Les ciné-clubs

Bully, de Larry Clark (2004) Bully est la reconstitution réaliste du meurtre sauvage d’un adolescent par ses camarades, survenu le 14 juillet 1993 en Floride du Sud. À l’image de ses deux précédents longs-métrages (Kids, Another Day in Paradise), le réalisateur s’intéresse aux pratiques déviantes et criminelles des jeunes générations ainsi qu’à leur rapport au sexe, à la drogue et à la violence. Ce portrait quasi documentaire, tourné caméra à l’épaule, se veut extrêmement dur, saisissant et dérangeant. Sans juger, Larry Clark parvient intelligemment à questionner. L’histoire: Bobby Kent est mort le 14 juillet 1993. Alors qu’il était allongé dans son sang, il demanda de l’aide puis la grâce à son meilleur ami, Marty Puccio. Sa réponse fut instantanée et préméditée: il l’étripa et lui renversa la tête en arrière pour lui trancher la gorge. L’incident laissa les habitants sans voix, les parents des jeunes meurtriers dépressifs et inconsolables et un groupe d’adolescents accusés d’un crime sanglant pour lequel ils ne se repentiront jamais. Avec Brad Renfro, Nick Stahl et Rachel Miller. Ciné-club de l’ALBA, vendredi 10 mars à 19h Talons aiguilles, de Pedro Almodovar (1992) Cycle «cinéma espagnol» Au centre d’un des plus gros succès du cinéaste espagnol, le conflit douloureux entre une mère et sa fille. Les deux femmes, aussi touchantes que différentes, sont partagées entre l’amour et la haine. Cette passion, qui est d’ailleurs le moteur même de l’histoire, se ressent jusque dans les décors et les couleurs. Talons aiguilles présente plusieurs thèmes chers au réalisateur: les travestis, le monde de la nuit, les personnages décalés, le kitsch, etc. Tous ces éléments servent une œuvre majeure à la fois émouvante, drôle et poignante, une œuvre menée par des acteurs de talent. L’histoire: après des années d’absence, Becky Del Paramo, célèbre chanteuse pop des années soixante, rentre à Madrid. C’est pour trouver sa fille, Rebecca, mariée à un de ses anciens amants, Manuel. Becky comprend vite que le mariage de Rebecca est un naufrage, surtout quand Manuel lui propose de reprendre leur ancienne relation. Une nuit, Manuel est assassiné... Avec Victoria Abril, Maria Paredes et Miguel Bosé. Ciné-clubs de l’ESA, mardi 7 mars à 20h30 La classe de neige, de Claude Miller (1998) Prix du jury, Festival de Cannes Adapté de La classe de neige, un roman d’Emmanuel Carrère, le film met en scène un thème peu abordé au cinéma: l’aspect noir de l’enfance, ses phobies, ses anxiétés. Le réalisateur s’applique à construire un climat de gêne et de tension autour d’une classe de neige et notamment de Nicolas, le personnage principal. Cet enfant, traumatisé par des événements douloureux qui l’ont touché de près ou de loin, nous entraîne dans sa spirale de l’horreur, dans son monde cauchemardesque. Le malaise général ne quitte ainsi pas une seconde le spectateur, lequel prend «plaisir» à découvrir une histoire qui décortique la psychologie infantile. L’histoire: dans une classe de neige, Nicolas, un enfant fragile et perturbé, est assailli de souvenirs douloureux et de fantasmes terrifiants. Il entraîne peu à peu son ami Hodkann dans sa dérive mentale en lui racontant de terribles histoires. Au terme de son aventure, la réalité se révélera plus éprouvante que ses fantasmes les plus cruels. Avec Clément Van Den Bergh, Lokman Nalcakan et François Roy. CCF, salle Montaigne, mercredi 8 mars à 19h15