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Le centre historique de Beyrouth a connu plusieurs appellations à travers les siècles La place des Canons au XIXe siècle

Beyrouth au XIXe siècle était une ville entourée de murailles. Sept portes y donnaient accès. Chaque porte était confiée à une famille grecque-orthodoxe respectée par les habitants de la ville. Les chefs de ces familles ouvraient les portes à l’aube et les fermaient au coucher du soleil. Les noms de ces grandes familles sont connus de nos jours : Fayad, Trad, Tuéni, Jbeily, Chéhadeh, Yazigi et Saba. Le centre des activités à cette époque se situe dans un quadrilatère qui va de Bourj Hachich au château fort situé au nord-est. Cette place historique de la ville de Beyrouth, appelée aujourd’hui place des Martyrs, a par le passé connu d’autres appellations : Bourj, au XVIIe siècle, place du Canon, au XVIIIe siècle, et au XIXe siècle place des Canons. Une carte présentant les anciennes défenses de Beyrouth en 1831 montre le nombre et l’emplacement des canons placés dans des endroits stratégiques. Les habitants de Beyrouth ne tardent pas à nommer la place « place des Canons ». Au XIXe siècle Ibrahim Pacha, fils adoptif de Mohammed Ali et vice-roi d’Égypte, occupe la Syrie. Beyrouth et les villes de la côte tombent entre ses mains. Il s’allie à l’émir Béchir Chéhab et à d’autres seigneurs féodaux du Liban, et remporte une éclatante victoire sur les Ottomans à Homs. Les succès militaires d’Ibrahim Pacha l’amènent pratiquement aux portes de Constantinople, et Béchir, confirmé en tant qu’émir du Liban, exerce son pouvoir depuis Tripoli au Nord jusqu’à Tyr au Sud, et de la Békaa jusqu’à Wadi al-Taïm. Les conquêtes d’Ibrahim Pacha inquiètent l’Europe qui ne tarde pas à intervenir ; les Russes et les Anglais aux côtés des Ottomans, les Français alliés aux Égyptiens. Exilé pour s’être rallié à Ibrahim Pacha, l’émir Béchir quitte Sidon à bord d’un navire anglais le 11 octobre 1840. En route pour Malte, il fait une courte halte à Beyrouth avant d’être envoyé à Constantinople où il meurt dix ans plus tard. Beyrouth demeure aux mains des Égyptiens jusqu’au 10 septembre 1840, date à laquelle la flotte britannique, sous les ordres du commodore sir Charles Napier, entreprend un bombardement de la ville qui devait détruire de nombreuses habitations et réduire en miette les restes du château médiéval. Des boulets de canon jonchent la ville et sont encore visibles en 1912. Le violent bombardement de Beyrouth par la flotte britannique a eu lieu du 10 septembre au 9 octobre 1840. Un dessin original (collection Samir Moubarak) a été exécuté le 2 octobre à bord d’un des vaisseaux anglais engagés dans la bataille ce jour-là. On aperçoit en détail la côte, le port, les défenses de la cité et les maisons parmi lesquelles figurent les huit consulats étrangers avec leurs drapeaux respectifs hissés sur les toits. Des marins sur de nombreuses embarcations attaquent la ville dans l’intention de faire sauter les fortifications et les dépôts de munitions égyptiens. On remarque les pavillons des consulats des États-Unis, du Portugal, des Pays-Bas, d’Espagne, de Prusse, de France, d’Autriche et de Russie. L’infanterie, composée de soldats britanniques, autrichiens et ottomans, débarque à Jounieh et met en déroute les dernières troupes égyptiennes. Profitant de la présence de leurs hommes dans les environs de Beyrouth, les « royal engineers » dressent des cartes de la ville pour des raisons stratégiques. La cartographie militaire devient dès lors une science et non plus un art. Trois de ces cartes topographiques à grande échelle de Beyrouth et de ses environs trouvés dans le Public Record Office dans le Kent en Angleterre ont été publiées par Michael F. Davie pour la première fois en 1984. Ces cartes nous permettent d’imaginer la ville de Beyrouth telle qu’elle était en 1841 avec ses murailles, ses nombreuses portes (bab), son Sérail, ses bourjs, ses khans et ses mosquées. Nina JIDÉJIAN
Beyrouth au XIXe siècle était une ville entourée de murailles. Sept portes y donnaient accès. Chaque porte était confiée à une famille grecque-orthodoxe respectée par les habitants de la ville. Les chefs de ces familles ouvraient les portes à l’aube et les fermaient au coucher du soleil. Les noms de ces grandes familles sont connus de nos jours : Fayad, Trad, Tuéni, Jbeily, Chéhadeh,...