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Actualités - CHRONOLOGIE

UN LIVRE, UN AUTEUR - « Le roman des Jardin », d’Alexandre Jardin Bienvenue au clan…

Six cent soixante-trois romans au compteur de la dernière rentrée littéraire. Un foisonnement – en perpétuelle croissance! – qui pousse certains auteurs à abuser de révélations scabreuses pour se distinguer du lot. Même ceux qui sont déjà auréolés d’une certaine renommée se prennent parfois au jeu du déballage et de la surenchère… de vérité. Car c’est souvent au nom de la transparence et de la catharsis que ces (auto) biographies «strip-tease» fleurissent. Surfant sur cette vague, Alexandre Jardin a signé, pour sa part, Le roman des Jardin (éd. Grasset), une biographie familiale aussi croustillante qu’invraisemblable. Un roman qui a défrayé la chronique et donné lieu à de multiples débats sur la véracité de ses dires. Et qui, paradoxalement, a été unanimement salué par la critique en France pour ses qualités d’écriture. Révélations crues, certes, mais avec du style et des manières. En digne héritier d’une lignée de grands bourgeois, Jardin parle de folie, de sexe, de politique véreuse, de zoophilie, etc., sans jamais tomber dans le caniveau. Marquant un virage dans l’œuvre de ce romancier plutôt catalogué «auteur pour jeunes filles en fleur», Le roman des Jardin, biographie-confession où le sulfureux se mélange à la fantaisie la plus débridée, clôture la série de «petites épopées sur l’extase conjugale» dont il avait fait sa spécialité. En effet, son diplôme de sciences politiques en poche, Alexandre Jardin s’était lancé, à l’âge de vingt ans, dans l’écriture. Il suit, en cela, les traces de son père, Pascal Jardin, écrivain et scénariste de films fameux (Angélique, marquise des anges, César et Rosalie, etc.) Sauf que l’auteur du Zèbre (qui lui avait valu, à 23 ans, le prix Femina), de Fanfan et de L’île des gauchers (tous adaptés au cinéma, vendus à des millions d’exemplaires et traduits dans plus de vingt langues), avait construit sa carrière sur son image de «romancier opiniâtre de la sentimentalité solaire». Un univers de folie Mais voilà, au bout de vingt ans de bons et loyaux… sentiments, la quarantaine venue, Alexandre Jardin a senti refluer en lui le sang bouillonnant des Jardin. Après s’être coulé deux décennies durant dans la peau du chantre du mariage et de la fidélité, le voilà qui balaie, d’un coup et d’un roman, son étiquette d’écrivain lisse et romantique. Il laisse tomber le masque de gendre idéal, se sépare de son épouse et entame le récit de «l’univers de folie» dans lequel il a grandi. En dépeignant la tribu à laquelle il appartient, Alexandre Jardin proclame sa vérité. Un grand-père politicien, ancien chef du cabinet de Laval à Vichy, surnommé «le Nain jaune», «à cause de sa petite taille et de sa capacité inouïe à fabriquer de la chance»; une grand-mère, «l’Arquebuse», aussi farfelue, obsédée sensuelle que grande bourgeoise; un père, «le Zubial», qui collectionne les maîtresses et demande à sa femme de lui donner un enfant de son meilleur ami, en l’occurrence Claude Sautet; une mère qui fascine les hommes et les croque en série; un oncle Merlin, inventeur de robots humanoïdes, qui finira pendu, déguisé en travesti. Sans oublier l’entourage proche: Zouzou, entrée au service des Jardin, adoptée par le clan, elle fut la maîtresse du Nain Jaune et de l’un de ses fils ; un ami de la famille zoophile et héroïnomane, compagnon d’une guenon habillée en femme et prénommée Zaza. Mais aussi Paul Morand, Alain Delon, Serge Gainsbourg… Que l’on croise dans Le roman des Jardin dans des situations où le cocasse côtoie le tragique et où la vérité frôle l’incroyable. Accusé par l’un de ses cousins d’avoir outrageusement exploité l’intimité familiale dans son dernier livre, Alexandre Jardin se défend d’avoir inventé quoi que ce soit. A-t-il forcé le trait dans sa description des figures fantasques de son clan? Certaines anecdotes prêtent à l’incrédulité. Et c’est là toute la force de ce roman qui fait osciller sans cesse le lecteur entre récits vrais et allégations douteuses. Quoi qu’il en soit, un fait est sûr: l’imaginaire d’Alexandre Jardin est certainement issu de gènes familiaux pour le moins saugrenus! Zéna ZALZAL
Six cent soixante-trois romans au compteur de la dernière rentrée littéraire. Un foisonnement – en perpétuelle croissance! – qui pousse certains auteurs à abuser de révélations scabreuses pour se distinguer du lot. Même ceux qui sont déjà auréolés d’une certaine renommée se prennent parfois au jeu du déballage et de la surenchère… de vérité. Car c’est souvent au nom de...