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Actualités - CHRONOLOGIE

Les Palestiniens préfèrent l’occupation à la séparation version Olmert

Les Palestiniens d’Abou Dis, une localité à l’est de Jérusalem coupée par le mur érigé par Israël, déclarent préférer l’occupation à la séparation unilatérale qui suscite l’engouement des candidats aux élections israéliennes de mardi. « Je préfère de loin l’occupation car au moins nous pouvions circuler et gagner notre vie. La séparation, appliquée par Israël, c’est notre ruine », affirme Hassan Ekermawi, 49 ans, dont le commerce d’alimentation jouxte la courtine grise de neuf mètres de hauteur. Son magasin se trouve à la jonction de la route qui menait de Jérusalem à Jéricho et celle qui reliait le nord et le sud des territoires palestiniens. Auparavant, les boutiques se vendaient à prix d’or car le commerce était florissant, mais depuis l’érection du mur les échoppes sont vides. L’obstacle en béton a réduit cette artère en impasse. « Cela coupe les familles, les écoles, les hôpitaux, la vie (...). Les Israéliens nous ont placés dans un ghetto. Pour rendre visite à ma sœur, qui habite de l’autre côté de l’enceinte, il me faut au moins une heure et demie. D’ailleurs, je n’ai pas été la voir depuis trois ans », ajoute-t-il. Tous les Palestiniens sont persuadés qu’Israël a l’intention d’imposer le tracé du mur qui doit s’étendre sur 670 km comme les « frontières définitives » qu’appelle de ses vœux le favori des élections, le Premier ministre par intérim Ehud Olmert. « Ce n’est pas une séparation entre juifs et Palestiniens, c’est une séparation entre Palestiniens et Palestiniens. S’ils ne veulent plus nous voir qu’ils placent la barrière sur la route “numéro un” » marquant avant la guerre de 1967 la ligne d’armistice entre la Jérusalem israélienne et celle sous le contrôle du royaume hachémite, lance Mounir Khatib, 40 ans, qui gère avec son frère une station-service. Il ajoute que les revenus de sa station ont été divisés par cinq à cause du mur. Pour le quotidien libéral israélien Haaretz, « les restrictions de circulation imposées aux Palestiniens par Israël ont transformé la Cisjordanie en dizaines d’enclaves séparées les unes des autres ». Israël a créé 50 barrages fixes, 8 mobiles, et bloque 420 routes, sans compter les axes routiers interdits aux Palestiniens. « Avant la mise sur pied de l’Autorité palestinienne (en 1994) puis de ce mur il y a cinq ans, je n’avais pas besoin d’autorisation pour travailler dans un restaurant de la rue Jaffa à Jérusalem. Je pouvais me promener dans tout le pays, même me rendre à la mer », regrette Rachid Abou Hilal, 26 ans, employé d’entretien à l’hôpital Princesse Basma pour les enfants handicapés à Jérusalem. Ce jeune père, qui se construit une maison avec pour seule vue la bande grise du mur, montre la série de papiers d’identité et de cartes magnétiques qui lui sont indispensables pour passer de l’autre côté. « Bien sûr que je préfère l’occupation. La séparation, c’est tous les inconvénients sans aucun avantage. Un État, c’est une terre, de l’électricité, de l’eau, des services publics. Nous n’avons rien de cela car tout se trouve de l’autre côté. Et en plus, nous sommes rongés par la corruption », ajoute-t-il. Rachid, qui parle parfaitement l’hébreu, affirme que 80 % des jeunes de la localité vivent dans la pauvreté depuis qu’ils ne peuvent plus travailler en Israël. « Donnez-leur un boulot, un salaire qui leur permet de fonder une famille et ils penseront à autre chose qu’aux attentats », explique-t-il. Selon un sondage du 19 au 23 mars réalisé récemment par le Palestinian Center for Public Opinion (PCPO), 40,8 % pensent que la séparation unilatérale nuira à la sécurité d’Israël, et 31,3 % estiment que cela aboutira à de nouveaux conflits dans la région. « La séparation unilatérale c’est l’occupation de luxe. Israël interfère dans tous les aspects de la vie quotidienne des Palestiniens mais en se camouflant derrière le mur », estime Zakaria al-Qaq, vice-président pour les relations extérieures de l’université al-Qods à Jérusalem. Cet universitaire est en outre favorable à la dissolution de l’Autorité palestinienne. « Il vaut mieux affronter une franche occupation car Israël sera sous l’œil de la communauté internationale plutôt que cette autonomie qui permet à Israël d’agir à sa guise en faisant croire que ce sont les Palestiniens qui gèrent leurs propres affaires. » Sammy KETZ (AFP)

Les Palestiniens d’Abou Dis, une localité à l’est de Jérusalem coupée par le mur érigé par Israël, déclarent préférer l’occupation à la séparation unilatérale qui suscite l’engouement des candidats aux élections israéliennes de mardi.
« Je préfère de loin l’occupation car au moins nous pouvions circuler et gagner notre vie. La séparation, appliquée par Israël,...