Nucléaire - L’Iran prêt à un compromis pour l’enrichissement d’uranium sans renoncer aux recherches Réunion de l’AIEA : el-Baradei optimiste sur un accord rapide avec Téhéran

Le Conseil des gouverneurs de l’AIEA a entamé hier à Vienne une réunion sur une note optimiste de son directeur Mohammad el-Baradei qui a estimé qu’un accord rapide avec l’Iran était possible pour éviter un recours au Conseil de sécurité de l’ONU sur ses activités nucléaires. Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dont le dernier rapport sur les inspections en Iran est examiné cette semaine, a dit « vivement espérer » qu’un accord négocié intervienne « dans la semaine à venir » autour du programme iranien de recherches sur l’enrichissement d’uranium. « Le point de friction reste la question des centrifugeuses pour la recherche et le développement (...) et j’espère vivement que la semaine prochaine environ, on pourra arriver à un accord », a-t-il déclaré à la presse. Moscou et Téhéran n’ont pu s’entendre jusqu’à présent sur un compromis russe prévoyant l’enrichissement d’uranium iranien uniquement en Russie, car l’Iran veut aussi préserver des recherches d’enrichissement à petite échelle sur son propre sol. Cette exigence a fait capoter vendredi des discussions avec les trois pays européens qui tentent depuis 2004 de résoudre globalement la crise iranienne, Allemagne, France et Grande-Bretagne (UE-3). Si Russes et Iraniens devaient s’entendre sur une formule qui convienne à l’UE-3, cela permettrait ensuite une reprise des négociations entre Téhéran et les trois capitales de l’UE, en évitant que le Conseil ne s’empare du dossier, selon des analystes. « Si les Européens acceptent le programme de recherche iranien, Téhéran est prêt à prolonger la suspension de ses activités d’enrichissement industriel », a noté un diplomate proche des négociations. M. el-Baradei a noté qu’« une série de consultations ce week-end se sont poursuivies pour tenter de ramener l’Iran et l’UE à la table des négociations ». Selon l’AIEA, le dossier iranien ne sera abordé que cet après-midi ou demain matin en plénière à Vienne. D’ici là, le Conseil des gouverneurs doit discuter d’une série de points comme la sécurité des centrales nucléaires, le budget et d’autres questions techniques. Pour sa part, la Maison-Blanche a réclamé hier de la communauté internationale qu’elle continue à « agir » pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. De son côté, un haut responsable iranien a indiqué hier que son pays ne renoncera pas à ses recherches dans le domaine nucléaire mais pourrait négocier avec la troïka un délai en ce qui concerne ses activités d’enrichissement d’uranium. Javad Vaeedi, secrétaire adjoint du Conseil suprême de sécurité nationale, a affirmé dans une interview à Reuters à Vienne que l’Iran ne changerait pas de position pour ce qui est de la recherche et du développement. Il a précisé que Téhéran était prêt à négocier un accord sur la reprise de l’enrichissement de l’uranium, notamment sur le calendrier et les conditions de cette reprise ainsi que sur les inspections internationales. Des diplomates ont par ailleurs indiqué hier que la Russie est prête à accepter à terme une petite unité de recherche d’enrichissement d’uranium en Iran, ce que refusent catégoriquement les Américains. Sur un ton beaucoup plus défiant, Gholamali Rashid, numéro deux de l’armée iranienne, a promis hier que son pays se transformera en « cimetière » au cas où une puissance étrangère venait à l’attaquer. Les États-Unis ont prévenu, de leur côté, dimanche le régime iranien qu’il aurait à payer des « conséquences douloureuses » en cas de poursuite de son programme nucléaire.