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PEOPLE - L’espoir d’un héritier mâle pourrait cependant renforcer le camp des traditionalistes japonais L’empereur sera-t-il remplacé par une femme sur le trône du Chrysanthème ?

Le Premier ministre nippon, Junichiro Koizumi, a laissé entendre hier qu’il pourrait surseoir à son projet controversé d’installer une impératrice sur le trône du Japon, au lendemain de l’annonce surprise d’une grossesse dans la famille impériale. Mais quoi qu’il en soit, le camp des traditionalistes sort renforcé dans cette affaire. Devant le Parlement, M. Koizumi a fait part de sa volonté de prendre « suffisamment de temps » afin de débattre de la crise de succession qui menace le Japon. Aucun héritier mâle n’est né au sein de la famille impériale depuis plus de 40 ans, ce qui suscite au Japon des interrogations et des doutes sur la pérennité de la plus ancienne dynastie du monde (qui remonte à 2 600 ans). Mais l’espoir de la naissance d’un garçon est réapparu soudain avec l’annonce de la grossesse de la princesse Kiko, 39 ans, épouse du prince Akishino, le frère cadet de l’héritier du trône, au moment même où le Premier ministre s’apprêtait à présenter un projet de loi autorisant l’accession des femmes au trône du Chrysanthème. La princesse Kiko doit accoucher en septembre ou octobre prochain, selon le palais impérial cité par les médias. Il faut remonter au XVIIIe siècle pour trouver la dernière impératrice du Japon, Go-Sakuramachi, qui a régné entre 1762 et 1771. « Je veux avancer avec prudence pour faire en sorte que (cette réforme) ne prenne pas une tournure politique », a déclaré M. Koizumi devant le Parlement. Le Premier ministre est actuellement confronté à une fronde grandissante contre ses plans de succession matrilinéaire, au sein même de son propre camp conservateur. Les adversaires de la réforme du code impérial ont d’ailleurs sauté sur l’occasion pour appeler à la prudence et à la réflexion. « La situation a changé », a estimé l’un des chefs de file des opposants, Tsunenari Takeda, descendant d’une famille de haute noblesse contrainte à la roture au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de la défaite du Japon en 1945. « La controverse autour de cette réforme est liée à l’absence d’héritiers mâles. Nous devons donc débattre de la question avec circonspection, même si nous ignorons encore le sexe du nourrisson (à naître dans la famille impériale) », a-t-il déclaré à la chaîne de télévision privée Asahi. Prenant apparemment en compte l’avis des traditionalistes, M. Koizumi a estimé « préférable que le projet de révision du code impérial soit adopté à l’issue de discussions approfondies, et de façon à convaincre tout le monde des bienfaits de cette réforme ». Avant l’annonce de la grossesse de la princesse Kiko, le chef du gouvernement avait fait part de son intention de faire passer ce projet de loi « au cours de la présente session » qui s’achève en juin. « Nous devons permettre aux femmes et à leurs descendants de régner pour le bien du système impérial, symbole du Japon, et afin de garantir une lignée impériale stable », avait-il plaidé. Mais M. Koizumi était resté évasif mardi : « La question n’est pas de savoir si je tiendrai ou pas mes engagements », a-t-il tranché. Toutefois, et quelle que soit la décision prise, le camp des traditionalistes sort renforcé dans cette affaire. En attendant, ils affûtent leurs arguments en faveur du maintien d’une filiation patrilinéaire. « Si la réforme est votée dans l’urgence et qu’un héritier mâle voit le jour, les gens s’interrogeront sur sa pertinence », a jugé le quotidien nationaliste Sankei. La campagne des conservateurs n’est pas dénuée de misogynie, sinon de chauvinisme. « Les experts ont-ils réfléchi à la possibilité que la princesse Aiko épouse un homme aux yeux bleus, après être tombée amoureuse pendant ses études à l’étranger, et que leur premier enfant devienne empereur ? » s’est récemment insurgé l’ancien ministre de l’Économie, Takeo Hiranuma. « Il faut l’éviter à tout prix », a affirmé M. Hiranuma.

Le Premier ministre nippon, Junichiro Koizumi, a laissé entendre hier qu’il pourrait surseoir à son projet controversé d’installer une impératrice sur le trône du Japon, au lendemain de l’annonce surprise d’une grossesse dans la famille impériale. Mais quoi qu’il en soit, le camp des traditionalistes sort renforcé dans cette affaire.

Devant le Parlement, M. Koizumi a fait...