Téhéran franchit une nouvelle étape dans l’enrichissement de l’uranium Un responsable de haut rang de l’AIEA en Iran pour des discussions de dernière minute

Un inspecteur de haut rang de l’AIEA partira aujourd’hui pour Téhéran afin d’y recevoir des informations relatives aux accusations américaines selon lesquelles l’Iran mène un programme nucléaire militaire. Parallèlement, des diplomates ont indiqué à Vienne que Téhéran a franchi un nouveau pas dans l’enrichissement de l’uranium, étape cruciale de la filière nucléaire, en mettant en marche dix centrifugeuses reliées entre elles en « cascade ». L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), agence de l’ONU qui a son siège à Vienne, enverra aujourd’hui à Téhéran Olli Heinonen, un haut responsable de l’agence, ont indiqué les diplomates. M. Heinonen devrait rentrer à Vienne lundi, selon les mêmes sources. Son arrivée à Téhéran interviendra deux jours avant la présentation, prévue lundi, d’un rapport sur le programme nucléaire iranien par le directeur général de l’AIEA, Mohammad el-Baradei, au conseil des gouverneurs de l’agence. M. Heinonen, qui est directeur général adjoint de l’AIEA, « n’irait pas en Iran s’il n’y avait pas quelque chose qui doit être communiqué (par les Iraniens). Il n’effectue pas de visites de routine », a souligné un diplomate proche de l’AIEA. Selon un autre diplomate, M. Heinonen a rencontré jeudi à Vienne de hauts responsables iraniens du nucléaire, dont Javad Vaidi, membre du Conseil suprême de sécurité nationale iranien. Cette intense activité diplomatique se produit au moment où l’Iran tente d’éviter un rapport sévère et une évaluation négative de M. el-Baradei. Mais selon des diplomates, l’Iran fait déjà fonctionner une série de dix centrifugeuses en cascade, un pas de plus dans le processus d’enrichissement de l’uranium, malgré l’appel de l’AIEA à cesser toutes ses activités liées à l’enrichissement. Le rapport de M. el-Baradei « confirmera que l’Iran fait actuellement fonctionner dix centrifugeuses (...) reliées par des tuyaux » sur le site nucléaire de Natanz, dans le centre du pays, a indiqué l’un des diplomates. Interrogé par l’AFP, un expert en non-prolifération, Mark Fitzpatrick, a déclaré depuis Londres : « L’Iran bouge plus vite que certains observateurs ne s’y attendaient. Il semble déterminé à poser de nouveaux faits sur le terrain, une capacité opérationnelle d’enrichissement, avant qu’il soit confronté à une action du Conseil de sécurité. » « Entre-temps, il mène sa propre politique de la carotte et du bâton : fournir de nouvelles informations aux inspecteurs tout en continuant à défier les demandes internationales de suspension des activités d’enrichissement », a ajouté cet expert. Bush : L’Iran ne doit pas avoir l’arme nucléaire À Washington, le président américain George W. Bush a réaffirmé hier que l’Iran, « principal État à soutenir le terrorisme », ne devait pas avoir l’arme nucléaire. « Le régime iranien s’est prononcé pour la destruction de notre allié, Israël, et il défie le monde avec son ambition de se doter d’armes nucléaires », a-t-il dit dans un discours défendant sa stratégie contestée pour l’Irak et contre le terrorisme. « L’Iran est un pays otage d’une petite élite religieuse qui isole et opprime son peuple et lui dénie les libertés premières en ce qui concerne les droits de l’homme », a-t-il dit. Le conseil des gouverneurs a communiqué le dossier iranien au Conseil de sécurité de l’ONU le 4 février, sous la pression des pays occidentaux qui craignent que le programme nucléaire civil iranien ne serve de couverture au développement d’armes atomiques. Mais une décision du Conseil de sécurité, qui pourrait comporter des sanctions contre l’Iran, a été suspendue jusqu’à ce que le conseil des gouverneurs de l’AIEA ait examiné le rapport de M. el-Baradei, ce qui doit intervenir lors d’une réunion à Vienne le 6 mars.