Le secrétaire à la Défense accusé d’incompétence Les déboires US en Irak ravivent les critiques contre Rumsfeld

Les déboires des États-Unis en Irak ont ravivé les critiques contre le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, accusé d’incompétence, mais sa démission a été à nouveau écartée par le président George W. Bush. « M. Rumsfeld doit se retirer » : le conseil vient de l’intérieur même du Pentagone, puisqu’il émane du général à la retraite Paul Eaton, chargé de la formation de l’armée irakienne de 2003 à 2004, qui a publié dimanche dernier une tribune libre dans le New York Times, pour le troisième anniversaire de l’invasion de l’Irak en 2003. Il accuse le secrétaire à la Défense d’être « incompétent sur les plans stratégique, opérationnel et tactique » et d’être « plus que quiconque » responsable des difficultés américaines en Irak. Un autre général à la retraite, Bernard Trainor, s’en prend également à Donald Rumsfeld dans un livre écrit avec un correspondant militaire du New York Times, Michael Gordon. Dans ce livre, COBRA II : The Inside Story of the Invasion and Occupation of Iraq, ils accusent Rumsfeld et le général Tommy Franks, qui a dirigé l’invasion de l’Irak, d’avoir élaboré des scénarios optimistes qui se sont révélés complètement erronés. Ils leur reprochent d’avoir négligé les risques d’une insurrection. « Ils n’ont pas non plus compris la structure du pouvoir politique en Irak. Rumsfeld et Franks ont cru que leur victoire serait scellée avec la chute de Bagdad », dénoncent-ils. Les détracteurs du secrétaire à la Défense le dépeignent comme un dirigeant brutal, ignorant les recommandations de l’état-major. « Rumsfeld a mis le Pentagone à la merci de son ego, de sa vision du monde remontant à la guerre froide et de sa confiance irréaliste dans la technologie pour remplacer les êtres humains », dénonce le général Eaton. Mardi, le président Bush a refusé d’envisager la démission de Donald Rumsfeld : « Je pense qu’il fait un bon travail, pas seulement en menant deux guerres en Irak et en Afghanistan mais aussi en transformant nos forces armées, ce qui est très difficile à l’intérieur du Pentagone. » « Mais pourquoi W. ne peut pas tout simplement le quitter ? » s’interrogeait hier l’éditorialiste à la plume acérée du New York Times, Maureen Dowd, ajoutant que selon un responsable du gouvernement, « Rummy » n’a plus la même influence et qu’il est traité comme « un vieil oncle excentrique que l’on ignore ».