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FESTIVAL DU CONTE Martine Deval sillonne les « Chemins de femmes » à la manière des colporteurs

Elle cite volontiers Mirabeau qui disait: «L’homme est comme le lapin, il s’attrape par les oreilles. » Mais ajoute aussitôt : « L’homme et la femme aussi. » En matière de femmes, Martine Deval en connaît un rayon. Et pour cause, les histoires de cette conteuse française retracent le parcours obligé des descendantes d’Ève. Des Chemins de femmes (titre du spectacle qu’elle a présenté à la crypte de l’église de l’USJ) qui dépeignent les différentes facettes de la féminité : douce, bonne, tendre, aimante, mais aussi perfide, cruelle, redoutable, possessive, rebelle, scandaleuse… Pour faire le tour (en soixante-quinze minutes) de cet éternel féminin, Martine Deval a choisi la technique de narration « en tiroirs gigognes » ou façon les Mille et Une Nuits. Une astuce « shéhrazadienne » qui a fait ses preuves et qui permet à cette conteuse, volubile et au débit fluide, de mélanger habilement contes traditionnels, nouvelles fantastiques (comme celle de Buzzati) et histoires facétieuses. L’amour des mots Et un thème qui se prête à toutes les configurations et qui permet à cette « amoureuse des mots» d’en jouer comme d’un instrument, avec toute la force, les nuances, les variations qu’ils peuvent exprimer. « Les mots viennent en fonction des images. Quand les images sont dures, les mots sont durs, puissants, percutants. Quand elles sont douces, ils sont paisibles, sucrés, fleuris… Mais qu’ils soient doux ou acerbes, les mots touchent », explique la conteuse, citation à l’appui : « L’épée a un tranchant mais la parole en a cent. »« Les mots peuvent aiguillonner ou séduire.» C’est selon l’histoire et l’histoire de chacun. « Ils peuvent émouvoir, enchanter, amuser ou faire pleurer, susciter ou ressusciter des images, des pensées, des sentiments… » C’est ce qui explique, sans doute, pourquoi des gens, aujourd’hui encore, ont besoin de se trouver face à la parole nue, sans artifices, sans musique et sans décor du conteur. « On a quand même une sacrée responsabilité, nous les conteurs », signale cette dame venue au conte un peu par hasard. Et beaucoup par besoin de « tisser des liens de complicité ». À Paris où elle avait suivi son mari, cette Toulousaine sociable et enjouée se retrouve seule dans un petit appartement. « Or j’avais besoin de pousser les murs, dit-elle. Comme ils ne bougeaient pas, je suis sortie. Et j’ai rencontré des femmes à la bibliothèque de mon quartier qui m’ont invitée à participer avec elles à un stage sur l’art du conte. C’est de là que tout est parti, il y a une vingtaine d’années. » Pousser les murs Depuis, devenue conteuse professionnelle, «donc itinérante, à la manière des colporteurs dans l’ancien temps », Martine Deval sillonne les routes, pour partager avec le plus grand nombre ses histoires initiatiques. « Les contes sont par essence des récits initiatiques et ils s’adressent souvent bien plus aux adultes qu’aux enfants. » Car derrière l’imagerie enfantine, les châteaux, les forêts, les diables et les princesses, les principaux acteurs des contes restent les éternels humains. Avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs désirs et leurs rêves. « Sur la planète entière, ils naissent, vivent, aiment et meurent. La finalité des contes est de les aider à bien traverser ces étapes.» Une façon intelligente de pousser les murs… Zéna ZALZAL * Dernières soirées de la VIIe édition du Festival du conte et du monodrame, ce soir et demain, à la crypte de l’église Saint-Joseph. Renseignements et réservations au théâtre Monnot. Tél. : 01/202422.
Elle cite volontiers Mirabeau qui disait: «L’homme est comme le lapin, il s’attrape par les oreilles. » Mais ajoute aussitôt : « L’homme et la femme aussi. » En matière de femmes, Martine Deval en connaît un rayon. Et pour cause, les histoires de cette conteuse française retracent le parcours obligé des descendantes d’Ève. Des Chemins de femmes (titre du spectacle qu’elle a...