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Pour une journaliste tchétchène, la reconstruction de Grozny est bien réelle

Je suis Tchétchène, journaliste au quotidien Stolitsa plious (Capitale plus) à Grozny et j’écris sur des problèmes ayant trait au développement de la capitale tchétchène. Il y a quelques jours, avec l’assistance d’un interprète, j’ai pris connaissance d’un article publié dans votre journal relatant le quotidien de Grozny. Je ne conteste pas le droit de chaque journaliste d’avoir un point de vue et une opinion. Cependant, je ne saurais être d’accord avec l’auteur de l’article en question quand il qualifie de « factice » la reconstruction économique de la Tchétchénie. En qualité d’exemple, il cite le Prospekt Pobieda (avenue de la Victoire) à Grozny où, pour reprendre les propos de l’auteur, la reconstruction s’est faite « à une vitesse record ». Cependant, le journaliste compare gratuitement les immeubles qui y sont érigés aux « villages Potemkine », ce qui revient à dire que les façades sont là pour la frime, qu’il n’y a rien derrière. En réalité, le cycle des travaux est le même que sur n’importe quel chantier de construction : d’abord le gros œuvre, la mise hors d’eau et ensuite les travaux de finition. Je voudrais relever que cette avenue est en passe d’être terminée, qu’elle a déjà été dotée de l’éclairage public et est devenu, le soir, un lieu de promenade très fréquenté. Actuellement, les travaux battent également leur plein dans d’autres quartiers de Grozny, notamment rue Toukhatchevski qui est transformée en boulevard. Si l’auteur de l’article s’y était rendu, il n’aurait pas manqué d’entendre le fracas des marteaux piqueurs et le vrombissement des engins de chantier. Le maire de Grozny, Movsar Temirbaïev, a indiqué que vingt entreprises et organisations étaient impliquées dans la reconstruction de cette rue. Signalons par ailleurs, qu’en dépit des grands froids arrivés cette année du nord de la Russie, les travaux n’ont pas été interrompus. Des vêtements et des chaussures d’hiver avaient été distribués aux ouvriers travaillant à l’aménagement de cette artère longue de 1 500 mètres, des repas chauds leur étaient distribués sur place. Il y a encore un an rien ne laissait pressentir le boum auquel nous assistons actuellement. À l’époque tout semblait figé en raison de l’absence de moyens. Aujourd’hui la reconstruction de la capitale tchétchène est en cours. Une impulsion lui a été donnée à la fin de l’année dernière par plusieurs ministres russes ayant décidé d’accroître le financement pour le relèvement de la république. 2006 a été décrétée année de la renaissance de Grozny. La voirie et les réseaux divers de la ville ont pratiquement été entièrement restaurés. De l’eau épurée coule sur les éviers, les trois prises d’eau municipales fonctionnent, le gaz est distribué sans coupures, de nombreux cafés, self-services et restaurants sont ouverts. L’architecte en chef de la ville, Djalal Kadiev, a annoncé que des terrains à urbaniser avaient été attribués. Quelque 600 000 mètres carrés de logement seront construits dans le centre-ville. Un hôpital sera inauguré cette année à Grozny, deux maternités ont déjà ouvert leurs portes. Évidemment, ce n’est qu’un début : Djalal Kadiev estime que la reconstruction de Grozny nécessitera de 10 à 12 années de travaux intenses. Or il ne faut pas oublier qu’il y a encore trois ans la capitale avait tellement souffert qu’il avait été sérieusement envisagé de la transférer à Goudermes, une autre ville de Tchétchénie. Je reconnais qu’à Grozny et en Tchétchénie en général nous nous heurtons à une foule de problèmes en raison du délabrement. Le plus grave est celui du chômage, qui officiellement frappe 60 % de la population. Mais une usine d’appareils électriques fonctionne depuis le début de l’année, une fabrique de meubles et une usine de confection étaient entrées en service peu avant. Au total, 450 sites divers sont en cours de restauration à travers la république, par conséquent le taux de chômage devrait baisser sensiblement. Tout cela est un effet du processus de stabilisation de la situation lancé en Tchétchénie après les législatives de 2005. Outre le fait que ce processus incite les gens à faire œuvre utile, il contribue également à ce que la Tchétchénie cesse progressivement d’être considérée comme une région à risque, ce qui jusqu’ici avait empêché son intégration dans l’espace économique unique de la Russie ainsi que l’apport de capitaux et de spécialistes. Il est très important pour nous que l’on fasse confiance à la Tchétchénie et à son peuple. Si c’est le cas, alors la vie reprendra rapidement un cours normal. Les journalistes que nous sommes ne cachent pas la vérité, mais nous ne voulons pas tout dépeindre sous un jour lugubre. Je pense que les Libanais, qui eux aussi ont connu une guerre sanglante, les destructions et la reconstruction, comprendront les Tchétchènes. Karina SADOULAÏEVA
Je suis Tchétchène, journaliste au quotidien Stolitsa plious (Capitale plus) à Grozny et j’écris sur des problèmes ayant trait au développement de la capitale tchétchène. Il y a quelques jours, avec l’assistance d’un interprète, j’ai pris connaissance d’un article publié dans votre journal relatant le quotidien de Grozny.
Je ne conteste pas le droit de chaque journaliste...