Nouvelle bavure US : huit membres d’une même famille tués dans un raid aérien à Baïji La Mission internationale évalue les résultats des législatives irakiennes

L’évaluation des résultats des législatives a commencé hier en Irak, où huit membres d’une même famille ont péri dans un raid aérien visant, selon l’armée américaine, des poseurs de bombes. «La délégation a commencé à vérifier les plaintes et les objections », a déclaré un responsable de la commission électorale, Adel Lamy, à propos des experts de la Mission internationale pour les élections irakiennes (MIEI). Cette délégation comprend cinq experts, deux de la Ligue arabe, un venant du Canada et un de l’Union européenne, et trois assistants. Des groupes politiques, notamment des partis sunnites et la liste de l’ancien Premier ministre chiite laïc Iyad Allaoui, contestent les résultats partiels donnant vainqueurs des chiites conservateurs. Un autre responsable de la commission, Farid Ayar, a reconnu des fraudes lors du vote du 15 décembre, dont les résultats définitifs sont toujours attendus, mais défendu son organisme et nié toute intention de manipuler le scrutin. Farid Ayar a aussi exclu de nouvelles élections, « une opération qui n’est pas aussi facile que certains l’imaginent », et souligné que les experts étrangers n’étaient pas habilités à évaluer le travail de la commission, mais seulement à compléter un premier rapport sur le déroulement des législatives. 0,2 % des suffrages annulés La commission électorale a ainsi décidé d’annuler pour irrégularités 0,2 % des suffrages exprimés, a indiqué M. Lamy. « Nous allons annuler le contenu de 50 à 70 urnes sur environ 31 000 pour l’ensemble de l’Irak », a-t-il déclaré. Il a toutefois noté que « les résultats complets ne seront pas affectés par cette annulation. Il n’y a pas une seule ville où cela affectera les résultats ». Sur le plan sécuritaire, à Baïji, à 200 kilomètres au nord de Bagdad, huit Irakiens ont été tués et trois grièvement blessés dans un raid aérien lundi soir, a rapporté un correspondant de l’AFP, tandis que l’armée américaine a dit avoir attaqué des rebelles, poseurs de bombes, qui y ont pris refuge. Les victimes étaient toutes membres d’une même famille. La maison a été détruite et huit cadavres, ceux de trois femmes, trois hommes, et deux enfants de neuf et onze ans ont été extraits des décombres. Guidés par des cris, les secouristes ont découvert ensuite trois survivants, un enfant et deux femmes, dont l’une était inconsciente, tous trois grièvement blessés, au milieu des ruines. Les recherches se poursuivent pour trouver trois personnes portées disparues, des jeunes gens âgés d’une vingtaine d’années. L’armée américaine, qui ne donne pas de bilan de l’attaque, a indiqué, dans un communiqué, avoir pris pour cible dans la nuit trois hommes soupçonnés de placer un engin explosif sur une route près de Baïji. « Considérant que ces individus représentaient une menace pour les civils irakiens et les soldats de la coalition, leur localisation a été transmise à des pilotes chargés de l’appui au sol », a ajouté l’armée US. « Les individus ont quitté la route et ont été suivis depuis les airs jusqu’à un immeuble proche. Les forces de la coalition ont alors utilisé des munitions de précision contre le bâtiment », a-t-elle encore signalé. « J’étais avec des amis dans une boutique, à une centaine de mètres, quand j’ai entendu passer un avion et entendu une énorme explosion. Je suis allé voir et j’ai vu ma maison transformée en ruines fumantes », a témoigné Ghadbane Nahed Hassan. « Quatorze personnes, tous des membres de ma famille, se trouvaient alors dans la maison », a assuré ce père de famille de 56 ans. Le chef de la police locale, le colonel Soufiane Mostafa Assad, a corroboré ce récit, et Hamad H’moud al-Qaïssi, gouverneur de Salaheddine, dont dépend Baïji, a dénoncé cette attaque et annoncé son intention de « demander une enquête » sur ce bombardement. Talabani veut des pouvoirs élargis Enfin, sur le plan politique, le président irakien Jalal Talabani s’est déclaré prêt à rester à son poste, pourvu que ses pouvoirs soient élargis, ce qui nécessiterait d’amender la Constitution approuvée en octobre dernier par référendum et à continuer à œuvrer avec le Premier ministre Ibrahim al-Jaafari si celui-ci reste également à son poste. M. Talabani a assuré que ses critiques à l’encontre de M. al-Jaafari appartenaient au passé et que leurs relations n’iraient qu’en s’améliorant.