Un rapport accuse Bush d’avoir trahi les militaires L’armée américaine rudement mise à l’épreuve à Bagdad et à Kaboul

L’armée américaine est dangereusement mise à l’épreuve par les déploiements d’un nombre important de ses troupes en Irak et en Afghanistan, avertissent deux rapports publiés mercredi à Washington. L’un des rapports a été rédigé par l’opposition démocrate qui estime qu’une trop grande sollicitation des forces armées, en termes d’équipements et d’effectifs, met en cause leur capacité à réagir à des crises. Ce document, rédigé par un groupe mené par l’ancien secrétaire à la Défense William Perry et l’ancienne secrétaire d’État Madeleine Albright, accuse l’Administration Bush d’avoir trahi les militaires « en ne préparant pas bien l’après-guerre en Irak, en n’envoyant pas assez de troupes pour mener à bien cette mission avec un niveau de risque acceptable, en équipant et en protégeant insuffisamment les jeunes Américains exposés au danger ». Il propose le recrutement de 30 000 militaires pour porter le nombre de brigades de combat de 42 à 48. « Il va falloir qu’on soit en mesure de soutenir un plus haut niveau d’opérations dans le monde de l’après-11 septembre », a souligné Michèle Flournoy, ancienne sous-secrétaire à la Défense. Elle a plaidé pour de nouveaux choix budgétaires, privilégiant la défense. « Si on demandait aux Américains : “Seriez-vous prêts à sacrifier les baisses d’impôt ?” (...) une majorité écrasante serait d’accord, mais la question ne leur est pas posée », a-t-elle dit. « Quand le président présentera son budget le mois prochain, on verra s’il entend prendre les initiatives nécessaires pour proposer de vraies solutions afin de renforcer nos militaires », a noté la chef des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. L’autre rapport a été rédigé par un expert militaire à la demande du Pentagone pour évaluer la guerre en Irak. Andrew Krepinevich estime aussi que l’armée de terre est mise à trop rude épreuve. Selon lui, une baisse du moral au sein d’une armée trop sollicitée et une dégradation du soutien de l’opinion publique américaine à la guerre menaceraient la capacité de l’armée de terre et des marines « à disposer de forces suffisantes pour gagner la guerre ». Les deux rapports recommandent différentes mesures pour relâcher la pression, mais estiment que cela dépendra beaucoup de la réduction du contingent américain en Irak au cours des deux prochaines années. Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a rejeté mercredi ces conseils, les jugeant « dépassés ou mal ciblés ». L’armée américaine « n’est pas cassée », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse. Il a mis en avant une réorganisation de l’armée de terre qui fera passer le nombre de brigades de combat de 33 à 42 et une amélioration des chiffres du recrutement.