Pris pour des talibans, seize civils pakistanais tués à Kandahar Un incident sécuritaire attise la tension entre Islamabad et Kaboul

Le Pakistan a protesté hier auprès de l’Afghanistan après la mort de 16 hommes tués par les forces afghanes qui les considéraient comme des talibans, et présentés comme des civils pakistanais par Islamabad, attisant la tension entre les deux alliés des États-Unis contre le terrorisme. Selon les autorités afghanes, les hommes morts mardi dans la province de Kandahar (sud de l’Afghanistan) étaient des rebelles talibans ayant tout juste franchi la frontière avec le Pakistan, tués lors de combats avec les forces de sécurité. Islamabad affirme de son côté qu’il s’agissait de civils, membres de tribus pakistanaises en route pour fêter le Nouvel An afghan. Cet incident risque d’attiser encore plus la tension, déjà très vive ces derniers temps, entre Kaboul et Islamabad, chacun accusant l’autre de ne pas en faire assez contre le terrorisme et d’abriter des rebelles islamistes. « L’ambassadeur d’Afghanistan a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères ici, aujourd’hui, et nous lui avons fait part de notre vive protestation », a indiqué Tasnim Aslam, la porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, qui a demandé « une enquête indépendante et approfondie » et que « les responsables soient punis ». Mme Aslam a affirmé que les victimes étaient des civils pakistanais, arrêtés à Kaboul, à un moment indéterminé, puis menottés, attachés et conduits à Spin Boldak, dans la province de Kandahar, avant d’être tués à proximité. Cependant, en Afghanistan, le gouverneur de la province de Kandahar, Assadullah Khalid, a persisté, affirmant que les morts étaient « tous des criminels afghans vivant au Pakistan ». La polémique illustre par ailleurs les problèmes de sécurité de part et d’autre de la frontière, que le chef du réseau terroriste el-Qaëda Oussama Ben Laden, ses militants et ses partisans talibans auraient traversé pour venir se réfugier dans les zones tribales pakistanaises. Kaboul affirme que les rebelles installés au Pakistan organisent des attentats-suicide et d’autres attaques sur le territoire afghan. Islamabad affirme pour sa part avoir déployé environ 80 000 hommes le long de cette frontière pour mettre fin aux infiltrations.