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Plusieurs journaux européens publient à leur tour les caricatures de Mohammad, au nom de la liberté de la presse Sécurité renforcée et offensive diplomatique danoise sur fond de crise

Le Danemark poursuivait hier ses efforts diplomatiques pour trouver une issue à la crise née de la publication de caricatures du Prophète Mohammad dans le quotidien « Jyllands-Posten », tout en renforçant les mesures de sécurité sur son territoire. Parallèlement, plusieurs journaux européens ont publié à leur tour les caricatures controversées pour défendre la liberté de presse. Le Premier ministre libéral, Anders Fogh Rasmussen, qui a demandé à tous les diplomates du pays d’engager une grande campagne d’explications et de « dissipation des malentendus » a indiqué hier qu’il lançait également une « offensive médiatique » en direction des peuples des pays musulmans. « Nous devons reconnaître que ce n’est pas seulement une affaire entre le Danemark et une série de gouvernements arabes, c’est aussi quelque chose qui se répand dans les rues des pays arabes », a-t-il dit, cité par l’agence danoise Ritzau. Mais les manifestations de colère se poursuivent. Après les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, dont certains boycottent aussi les produits danois, les protestations gagnaient mercredi l’Asie, avec l’Indonésie et la Malaisie. Mardi à Tunis, les ministres de l’Intérieur des pays arabes avaient demandé au gouvernement danois de « sanctionner fermement » les auteurs des caricatures. Dans la bande de Gaza, des militants extrémistes palestiniens ont brûlé une photo de M. Rasmussen, désormais présenté comme un ennemi du monde arabe aux côtés du président américain George Bush. Sur le territoire danois, la police de Copenhague a indiqué hier être prête à faire face à d’éventuelles manifestations antimusulmanes. « Nous avons connaissance qu’il circule, notamment sur l’Internet, des avis de manifestation de plusieurs groupes. Nous sommes prêts pour cela », a déclaré à l’AFP Mogens Kjaergaard Moeller, vice-directeur de la police de Copenhague. Selon l’agence de presse Ritzau, des jeunes pourraient brûler des Corans afin de marquer leur « distance avec l’islam ». La manifestation pourrait avoir lieu samedi. La sécurité est également à un haut niveau pour faire face à d’éventuels attentats. Avant même la publication des dessins satiriques, le Danemark, à cause de son engagement en Irak aux côtés des Américains, a été l’objet de menaces terroristes. Le quotidien danois Jyllands-Posten, qui avait publié le 30 septembre 12 caricatures de Mohammad – alors que l’islam interdit toute représentation du Prophète – avait dû évacuer ses locaux hier à Aarhus (Nord) et Copenhague, en raison d’une alerte à la bombe. C’est la deuxième alerte en deux jours. Des agents de sécurité ont été placés hier devant la rédaction de Copenhague, selon Ritzau. Damas rappelle son ambassadeur au Danemark Par ailleurs, la Syrie a rappelé son ambassadeur au Danemark, rapportait hier l’agence de presse officielle syrienne SANA. Auparavant, à Damas, une alerte à la bombe avait conduit à l’évacuation de l’ambassade du Danemark. Les recherches n’ont rien donné et le personnel a pu reprendre possession du bâtiment une heure plus tard. Par solidarité avec Jyllands-Posten, plusieurs journaux européens ont publié aussi ces dessins, dont le quotidien populaire français France Soir. Cependant, le propriétaire de France Soir, l’homme d’affaires franco-égyptien Raymond Lakah, a limogé le président et directeur de la publication Jacques Lefranc, après la reproduction de ces caricatures. M. Lakah a par ailleurs présenté ses regrets auprès de la communauté musulmane et de « toutes personnes ayant été choquées ou indignées par cette parution ». Le secrétaire général de l’organisation française Reporters sans frontières (RSF) Robert Ménard a déploré que les régimes arabes « ne comprennent pas qu’il peut y avoir une séparation totale entre ce qu’écrit un journal et ce que dit le gouvernement danois ». En Espagne, le quotidien national ABC (droite) et le quotidien catalan El Periodico (gauche) ont reproduit les dessins satiriques. El Periodico assortit la publication d’un commentaire : « Il est logique que les caricatures irritent certains musulmans. Mais il n’est pas logique que, au nom d’une lecture littérale et inhumaine du Coran, on essaie d’éliminer aussi à l’étranger les critiques ou qu’on menace ceux qui (...) exercent la satire. » Récupérer « l’émotion » des musulmans En réagissant avec virulence et de manière concertée à la publication de caricatures du prophète Mohammad au Danemark, les régimes arabes, confrontés à la pression des islamistes, tentent de récupérer « l’émotion légitime » des musulmans, estiment des experts de l’islam. « Cette affaire a mis trois mois à prendre de l’ampleur. Les islamistes ont été les premiers à la dénoncer mais, comme c’est une idée porteuse, les gouvernements des pays arabes ont suivi », explique Antoine Basbous, de l’Observatoire des pays arabes, basé à Paris. Pour l’islamologue Malek Chebel, la réaction des dirigeants musulmans et arabes est tout simplement « hypocrite ». C’est, dit-il un « cache-sexe » par lequel ils veulent dissimuler leurs propres « turpitudes ».
Le Danemark poursuivait hier ses efforts diplomatiques pour trouver une issue à la crise née de la publication de caricatures du Prophète Mohammad dans le quotidien « Jyllands-Posten », tout en renforçant les mesures de sécurité sur son territoire. Parallèlement, plusieurs journaux européens ont publié à leur tour les caricatures controversées pour défendre la liberté de...