Il faut davantage aider les Irakiens, insistent les ministres des Affaires étrangères Le sommet arabe refusera tout tracé « unilatéral » israélien de frontières

Le sommet arabe, qui s’ouvre demain à Khartoum, annoncera son refus de « tout tracé unilatéral de frontières par Israël », selon un projet de résolution adopté par les ministres arabes des Affaires étrangères réunis hier dans la capitale soudanaise. Ce texte, qui sera soumis à l’approbation des chefs d’État arabes qui se réunissent mardi et mercredi à Khartoum, estime que le tracé de frontières « satisfait les visées expansionnistes israéliennes et rend impossible l’édification d’un État palestinien indépendant et souverain ». « La paix juste, globale et durable ne peut être instaurée que par un retrait israélien total des territoires arabes occupés et l’édification d’un État palestinien indépendant et souverain en Cisjordanie et à Gaza avec Jérusalem-Est pour capitale, et le retour des réfugiés palestiniens », indique le texte. Mais le projet de résolution souligne que « l’instauration de cette paix exige des négociations directes entre les protagonistes sur la base de l’initiative de paix arabe et de la “feuille de route” ». La « feuille de route », parrainée par un quartette international (États-Unis, Union européenne, ONU, Russie), prévoit une solution négociée au conflit israélo-palestinien. L’initiative arabe de paix, adoptée lors du sommet de Beyrouth en 2002, exige un retrait israélien des territoires arabes occupés, y compris de Jérusalem-Est et du Golan syrien, annexés par Israël, et prône une paix israélo-arabe globale. La question irakienne est également au menu du sommet. À ce sujet, les chefs de diplomatie arabes ont clairement affiché leur volonté d’aider davantage les Irakiens. Le projet de résolution stipule « la nécessité d’accélérer la formation d’un gouvernement d’union nationale qui contribuera à l’instauration de la sécurité et de la stabilité, qui préserve l’unité de l’Irak et qui hâte le retrait des forces étrangères ». Ce projet demandera également aux dirigeants arabes d’appuyer la tenue, en juin à Bagdad, « du congrès de l’entente nationale irakienne ». Le sommet devrait en outre entériner « l’ouverture immédiate de la représentation de la Ligue arabe à Bagdad ». Alors que le président de la Ligue, Amr Moussa, mettait en garde « contre toute marginalisation du rôle arabe » dans l’avenir de l’Irak, un diplomate arabe ayant requis l’anonymat indiquait que les Arabes souhaitent que les sunnites d’Irak aient une meilleure place dans la gestion des affaires politiques et que l’« ingérence iranienne », qui se fait surtout en faveur des chiites d’Irak, soit moindre. Darfour Enfin, les chefs de diplomatie arabes devraient adopter un projet de résolution apportant un soutien tiède au Soudan sur le Darfour. S’ils ne devaient pas aller jusqu’au rejet du déploiement d’une force internationale dans cette région, ils devraient néanmoins déclarer que « l’envoi de toute force autre que celle de l’Union africaine au Darfour nécessite un accord préalable du gouvernement soudanais ». Anticipant le sommet de Khartoum, les États-Unis avaient réussi à faire adopter vendredi par le Conseil de sécurité des Nations unies une résolution appelant à l’accélération des préparatifs pour le déploiement d’une force internationale dans cette région ouest du Soudan, en proie depuis trois ans à une guerre civile qui a fait jusqu’à 300 000 morts et 2,4 millions de déplacés. Le Soudan, pays hôte du sommet, qui souhaitait obtenir un large soutien des dirigeants arabes à son refus du déploiement d’une force de l’ONU au Darfour, a été pris de court par cette résolution.