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PÉTROLE L’objectif US de réduction des importations de 75 % est irréaliste, estiment des spécialistes

L’objectif affiché par le président George W. Bush de réduire de trois quarts les importations américaines de pétrole du Moyen-Orient, région qui détient la plus grande partie des réserves mondiales, n’est pas réaliste, ont estimé hier des spécialistes. Le Moyen-Orient, qui détient environ 60 % des réserves mondiales prouvées de brut, pourra en outre se tourner vers les marchés asiatiques, selon les mêmes sources. « Nous avons un grave problème : l’Amérique est trop dépendante du pétrole qui vient souvent de régions instables du monde », a déclaré le président américain dans son discours sur l’état de l’Union. George W. Bush a fixé à 2025 l’échéance pour une réduction de plus de 75 % des importations américaines de pétrole en provenance du Moyen-Orient et appelé au développement « d’autres technologies ». « Il n’y a là rien de nouveau. On a entendu des appels similaires de la part des États-Unis par le passé », a estimé Kamel al-Harami, ancien haut responsable de la société publique Kuweit Petroleum Corporation. « De tels appels ne sont pas réalistes car l’avenir de l’énergie se trouve au Moyen-Orient. » « En fait, plus ils en parlent, plus ils deviennent dépendants du pétrole du Moyen-Orient », a-t-il affirmé. Seul un quart du brut importé par les États-Unis, soit environ 2,5 millions de barils par jour (b/j), provient du Moyen-Orient, essentiellement de leur allié saoudien. Ryad exporte quelque 1,3 million de b/j vers les États-Unis, suivi de l’Irak (570 000 b/j), du Koweït (270 000 b/j) et de l’Algérie (265 000 b/j), selon des statistiques du département américain de l’Énergie. Le Nigeria et le Venezuela, membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, ainsi que le Canada et le Mexique, non membres de l’OPEP, sont les principaux fournisseurs des États-Unis qui importent entre 10 et 11 millions de b/j, soit la moitié de leurs besoins (situés entre 21 et 22 millions de b/j). Selon des spécialistes occidentaux, les exportations en provenance du Moyen-Orient devraient plutôt se situer à la hausse dans un avenir proche, la demande mondiale continuant d’augmenter et la production dans les autres régions de décroître. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande globale va augmenter de 2,2 %, ou 1,8 million de b/j cette année. Un responsable de l’Institut français du pétrole (IFP) Jean-Pierre Favennec avait estimé en septembre que les cinq producteurs du Golfe seraient appelés à assurer 43 % de la demande mondiale en 2003. « Le pétrole va demeurer la principale source d’énergie pendant au moins les 50 prochaines années (...), c’est bon marché, sûr et très efficace », a déclaré l’expert saoudien de l’énergie Abdulwahab Bu-Dahesh. Même si les États-Unis se rapprochent de leur objectif, d’autres marchés, essentiellement chinois et indien, sont preneurs du brut du Moyen-Orient, a-t-il ajouté. « Cela ne posera pas de problème majeur à la région, qui dispose d’autres marchés en Europe et en Asie, a-t-il dit. La demande y croît rapidement et ils sont plus proches. » Les producteurs du Golfe ont récemment signé d’importants accords énergétiques avec la Chine et l’Inde. Le roi Abdallah d’Arabie saoudite effectue actuellement une tournée dans les pays asiatiques, où il a signé de tels accords. « Quoi qu’il arrive, la dépendance mondiale par rapport au pétrole moyen-oriental va croître, sauf miracle technologique », a conclu M. Harami.
L’objectif affiché par le président George W. Bush de réduire de trois quarts les importations américaines de pétrole du Moyen-Orient, région qui détient la plus grande partie des réserves mondiales, n’est pas réaliste, ont estimé hier des spécialistes.
Le Moyen-Orient, qui détient environ 60 % des réserves mondiales prouvées de brut, pourra en outre se tourner vers les...