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L’utopie francophone au Vietnam

Le Vietnam est-il francophone ? Il suffit de demander son chemin dans les rues de Hanoi pour s’apercevoir à quel point le rêve colonial s’est éteint. Aujourd’hui, la langue française est une langue qui lutte au Vietnam pour s’inventer un avenir. La carte postale en noir et blanc sur laquelle on imagine le grand-père à barbiche évoquer Balzac et Verlaine avec des yeux malicieux n’a jamais relevé que de l’exception. À l’époque de la colonisation, le français n’était déjà répandu que dans les milieux intellectuels et bourgeois, auprès de l’élite mandarinale et administrative. En 1942, moins de 70 000 élèves avaient accès à l’enseignement en français. Les décennies de guerre n’ont rien arrangé. Aujourd’hui, quelques retraités cultivent leur savoir. Mais ils ne feront pas la francophonie de demain. « Les jeunes prennent le relais », veut croire Tran Son Mach, rédacteur en chef du Courrier du Vietnam. Le seul quotidien francophone du pays tire à 4 000 exemplaires, un chiffre stable. « Compte tenu du recul du français, ce n’est pas un mauvais résultat », note-t-il en se réjouissant que le site Internet du journal enregistre 20 000 connexions par semaine. Quand Hanoi a accueilli le Sommet de la francophonie en 1997, Paris ambitionnait de former 5 % d’une classe d’âge de francophones. Un but démesuré. Depuis, la stratégie a été repensée. La langue française est certes devenue un instrument politique de lutte contre le rouleau compresseur anglo-saxon, mais elle se construit non plus en opposition, mais en complément de l’anglais. L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) estime au mieux à 500 000 le nombre de francophones dans ce pays de plus de 82 millions d’habitants, soit 0,6 % de la population. Stéphan Plumat, directeur régional de l’OIF, appelle de ses vœux une politique cohérente d’accueil des étudiants face à ce qu’il appelle la « concurrence sauvage de l’Australie, qui propose une offre d’études de qualité, pas chères et pas loin ». Plus de 17 000 étudiants vietnamiens fréquentent aujourd’hui 650 classes bilingues et environ 34 000 Vietnamiens apprennent le français comme deuxième langue vivante. Par ailleurs, au ministère vietnamien de l’Éducation, on admet que les efforts de la francophonie sont plus importants que beaucoup d’autres langues. « La communauté francophone, dont la France, le Canada et la Belgique, soutiennent le développement (du français) et lui accordent des assistances pédagogique, matérielle et financière concrètes », se réjouit Nguyen Thanh Huyen, en charge de la francophonie au ministère. Reste à améliorer les débouchés. Beaucoup de « jeunes apprennent le français, mais ne savent pas quoi faire à la fin de leurs études ».
Le Vietnam est-il francophone ? Il suffit de demander son chemin dans les rues de Hanoi pour s’apercevoir à quel point le rêve colonial s’est éteint. Aujourd’hui, la langue française est une langue qui lutte au Vietnam pour s’inventer un avenir.
La carte postale en noir et blanc sur laquelle on imagine le grand-père à barbiche évoquer Balzac et Verlaine avec des yeux...