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Actualités

Dernier effort d’optimisme

Qui pourra s’aventurer encore à avancer que nous n’avons pas été prévenu ? Que d’avertissements, de sonnettes d’alarme, de rapports et d’analyses, tous les jours, pour nous mettre en garde contre la dangereuse pente et tournure que prend le pays ! La langueur libanaise a été longuement investiguée, auscultée et disséquée au point que nulle pathologie ne fut autant scrupuleusement diagnostiquée mais si peu soignée. Si notre allégeance à l’étranger a été longtemps stigmatisée par tous, il n’en reste pas moins que très peu sont enclins à y renoncer. Tous les thérapeutes locaux et étrangers ont précisément établi la maladie, mais nous nous évertuons encore et toujours, en dépit du bon sens, à éviter le chemin, pourtant si fondamental, de la cure. Peut-être que la peur de l’autre nous paralyse au point que nous n’envisageons ni lendemain ni avenir sans l’édredon tout à la fois protecteur et asphyxiant du puissant étranger. Le constat est accablant. Les protestataires de Awkar avaient davantage fait l’éloge de la Syrie et de l’Iran que vilipender les États-Unis et ceux d’Achrafieh encensaient les islamistes plus qu’ils ne fustigeaient les Danois. D’autres, par contre, construisent des ponts de dialogue avec les pays étrangers et semblent tout à fait peu désireux de les établir avec leurs plus proches. Même la Syrie retrouve bien plus d’attention au Liban que les Libanais entre eux. Et la liste n’est pas exhaustive. Il y a ceux qui luttent pour la Palestine, ceux qui défendent l’Iran, ceux qui pleurent l’Irak, ceux qui rêvent de la « pax syriana » et ceux qui sont à la recherche d’une puissance quelconque. Le constat est d’autant plus accablant pour peu que la période actuelle de notre histoire soit comparée à celle d’antan. Sans vergogne aucune, les partis affichent de façon ostentatoire leurs alliances avec l’extérieur. Ils glorifient l’étranger quelle que soit son initiative alors qu’ils fustigent le compatriote malgré toute la bonne foi investie. Depuis l’indépendance, jamais le pays n’a connu des seuils aussi bas de patriotisme, au point qu’un vigoureux coup de talon salvateur s’ordonne pour remonter à la surface. Sans aucun doute, la réforme de notre démocratie à l’amiable, d’une « démocrature » bien de chez nous, s’impose d’urgnence. Nous n’avons connu ce pays que déambulant sur la corde raide de l’équilibre intercommunautaire, perdant son énergie à rechercher son aplomb ou à se relever de ses chutes de plus en plus dévastatrices. Le drame ne tient pas dans le modèle singulier de notre système démocratique, dont se vantent encore nos leaders plus pour le protocole que par conviction, mais dans le statu quo tyrannique qu’il a infligé, et continue d’infliger, à la nation depuis 1943. Encore faut-il que nous ne reportions pas sur nos futures générations les conséquences de notre refus de la réforme. Avouons franchement, sans aucune hypocrisie, les déficiences de cette excentricité démocratique qui a aboli les ambitions collectives pour laisser s’épanouir sournoisement les individualismes et les communautarismes. Admettons que le pacte de 1943 a réduit les différentes collectivités libanaises à n’estimer leur patrie qu’à travers la primauté de leurs postes départis au sein du pouvoir. Dr Joseph MANTOURA
Qui pourra s’aventurer encore à avancer que nous n’avons pas été prévenu ?
Que d’avertissements, de sonnettes d’alarme, de rapports et d’analyses, tous les jours, pour nous mettre en garde contre la dangereuse pente et tournure que prend le pays ! La langueur libanaise a été longuement investiguée, auscultée et disséquée au point que nulle pathologie ne fut autant...