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Actualités

Sommes-nous au bout de nos peines ?

Combien de martyrs faudra-t-il encore comptabiliser pour se rendre à l’évidence, c’est-à-dire que notre avenir n’est pas entre nos mains mais entre les mains de ceux qui le décident ? Et cela durera le temps qu’il faudra pour en prendre conscience avant de pouvoir changer les choses. Sur ce registre, la liste des décideurs n’est certainement pas longue. Il peut aussi s’agir d’un changement de mains, ce qui peut provoquer querelles et assassinats, pour faire monter les enchères et marquer son opposition à un changement de politique d’intérêt. Le pouvoir politique libanais est limité à sa représentation ; un pays qui a un président de la République, un Premier ministre, des ministres et des députés n’est pas pour autant un pays indépendant, libre et maître de ses décisions. Encore faut-il avoir un programme national et les moyens de le réaliser ; or au Liban, nous n’avons pas les moyens d’une politique ambitieuse mais ceux d’une politique de façade sans consistance, parce que nos valeurs propres ont été égarées et bafouées. La volonté de vivre ensemble est manquante et c’est par ce biais-là que l’ingérence dans nos affaires intérieures est possible. Dès lors qu’un intermédiaire est indispensable pour s’entendre, cela revient à dire que c’est cette entente qui n’est pas possible ! Au Liban, nous sommes à la recherche de l’homme providentiel qui donnera au Liban et l’impulsion nécessaire à de très vastes réformes de redressement national et l’envie à tout un peuple d’appartenir à ce large mouvement de renaissance où chacun trouvera sa place, bien loin du clivage confessionnel traditionnel absurde. L’homme providentiel, est-ce le général Michel Aoun ? Qui d’autre que lui, aujourd’hui, incarne cet homme d’État respectable et respecté ? Qui d’autre que lui peut prétendre rassembler autour de sa personne les différentes communautés qui composent notre nation ? Qui d’autre que lui s’inquiète d’un projet national ? Mais quels peuvent être les moyens de sa politique ? Sur quelle base le général pourra-t-il compter pour bâtir ce projet ? C’est plus sur les moyens dont il peut disposer que sur sa politique, que celle-ci pourra ou non être viable. Les Libanais, chrétiens et musulmans confondus, doivent se regrouper autour d’un projet commun de respect mutuel et de sauvegarde de leur identité menacée par de multiples prédateurs aux dents suffisamment acérées pour déchiqueter ce nouveau tissu naissant de l’entente nationale. Les dernières révélations fracassantes de Abdel Halim Khaddam sur la responsabilité directe du régime de Bachar el-Assad ne doivent pas occulter la responsabilité des Libanais de tous bords, qui ont su et laissé faire ou participé à toutes ces exactions commises, pas seulement depuis cinq ans mais depuis trente ans que ce même régime syrien, celui de Hafez puis de son fils Bachar, met tout en œuvre pour asservir le Liban. M. Khaddam lui-même n’est pas lavé pour autant de toute responsabilité, même si une faute avouée est à moitié pardonnée. Le danger pour lui ne pourra venir que de son propre camp. L’enquête internationale doit absolument aboutir à désigner les vrais coupables dans la tragédie libanaise dont l’assassinat de Rafic Hariri est le point culminant. De lourds soupçons pèsent sur beaucoup de monde, mais, en droit international, suspect n’est pas coupable. L’avantage de ce « temps des soupçons » est l’épuration pure et dure, plus ou moins naturelle. On peut raisonnablement se demander si un tel timing n’est pas salutairement calculé. En attendant, des figures politiques et journalistiques libanaises éminentes, aux côtés d’autres figures plus anonymes, dont le tort est de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, tombent régulièrement dans une région bien précise du Liban. Comme s’il y avait derrière tout cela une volonté obscure de recréer des circonstances larvées favorables à une reprise d’un conflit à caractère confessionnel dont on ne connaît que de trop les conséquences sur la stabilité du pays. Ne laissons pas pourrir cette situation de non-droit. Y aura-t-il un deuxième 14 mars ? Dr Riad JREIGE France
Combien de martyrs faudra-t-il encore comptabiliser pour se rendre à l’évidence, c’est-à-dire que notre avenir n’est pas entre nos mains mais entre les mains de ceux qui le décident ? Et cela durera le temps qu’il faudra pour en prendre conscience avant de pouvoir changer les choses. Sur ce registre, la liste des décideurs n’est certainement pas longue. Il peut aussi s’agir...