L’armée israélienne cessera sa coordination locale avec l’Autorité après l’investiture du Hamas Olmert invoque Sharon à la clôture de la campagne pour les législatives

Le Premier ministre israélien par intérim Ehud Olmert a invoqué Ariel Sharon lors de la dernière réunion de son cabinet hier avant les élections de demain pour lesquelles des mesures de sécurité draconiennes ont été prises. «Il ne fait pas de doute que l’esprit d’Ariel Sharon et ses idées resteront les fondements de la vie politique des prochaines années en Israël », a déclaré M. Olmert dans un hommage vibrant à celui qui est toujours en titre chef du gouvernement. Ariel Sharon, terrassé par une attaque cérébrale, est toujours dans un profond coma depuis le 5 janvier sans que les médecins ne puissent envisager son réveil. M. Olmert, 60 ans, qui lui a succédé à la tête du gouvernement et du parti centriste Kadima, a également remis en avant son plan de séparation unilatéral dans une ultime intervention, à deux jours du scrutin. Israël dessinera ses frontières après consultations internes et avec les États-Unis sans tenir compte de l’avis des Palestiniens, a déclaré M. Olmert dont le parti est donné favori dans les sondages au dernier jour de la campagne. « J’ai de bonnes raisons de penser que les États-Unis et d’autres pays seront compréhensifs », a-t-il estimé en allusion aux déclarations des plus hauts responsables américains laissant entendre que les blocs de colonisation en Cisjordanie étaient un fait accompli irréversible. Le président américain George W. Bush avait notamment réaffirmé en avril 2005 qu’il était « irréaliste » d’envisager un retour aux frontières de 1949 pour l’État d’Israël, ce qui entraînerait une évacuation de toutes les colonies de Cisjordanie. En cas de victoire, M. Olmert s’est déjà engagé à faire en sorte que, « dans les quatre ans, les frontières permanentes d’Israël lui permettent de se séparer de la majorité de la population palestinienne et de préserver une importante et stable majorité juive ». Il considère qu’elles devront inclure en Cisjordanie les colonies du Goush Etzion, le pourtour de Jérusalem, les colonies d’Ariel et de Maalé Adoumim, ainsi qu’une « zone de sécurité » dans la vallée du Jourdain et autour de Jérusalem-Est annexée. Un porte-parole de la coordination des activités israéliennes en Cisjordanie, Shlomo Dror, a, par ailleurs, annoncé hier que l’armée israélienne cessera toute coordination avec les représentants locaux de l’Autorité palestinienne dès que le gouvernement dirigé par le mouvement radical Hamas prêtera serment mercredi. « Nous trouverons des moyens de coordination avec les Palestiniens à travers des organisations internationales et des responsables du Fateh », le parti du dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a-t-il ajouté. Le bureau de coordination est un organe militaire en charge de la coopération avec les Palestiniens au niveau municipal. Plus tôt, M. Abbas avait, de son côté, appelé, à l’issue d’une rencontre avec le président égyptien Hosni Moubarak, le futur gouvernement israélien à coopérer avec les Palestiniens. Sur le terrain, la police a commencé hier un déploiement exceptionnel de forces en prévision du scrutin du 28 mars, de crainte d’attentats. Selon des sources sécuritaires, la police et l’armée ont reçu seize alertes concernant de possibles attentats en préparation. Au total, 22 000 policiers, auxquels se joindront des volontaires de la garde civile, seront déployés mardi jour du scrutin, autour des quelque 10 000 bureaux de vote, la police étant placée en état d’alerte maximale. Le bouclage strict des territoires palestiniens, en vigueur depuis la fête juive de Pourim le 11 mars, a également été prolongé jusqu’à fin mars.