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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE Un hiver polaire parfaitement compatible avec le réchauffement planétaire

La descente aux enfers du thermomètre, observée en Europe, est parfaitement compatible avec le réchauffement global de la planète, selon des experts interviewés en marge d’un colloque sur le changement climatique à Genève. « En présence d’un hiver très froid, il peut paraître paradoxal de parler de réchauffement, mais ce n’est pas du tout contradictoire », observe le climatologue suisse Martin Béniston, de l’Université suisse de Fribourg. « Comme tout ce qui touche à la climatologie, ajoute-t-il, il faut regarder le long terme et la tendance moyenne des 20, 30 ou 50 dernières années à l’échelle de la planète, qui est à la hausse, et non un épisode local », comme la vague de froid qui sévit actuellement sur une partie du Vieux Continent. « Un hiver froid ne va pas renverser la tendance générale au réchauffement, tout au plus pourrait-il la ralentir momentanément », estime M. Béniston. « Le réchauffement est un phénomène global de long terme qui ne sera vraiment visible que dans quelques décennies », relève de son côté le climatologue français Hervé Le Treut, de l’Institut Pierre-Simon Laplace. « Il n’exclut nullement les fluctuations de très court terme, à l’échelle locale ou même d’un continent. Même dans un climat très chaud, une ou deux semaines d’air polaire seront toujours possibles », souligne encore M. Le Treut. D’une manière générale, note M. Béniston, il ne faut pas confondre météo et climat. La météorologie s’intéresse uniquement à l’évolution de l’atmosphère sur quelques jours et à un endroit donné. La climatologie passe au crible les évolutions du passé et anticipe celles à venir, à une tout autre échelle temporelle (année, dizaines d’années, siècle, voire millénaire) et spatiale (ensemble du globe, continent). Elle n’examine pas seulement les paramètres de l’atmosphère étudiés en météo (pluies, précipitations notamment), mais aussi la composition de l’atmosphère, la végétation terrestre et les océans. Elle étudie surtout les interactions entre ces différents éléments de la « machine climatique ». Au-delà des caprices quasi quotidiens de la météo, il y a la « variabilité naturelle du climat », affectant toute une région sur une échelle de temps allant de quelques semaines à quelques siècles. Le changement des saisons en fait partie. Pour le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le Français Michel Jarraud, l’hiver glacial que connaissent la Russie et l’Europe pourrait résulter de la variabilité naturelle du climat. « Il est impossible pour l’instant de l’attribuer au changement climatique. » Ce dernier phénomène se traduit par un réchauffement moyen de l’atmosphère, lié au rejet de gaz à effet de serre comme le CO2 par les activités humaines, rappelle le responsable de l’OMM. Le réchauffement moyen a atteint 0,6 degré en un siècle à l’échelle mondiale, « un chiffre relativement faible par rapport à la variabilité naturelle du climat qui peut atteindre plusieurs degrés d’un hiver à l’autre ». Il n’en a pas moins déjà eu des conséquences très sensibles, comme la hausse du niveau de la mer et le recul des glaciers, souligne M. Jarraud. Le colloque de Genève, qui se clôture aujourd’hui, est organisé par la Fondation européenne pour le développement durable des régions (Fedre), une ONG suisse financée notamment par le Conseil de l’Europe et l’ONU. Odile MEUVRET (AFP)
La descente aux enfers du thermomètre, observée en Europe, est parfaitement compatible avec le réchauffement global de la planète, selon des experts interviewés en marge d’un colloque sur le changement climatique à Genève.
« En présence d’un hiver très froid, il peut paraître paradoxal de parler de réchauffement, mais ce n’est pas du tout contradictoire », observe le...