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Actualités

L’heure est à l’action

Je reste sans voix lorsque je surfe sur l’Internet à la recherche de documents sur l’histoire du Liban ou de certaines de ses personnalités. Je reste sans voix aussi à la lecture d’interprétations combien incroyables des faits. Ce qui ne fait qu’ajouter à l’embrouille au double plan international et national. Et je dis assez ! Il est temps de prendre les choses en main car, apparemment, personne ne le fera pour nous. On se croit permis de déformer la vérité si on détient le pouvoir et l’argent. Le peuple libanais est tellement naïf qu’il croirait n’importe quoi. Personnellement, j’ai énormément envie de faire quelque chose pour que tout cela change et je n’ai trouvé d’autre moyen que de m’adresser à vous, un journal quotidien que j’apprécie et qui fait de la cause libanaise son propre combat. Je me demande si vous pouvez m’aider à faire parvenir mes idées et mes souhaits pour notre nation à mes compatriotes. C’est que, honnêtement, je suis très inquiet de la situation car nous ne sommes rien qu’un nono qui passe de la Syrie aux États-Unis et je suis sûr qu’aucun des deux ne nous veut du bien. Combien de temps allons-nous attendre encore ? Combien de martyrs devrons-nous encore sacrifier ? Combien de larmes devra-t-on encore verser ? Combien d’innocents devrait-on encore enterrer ? Combien de fois faut-il encore tuer le Liban ? Combien de personnes ont-elles vendu leur âme, pères et mères, frères et sœurs pour servir leur maître ? C’est à désespérer ! Je suis déçu et je me sens trahi ! Trahi parce que moi, j’ai participé au camp de la liberté, j’étais présent à toutes les manifestations qui ont eu lieu, que ce soit pour la vérité sur le meurtre de Rafic Hariri ou pour la libération de mon pays de toute, et je dis bien de toute tutelle étrangère ! J’ai fait partie du million le 14 mars. Autant dire que nous tous, jeunes présents dans ces camps, avons fait un grand sacrifice. Nous avons donné de notre temps, de notre voix, de notre foi ; nous avons risqué nos vies car nous n’étions pas à l’abri d’un quelconque danger surtout que les menaces indirectes n’étaient pas faites pour nous rassurer. Nous avons aussi risqué la vie de nos parents, qui ont sûrement passé leurs pires nuits en pensant à leur héros dormant sous une tente ou, plus souvent, en plein air. Pour ma part, pendant toute la durée de ces journées (et de ces nuits), ma mère ne m’adressait qu’à peine la parole et mon père voulait que je retourne à la maison. Je croyais qu’ils ne comprenaient pas ce que l’on faisait et pourquoi, je ne comprenais pas car, pour moi, il était de mon devoir de participer et c’était un rêve que d’y être. Je me souviens particulièrement de la nuit du 20 au 21 février : le dimanche matin, mon père et mon oncle m’ont demandé de rentrer car ma mère ne se sentait pas bien et qu’apparemment, il y avait risque de grabuge. J’ai donc quitté la place des Martyrs, laissant toutes mes affaires sur place en prévision d’un éventuel retour. Vers 11h30 du soir, je reçois un appel téléphonique me disant que les routes menant à Beyrouth seront fermées et que plus personne ne pourra entrer ou sortir. J’ai cessé toute activité et je suis descendu avec un ami, en faisant tous les détours possibles pour éviter les barrages de l’armée. Je crois donc que, durant ces journées, nous avons tout donné. Mais les déconvenues que nous avons essuyées après toutes ces manifestations m’indignent et me déçoivent énormément. Je me sens même frustré et désemparé. Je vous raconte tout cela pour vous dire qu’il faut prendre les choses en main et arrêter d’attendre que quelqu’un le fasse pour nous. C’est un message que j’ai tellement envie de faire parvenir à tous les Libanais qui en ont assez de vivre dans l’ombre. Je voudrais leur dire : unissons-nous ; n’est-ce pas le même hymne national que tout le monde reprend en chœur ? Alors arrêtez de vous contenter de l’entonner et agissez, car « les paroles s’en vont, seuls les écrits restent ». Je vous invite donc à écrire tous ensemble l’histoire de notre pays, un Liban libre, qui n’a jamais cessé de renaître de ses cendres. Et je demande à L’Orient-Le Jour de m’aider à faire parvenir ce message au plus grand nombre possible, car personne ne se soucie de notre sort à part nous. L’heure du changement est venue. En conclusion, je voudrais rendre hommage à notre héros national, le héros des jeunes, Gebran Tuéni. Il était le seul à vraiment comprendre ce qu’un jeune ressent comme frustration et déceptions à cause d’une classe politique corrompue, à de rares exceptions près. Bruno MELKI
Je reste sans voix lorsque je surfe sur l’Internet à la recherche de documents sur l’histoire du Liban ou de certaines de ses personnalités. Je reste sans voix aussi à la lecture d’interprétations combien incroyables des faits. Ce qui ne fait qu’ajouter à l’embrouille au double plan international et national. Et je dis assez ! Il est temps de prendre les choses en main car,...