate Gramada qui s’était porté in extremis candidat à la présidentielle. Sa femme a assuré qu’une enquête pour « hooliganisme », un crime passible de six ans de prison, avait été ouverte contre son mari, âgé de 50 ans, qui s’est distingué lors de la campagne par ses attaques virulentes contre le président Loukachenko. Cette première arrestation d’un leader de l’opposition après les manifestations fait craindre la concrétisation des menaces des autorités à l’encontre des leaders de l’opposition.

Après une semaine de manifestations, l’opposition bélarusse espère avoir ouvert une première brèche dans le régime autoritaire du président Alexandre Loukachenko, mais reconnaît qu’elle est encore loin de disposer des moyens de le mettre en danger.

«Nous avons lancé le premier assaut contre la forteresse de ce régime », a assuré le leader de l’opposition, Alexandre...