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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - Les costumes impériaux de la Turquie ottomane Quand l’habit fait le sultan

WASHINGTON - Irène MOSALLI L’exposition intitulée « Style et statuts : les costumes impériaux de la Turquie ottomane », qui se tient actuellement à la Sackler Gallery à Washington, peut être l’exception du proverbe « l’habit ne fait pas le moine ». En effet, à cette époque, le vêtement faisait les sultans et les grands dignitaires de la Sublime Porte. Ceux présentés par cette exposition sont éblouissants par les jeux audacieux des couleurs et du design et par la richesse du finissage. Certains ont appartenu au sultan Salim (qui a régné de 1512 à 1520), au sultan Soliman (1520 à1566) et à son fils Bayazid. Des pantalons, des chapeaux, des coussins, des tapis ou même des textiles ornés de motifs calligraphiques. Au total, 68 spécimens de toute beauté dont la majorité fait partie des collections des musées de Topkapi, Mevlana (Turquie) et l’Ermitage (Saint Pétersbourg). C’est là une célébration de la créativité ottomane qui a réussi à faire de la soie le symbole le plus fort et le plus visible de la puissance et de la richesse de son empire, dont l’autorité s’étendait de l’Irak aux Balkans en passant par l’Afrique du Nord. Dans la société ottomane, extrêmement hiérarchisée, les vêtements des cérémonies civiles, religieuses et même guerrières jouaient un rôle important dans la vie de la cour. Cette garde-robe tout en magnificence était réservée au sultan et à sa famille. Mais il y avait aussi les « habits d’honneur » surnommés « hilyat », grandioses eux aussi, que l’on offrait aux dignitaires étrangers, aux courtisans locaux et aux officiers supérieurs. « Kadife », « Kemha » et « Seraser » Le tout était exécuté dans trois genres de tissus : le velours, appelé « kadife », à surface tridimensionnelle, certaines en relief et d’autres entremêlés de fils métalliques, le brocard, « kemha », et les étoffes en fils d’or et d’argent, « seraser », les plus chers et les plus luxueux. Au milieu du XVIe siècle, le goût ottoman a privilégié les motifs grands et audacieux tels que les médaillons, les rayures tigrées et les triples cercles « çintamani ». Le premier centre de production de la soie ottomane était Bursa, au nord de la Turquie qui, au XVIe siècle, est devenue l’une des villes les plus riches du monde. Et comme la demande de la soie se faisait de plus en plus forte, Istanbul s’est mise à son tour à cette industrie, car la clientèle s’était élargie en Europe et notamment en Pologne, aux pays balkaniques et à la Russie. Dans ces pays, les tissus ottomans étaient principalement utilisés pour la confection des vêtements sacerdotaux notamment les chasubles et les capes. En retour, la Turquie importait de Russie de l’hermine et autres fourrures pour doubler les luxueux vêtements impériaux. De même qu’elle achetait à l’Italie ses velours qui étaient destinés aux habits des grands. Le velours local, estimé de qualité inférieure, était utilisé pour les coussins et les tapis. Noblesse des matériaux et raffinement suprême d’un empire qui avait intrinsèquement mêlé l’art à sa gloire conquérante, sa puissance et sa grandeur. L’un des responsables de l’exposition fait remarquer qu’aucune autre collection de costumes historiques n’a été conservée dans un état aussi parfait. Après le décès du sultan ou d’un membre de sa famille, on préservait ses habits avec le même soin que s’il s’agissait de sa propre personne.
WASHINGTON - Irène MOSALLI

L’exposition intitulée « Style et statuts : les costumes impériaux de la Turquie ottomane », qui se tient actuellement à la Sackler Gallery à Washington, peut être l’exception du proverbe « l’habit ne fait pas le moine ». En effet, à cette époque, le vêtement faisait les sultans et les grands dignitaires de la Sublime Porte. Ceux...