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L’affaire est portée devant la Cour afin d’en finir avec la falsification de l’histoire, affirme le représentant de Sarajevo La Bosnie poursuit la Serbie en justice pour génocide devant la CIJ

La Bosnie a entamé hier devant la Cour internationale de justice (CIJ) son plaidoyer contre la Serbie-et-Monténégro, qu’elle accuse de génocide, indiquant qu’il ne s’agit pas de vengeance, mais de combattre le reniement par Belgrade des horreurs de la guerre en Bosnie. «Il ne s’agit pas de blâmer chaque Serbe de Bosnie pour les actes de génocide commis contre des non-Serbes en Bosnie-Herzégovine. Nous sommes ici parce que Belgrade a entraîné les non-Serbes de Bosnie sur la voie de l’enfer, un chemin parsemé de cadavres, de familles déchirées et d’avenirs brisés », a déclaré le représentant de la Bosnie, Sakib Softic. « Alors que les images des massacres sont encore dans toutes les mémoires, renier les crimes de guerre est monnaie courante en Serbie », a-t-il poursuivi, ajoutant que « cette affaire a été portée devant la Cour afin d’en finir avec la falsification de l’histoire ». La Bosnie, dont la présidence était essentiellement musulmane lors de la guerre, a introduit cette plainte devant la plus haute instance des Nations unies en 1993. « La violence armée qui a frappé notre pays en 1992 était comme un tsunami provoqué par l’homme (...) qui a détruit le caractère même de la Bosnie-Herzégovine, et en tout état de cause détruit une partie de la population non serbe », a expliqué M. Softic. Aux abords du palais de la Paix, quelques centaines de manifestants musulmans bosniaques s’étaient rassemblés « pour faire valoir (leurs) droits sur (leurs) agresseurs », selon Asim Tulic, 47 ans, venu de Berlin. De grandes banderoles disaient : « 8 106 morts identifiés » et « la honte de l’Europe ». Les avocats de la Bosnie, qui se baseront particulièrement sur les preuves réunies par le procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie, devraient se concentrer sur le massacre de Srebrenica, dans l’est de la Bosnie. Les observateurs estiment que la Bosnie s’attaque à un gigantesque défi en voulant prouver la responsabilité directe de Belgrade dans une guerre dont la plupart des horreurs planifiées ont été commises par les troupes serbes de Bosnie. La Serbie affirme que les Serbes de Bosnie étaient d’incontrôlables fanatiques, mais pour Me Phon Van der Biesen, avocat de la Bosnie, « les massacres n’étaient pas une chose qu’une simple bande de fanatiques pouvaient organiser ». « Belgrade était aux commandes », a-t-il déclaré à la presse. C’est aussi ce que le procureur du TPI tente de démontrer dans le procès de Slobodan Milosevic. Parmi les 60 chefs d’inculpation de l’ancien président yougoslave figure celui de génocide, pour le meurtre de 8 000 garçons et hommes musulmans à Srebrenica. Les experts s’attendent à ce que la Serbie-et-Monténégro réaffirme que la Cour n’est pas compétente pour juger la plainte, étant donné que la République fédérale de Yougoslavie, remplacée en 2003 par la Serbie-et-Monténégro, n’était pas membre des Nations unies avant 2000. En soirée, le Premier ministre désigné de Republika Srpska (RS, entité serbe bosniaque), Milorad Dodik, a en effet qualifié d’illégitime la plainte devant la CIJ. Au cas où cette parade échouerait, Belgrade devrait plaider que la Bosnie ne peut accuser la Serbie de crimes commis par des criminels serbes de Bosnie, et que le gouvernement serbe n’avait pas l’intention de commettre un génocide. Les audiences doivent durer jusqu’au 9 mai et inclure des témoignages de témoins et d’experts, mais les médias ne pourront les reproduire que lorsque tous les éléments de preuve auront été apportés. Après les audiences, les juges formuleront un jugement, qui prend d’ordinaire plusieurs mois. Les arrêts de la CIJ sont définitifs et sans appel, mais la Cour n’a aucun moyen de les faire appliquer.

La Bosnie a entamé hier devant la Cour internationale de justice (CIJ) son plaidoyer contre la Serbie-et-Monténégro, qu’elle accuse de génocide, indiquant qu’il ne s’agit pas de vengeance, mais de combattre le reniement par Belgrade des horreurs de la guerre en Bosnie.

«Il ne s’agit pas de blâmer chaque Serbe de Bosnie pour les actes de génocide commis contre des...