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Actualités - OPINION

Deux hommes d’affaires palestiniens analysent la victoire du mouvement de la résistance islamique Avec le Hamas aux commandes, tous les scénarios sont possibles

Alors que le monde n’a toujours pas complètement digéré la victoire écrasante du Hamas aux législatives palestiniennes, les Palestiniens eux-mêmes tentent de comprendre les tenants et aboutissants de ce résultat électoral. Sam Bahour et Zahi Khoury, deux hommes d’affaires palestiniens naturellement impliqués politiquement, reviennent sur le « tsunami vert » qui s’est abattu sur l’Autorité palestinienne. Pour éviter toute erreur d’analyse, il est essentiel de recadrer le débat. Ce que s’emploie à faire Zahi Khoury, président-directeur général de la National Beverage Company. « Les législatives sont une élection locale portant sur des questions de politique interne et des enjeux nationaux et non un référendum relatif à la question israélo-palestinienne. Je suis certain que si, aujourd’hui, l’on consultait la population palestinienne sur l’existence d’Israël, au moins 65 pour cent des personnes interrogées seraient prêtes à reconnaître l’État hébreu », souligne-t-il. En ce qui concerne les causes du raz-de-marée électoral du Hamas, Sam Bahour, homme d’affaires et militant des droits palestiniens, estime qu’elles sont de trois ordres : l’occupation militaire israélienne, la corruption du Fateh ainsi que sa mauvaise gestion des affaires nationales, et l’incapacité de la communauté internationale à assumer ses responsabilités envers une population sous occupation. Autant de sources de frustration qui ont poussé les électeurs à voter pour le mouvement de la résistance islamique. Un mouvement qui, selon M. Khoury, a été le premier surpris par l’ampleur de la victoire. « Je ne pense pas que le Hamas avait prévu un plan B en cas de victoire à la majorité absolue. » Un résultat dont le parti va, très rapidement, devoir assumer les conséquences. « Le Hamas va être très prochainement confronté à la réalité du pouvoir. Bientôt, il faudra payer les salaires des fonctionnaires. Or, les caisses sont vides. Les banques vont-elles venir à son secours, les pays frontaliers vont-ils lui offrir leur aide ? Autant de questions auxquelles nous n’avons pas de réponse aujourd’hui. En théorie, l’Iran assure être prêt à fournir un milliard de dollars, mais dans la pratique, les choses devraient être plus compliquées », précise M. Khoury. Selon Sam Bahour, « la communauté internationale des donateurs, dirigée par les États-Unis, peut choisir de mettre le Hamas à genoux financièrement. Mais cela serait une stratégie non seulement de court terme mais également catastrophique pour la région entière. On peut, en revanche, décider de donner du temps au Hamas pour qu’il définisse une politique en adéquation avec sa victoire électorale, une politique pour laquelle le mouvement devra rendre des comptes à une échelle nationale, mais également globale ». Et M. Khoury de renchérir : « Le Hamas a les moyens de s’entourer de technocrates qualifiés et je pense que des experts issus des rangs nationalistes palestiniens seraient même prêts à le rejoindre. » Les deux hommes d’affaires refusent toutefois de se lancer dans des prévisions. « Il faut attendre notamment la tenue des élections législatives israéliennes pour y voir plus clair. Aujourd’hui, tout est en évolution, tous les scénarios sont possibles », souligne M. Khoury. Propos recueillis par É.S.
Alors que le monde n’a toujours pas complètement digéré la victoire écrasante du Hamas aux législatives palestiniennes, les Palestiniens eux-mêmes tentent de comprendre les tenants et aboutissants de ce résultat électoral. Sam Bahour et Zahi Khoury, deux hommes d’affaires palestiniens naturellement impliqués politiquement, reviennent sur le « tsunami vert » qui s’est...