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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION Dans le hall de l’hôtel «al-Bustan», jusqu’au 28 mars Les formes cristallines de Gina Nahlé Bauer

Si la nature fait bien les choses, les œuvres en verre de Murano reproduisent bien la nature. Tout en formes, en transparence et en couleurs, celles-ci sont exposées dans le cadre du Festival al-Bustan et sont signées Gina Nahlé Bauer. Il lui était difficile d’échapper au virus de l’art qui circule dans sa large famille. Gina Nahlé, l’enfant indisciplinée de la saga de Wagih Nahlé, va poursuivre des études de beaux-arts au Liban avant d’aller s’installer en Allemagne et s’adonner à toutes disciplines artistiques confondues. Une coïncidence la met sur le chemin de la ville de Murano où elle ira réaliser sa première œuvre en cristal. «La matière n’a jamais été pour moi un obstacle. Au contraire, mon expression artistique se nourrit des matières, si différentes soient-elles, s’enrichit, pour refléter ensuite ses multiples facettes, jusqu’alors cachées, dit-elle. Si le couple représenté par Union était ma première œuvre en cristal, c’est cependant Layal, auparavant réalisée sur bois, qui donna le coup d’envoi à toute une gamme qui s’articulera sur le thème de la femme.» Une pléiade de femmes Layal, femme orientale aux courbes généreuses, Lady Li ou Betty Boop, respectivement l’élégance et la coquinerie incarnées, sont autant de visages divers où toute femme peut se retrouver. Pour concrétiser ses idées (et elles sont nombreuses), Gina Nahlé allait s’adresser aux maîtres verriers italiens de la ville de Murano possédant une section spéciale dans leurs fabriques, réservée aux artistes. Prêts à accueillir tout dessin à la seule condition qu’il soit réalisable, ils n’ont pas hésité à accepter les esquisses novatrices de l’artiste. Celle-ci leur présente donc ses conceptions qu’ils vont façonner en suivant ses directives «Mes œuvres, souligne-t-elle, ont toutes une histoire. En approuvant mes esquisses, les maîtres Roberto Camozzo, Elio Raffaeli et Mario Costantini (maîtres verriers de renommée internationale) s’engageaient en même temps à ne pas trahir cette histoire et à traduire d’une manière authentique les émotions qu’elle véhicule.» Ainsi, dans cette sculpture très colorée de Crazy Doctor, l’artiste insistera auprès de Costantini (le plus fou d’entre les maîtres) à le reproduire avec de grosses lunettes qui couvrent un strabisme évident, des ongles de couleurs différentes (allusion faite à ses propres ongles) ainsi que des gants qui conviendraient plus à une ménagère qu’à un médecin. Un univers ludique que Gina Nahlé Bauer peuple de personnages qu’elle puise dans son imaginaire. Car, tout en prenant son art au sérieux, cette artiste n’aime pas lui donner une teinte sérieuse mais amusante. Un jeu artistique Colorées comme ces teintes liquides qui coulent en gouttes ou en vagues dans la transparence du verre, éthérées comme ces allures féminines qui renvoient à toutes les femmes du monde leur propre image, ces œuvres, aux formes arrondies, généreuses ou effilées, traduisent non seulement la propre vision de l’artiste, mais aussi les liens qui se sont noués avec ses maîtres. «Le travail repose, dit-elle, d’une part, sur la force des bras de ces maîtres à la riche expérience et, de l’autre, sur les traits évocateurs que je leur sers. Il est arrivé qu’une œuvre exige la mobilisation des forces de deux d’entre eux, comme celle baptisée Désir. Ou qu’elle inspire particulièrement un seul. Camozzo a été inspiré par Mina, qu’il fait ressembler à sa propre femme, et Costantini a reproduit un Papagallo à l’image de son grain de folie.» Refusant de se confiner dans un cadre et servant l’art avec autant d’originalité que de rigueur, de morale que de novation, Gina Nahlé Bauer entraîne ses maîtres dans son jeu artistique. Elle casse les barrières, transgresse les tabous et reproduit sa propre réalité. Une réalité qu’elle n’hésite pas à dupliquer sur différentes matières et à la sublimer en beauté. Colette KHALAF
Si la nature fait bien les choses, les œuvres en verre de Murano reproduisent bien la nature. Tout en formes, en transparence et en couleurs, celles-ci sont exposées dans le cadre du Festival al-Bustan et sont signées Gina Nahlé Bauer.

Il lui était difficile d’échapper au virus de l’art qui circule dans sa large famille. Gina Nahlé, l’enfant indisciplinée de la saga de Wagih...