Un livre illustré sur le Prophète, point de départ de la crise

L’affaire des caricatures controversées remonte à l’été 2005 lorsque l’auteur d’un livre sur le Prophète n’avait pu trouver un seul dessinateur acceptant d’illustrer de son nom son ouvrage. « Les dessinateurs contactés ont tous refusé par crainte de représailles », a expliqué mardi à l’AFP Kaare Bluitgen, dont le livre « Koranen og profeten Muhammeds liv » (Le Coran et la vie du prophète Mohammad) est paru le 24 janvier avec dix illustrations anonymes, qui n’ont, elles, pas provoqué de levée de boucliers comme les dessins satiriques de Jyllands-Posten. « Mon livre en lui-même est fondé uniquement sur des sources islamiques. Il n’est pas du tout critique et ses illustrations, qui ne sont pas satiriques, n’ont pas entraîné de protestations ni de menaces contre moi ou la maison d’édition (Hoest & Soen) », affirme-t-il. Selon M. Bluitgen, le meurtre en 2004 du cinéaste néerlandais Theo Van Gogh, auteur d’un court métrage sur le Coran et la soumission de la femme, par un islamiste radical, a influencé écrivains et dessinateurs, dont certains « ne voulaient pas du tout toucher à tout ce qui a trait à l’islam ». Face à l’autocensure des écrivains et illustrateurs du Danemark, Jyllands-Posten, le plus grand quotidien du royaume, a décidé de relever le défi en été 2005 et de tester la liberté d’expression, l’un des éléments fondamentaux de la démocratie danoise. Cette liberté autorise entre autres une radio néonazie, « Radi Oasen », la seule en Europe à émettre du territoire depuis 1996. Jyllands-Posten a ainsi demandé à une quarantaine de caricaturistes de faire des portraits du Prophète. Seuls 12 ont accepté et leurs dessins, signés, sont parus le 30 septembre dans le quotidien sous le titre « Les 12 visages de Mohammad ». L’une des caricatures, montrant la tête du Prophète surmontée d’un turban en forme de bombe à la mèche allumée, a particulièrement provoqué l’indignation et la colère dans le monde musulman.