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Actualités - OPINION

L’affaire des caricatures de Mohammad L’autre, cette richesse supplémentaire

Au nom de la liberté d’expression, de mauvais caricaturistes se permettent d’insulter l’intégrité de ceux qui, d’une façon ou d’une autre, se sentent rattachés religieusement ou tout simplement affectivement dans leur structuration d’être à l’islam parce qu’ils sont nés dans cette culture, parce que toucher à cela c’est toucher aux liens affectifs de l’enfance et donc porter atteinte à l’identité de l’être. Pour qu’il puisse y avoir liberté d’expression, il devrait y avoir d’abord la possibilité d’une pensée libre, c’est-à-dire une pensée d’où serait abstrait tout subjectivisme psychorigide issu des multiples traumatismes vécus durant l’existence et en particulier durant cette part essentielle pour la construction de la personne qu’est l’enfance. Telle personne « bouffeuse de curés ou de mollahs » au nom de la liberté d’expression n’exprimera en réalité que sa part de réaction à la violence qu’elle aura subie ou pense avoir subi de la part de personnes ou de systèmes identifiés, à tort ou à raison, comme déistes. Pour pouvoir s’exprimer réellement, librement, il faudrait avoir pu faire le cheminement permettant de relativiser ses propres douleurs/émotions. L’Occident des « libertés dogmatiques » se permet d’humilier, d’insulter cette différence qu’est l’islam au nom d’un athéisme religieux. Insulter la croyance de l’autre n’est pas différent de l’intégrisme de ceux qui, au nom de Dieu, imposent leur vision du monde. Aussi, cette liberté de penser semble autant sujette à caution que ce qu’elle paraît vouloir dénoncer. Le manque de culture, l’absence d’humanisme de ces caricaturistes les renvoient à leur propre caricature. Cela ne peut qu’être préjudiciable à l’image de cet Occident aux prétentions universalistes. Le Danemark, lui, nous avait habitués à plus de fraternité et de courage. Pour entendre l’autre, ce musulman tellement différent et tellement semblable à nous, il faut comprendre que représenter le visage du Prophète est au même titre que la destruction de support ayant comme message la sacralité de l’autre. La représentation du visage de Mohammad est semblable aux croix gammées taguées sur les tombes, au Bouddha de Bâmyân explosé ; c’est, au même titre, un acte d’une grande violence destructrice, un travail malsain de profanateurs incapables de voir ce qu’ils tuent en eux quand ils assassinent la sacralité de l’autre. On peut se demander ce qui est plus obscène ; la haine bravache de certains journalistes-pyromanes et la publication en série de représentation du visage de Mohammad ou bien la violence de kamikazes. Tous ces comportements se répondent les uns aux autres et relèvent du même processus pathologique signifiant une perte d’identité menant à la dictature émotionnelle de la non-pensée et donc au fascisme. Il est important aussi de noter que cette vague anti-islamique n’est pas seulement préjudiciable à l’Occident, mais qu’elle met à mal le fragile équilibre que certains peuples, certaines nations multiethniques ont bâti douloureusement de siècle en siècle afin de pouvoir vivre ensemble, se comprendre, s’aimer et partager. Par ailleurs, il faut interpréter cette déferlante dans la presse occidentale contre le sacré non matérialiste comme étant l’autre facette du spectre d’une extrême droite qui a toujours eu deux tendances religieuses : l’intégrisme déiste et la déification de la laïcité. Enfin, ce ne sont pas les cultures d’essence musulmane qui exterminèrent les Européens de confession juive ou protestante, mais bien des Européens. L’Occident devrait ne plus transposer sa culpabilité d’avoir voulu exterminer une partie des siens sur des peuples qui ne sont pas liés à ses fantasmes, sauf à vouloir en faire les prochaines victimes expiatoires. Mais de quoi ? Seul l’Occident pourrait, un jour peut-être, expliquer sa propre barbarie. À cette fin, il pourrait s’inspirer d’un certain christianisme orthodoxe et humaniste porté par ses penseurs et créateurs de l’âge d’argent russe qui ont su voir comme une évidence que l’autre, avec son regard particulier, est une richesse supplémentaire ouvrant de nouvelles perspectives vers l’unicité du spirituel, vers cette lumière indicible, unique creuset originel de l’être. Sarah PÉTROVNA STRUVE
Au nom de la liberté d’expression, de mauvais caricaturistes se permettent d’insulter l’intégrité de ceux qui, d’une façon ou d’une autre, se sentent rattachés religieusement ou tout simplement affectivement dans leur structuration d’être à l’islam parce qu’ils sont nés dans cette culture, parce que toucher à cela c’est toucher aux liens affectifs de l’enfance et donc...