Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

En Dents De Scie Chromosome Pinocchio

« Quiconque est capable de mentir est indigne d’être compté au nombre des hommes ; et quiconque ne sait pas se taire est indigne de gouverner. » Fénelon Trente-deuxième semaine de 2005 (J+181 : le rapport Mehlis sera-t-il un simple pétard mouillé ou saura-t-il remettre toutes les pendules à l’heure ?). Navrant est ce peuple réduit à applaudir des deux mains lorsqu’il reçoit enfin le centième de ce qui lui est pourtant archi-dû. Un peuple auquel trente ans de tutelle syrienne couplés à trente ans de flagornerie et de courbettes locales ont désappris l’exigence. Certes, il est presque touchant de voir ce que l’on considérait comme étant la plus fuyante des chimères devenir une espèce de réalité, même à la petite semaine : des ministres, des députés et jusqu’à quelques présidents qui font enfin, plus ou moins bien, plus ou moins régulièrement, bon gré mal gré, ce pour quoi les citoyens les paient. C’est-à-dire la reconstruction d’un État. Certes, il est réconfortant de savoir quelques irréductibles parmi eux, nouveaux locataires de certains ministères ruinés par leurs prédécesseurs, batailler au quotidien pour que souveraineté, liberté de décision, désyrianisation (bien sûr que Damas doit justifier sa demande d’extradition concernant Omar Bakri !), démocratisation, entre autres concepts hier tellement martiens, deviennent autre chose que des slogans creux, des formules périmées, usurpées par ceux qui ont passé un (ou des) septennat(s) entier(s) à s’en gargariser. Certes. Sauf que ces gens-là, républicains pure souche et de la première heure soient-ils ou récents catéchumènes, ne font finalement, encore une fois, que ce pour quoi ils sont rémunérés. Certaines décisions prises il y a une dizaine de jours, l’entêtement et la détermination de quelques-uns d’entre eux, la foi ou l’envie retrouvées des autres, aussi admirables et bienvenus soient-ils, ne sont finalement qu’un rachitique et normal minimum syndical que ces gens-là doivent à ce peuple tellement infantilisé, désaimé, qu’un chouia d’attention ébahit désormais – mais, attention de s’y laisser prendre, sans le leurrer. Pour être véritablement loués, ovationnés, la nouvelle Chambre – attendue au tournant mardi avec quelques propositions de loi de première importance : l’amendement de l’article 68 pour la réouverture de la MTV, le Conseil constitutionnel dont trois de ses membres, récemment désignés, ont été pratiquement imposés par la (déjà préhistorique) troïka Lahoud-Berry-Karamé, etc. – et, surtout, le nouvel Exécutif – Lahoud et Siniora en tête – doivent nécessairement récurer, au karsher, leur façon de traiter avec les seuls partenaires, les seuls objecteurs de conscience qu’ils puissent avoir : les Libanais. Ils doivent nécessairement cesser de leur mentir, de leur faire croire que tout va bien quand rien ne va ; ils leur doivent, enfin, de la transparence. Par exemple : demander au porte-parole du gouvernement (qui mérite un peu mieux d’ailleurs) de confirmer devant l’opinion publique que le chef de l’État est ravi de ses excellentes relations avec le Premier ministre et que le Premier ministre se félicite des siennes – de relations – avec le chef de l’État n’équivaut à rien d’autre qu’à continuer de prendre les Libanais pour de doux crétins. Qu’on laisse la monumentale erreur de casting qu’est Faouzi Salloukh se livrer, seul, aux joies aigres de cet insupportable sport. Peu leur importe, ces Libanais, si les deux têtes de l’Exécutif s’entendent ou pas : ce qu’ils veulent, ce qu’ils auraient voulu entendre cette semaine en l’occurrence, c’est que Lahoud et Siniora n’arrivent pas à se mettre le moins du monde d’accord sur les nominations des fonctionnaires de première catégorie. Cela aurait évidemment eu bien plus de gueule que le barnum hypocrite flanqué d’un projet de loi illisible auquel tout le monde a eu droit jeudi soir ; cela aurait surtout été la preuve que cette urgente mutation des mentalités venait de s’enclencher, allumant avec elle, tout timidement certes, cette petite mais indispensable flammèche de confiance entre des administrés et des administrateurs. Tant qu’Émile Lahoud continuera de se cacher derrière des phrases vides et des mots qui ne veulent rien dire rapportés par des visiteurs le plus souvent d’un autre temps, ou derrière des communiqués de palais datant d’avant 1998 ; tant que Fouad Siniora abusera de son sourire mi-ange Gabriel mi-Machiavel qui ne trompe plus personne et/ou de ses jeux de mots ringards qui, au lieu de noyer le poisson comme il le souhaite, ne font que centupler son volume, les choses resteront en l’état. Plus important qu’une loi électorale, qu’une refonte de la diplomatie libanaise, que le règlement de la dette publique, qu’un chantier législatif, et tutti quanti, il y a la révolution des mentalités. Ziyad MAKHOUL
« Quiconque est capable de mentir est indigne d’être compté au nombre des hommes ; et quiconque ne sait pas se taire est indigne de gouverner. »
Fénelon

Trente-deuxième semaine de 2005 (J+181 : le rapport Mehlis sera-t-il un simple pétard mouillé ou saura-t-il remettre toutes les pendules à l’heure ?).
Navrant est ce peuple réduit à applaudir des deux mains...