Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

L’alchimie des listes révèle la persistance de l’influence syrienne

La Syrie, militairement partie, reste politiquement présente. Il n’y a qu’à voir la fabrication des listes dans certaines régions pour comprendre cette réalité qui se nourrit, comme toujours, des divisions internes. Ainsi le différend entre le général Aoun et l’opposition fait largement le jeu des résidus de la domination syrienne, qui s’infiltrent dans la brèche. L’ancien président du Conseil sert donc de levier à des symboles marqués du pouvoir, des alliés de la Syrie comme Talal Arslane, Sleimane Frangié ou le PSNS. Il affirme qu’il ne voit plus de différence entre opposants et loyalistes après le retrait des Syriens. Il met de la sorte à pied d’égalité les pôles qui avaient harangué les foules place de la Liberté pour réclamer le retrait, et ceux qui ont harangué les masses place Riad el-Solh pour exiger le maintien. Un opposant, qui avait participé à Paris aux contacts avec Aoun puis suivi les tractations menées par d’autres, indique qu’il avait initialement suggéré au général de rejoindre la Rencontre du Bristol. Pour retourner au pays sous l’égide de l’opposition comme du peuple, qui lui aurait réservé un accueil grandiose à l’aéroport. Le pouvoir n’aurait pas osé exécuter le mandat d’arrêt. Et s’il l’avait fait, il y aurait eu des manifestations monstres, tournant à l’insurrection populaire et balayant le système. Mais le général avait préféré la voie tranquille. Confiant alors à ce politicien qu’il avait engagé des contacts avec certains proches du pouvoir pour arranger le retour. Et, en même temps, selon cette source, pour régler la question des arriérés des indemnités qui lui étaient dus par l’État et qui se monteraient à des millions de dollars. Par la suite, Karim Pakradouni et Émile Émile Lahoud avaient effectué à Aoun une visite qui avait fait couler beaucoup d’encre. On avait parlé d’un marché incluant l’annulation du mandat d’arrêt, le procès devant être jugé en juillet. On avait estimé que c’était là une épée de Damoclès qu’on maintenait au-dessus de la tête du général pour s’assurer qu’il tiendrait ses engagements. Selon d’autres spéculations, le report du procès devait servir d’alibi, de paravent pour couvrir le fait qu’il y avait bien eu un marché. Au départ, certains opposants s’étaient entendus avec le général sur les règles suivantes : – Pas de cooptation des symboles loyalistes et des alliés de la Syrie dans les listes. Qui doivent se limiter à des opposants pur jus. Principe antérieurement appliqué par Aoun dans les municipales. – Exclusion, également, de tout élément soupçonné de corruption. – Élaboration d’un programme de réforme administrative, politique, économique, financière et judiciaire, que tout candidat inscrit sur les listes communes s’engagerait à faire appliquer. – Sélection des candidats à partir de sondages d’opinion montrant leur force populaire réelle. Mais, on le sait, cette entente n’a pas tenu la route. Le général Aoun n’en a pas appliqué les points. Il n’a de la sorte pas écarté les symboles du pouvoir et les alliés de la Syrie de ses listes. Parce qu’il ne s’est pas accordé électoralement avec l’opposition. À partir de là, le général fait l’objet de critiques déterminées. Des pôles se demandent s’il pense avoir raison tout seul, contre tous les autres pôles ou courants de l’opposition. Selon ses détracteurs, il n’aurait pas non plus tenu à l’écart des éléments soupçonnés de corruption et de prévarication. Comme certains spécialistes du bingo ou d’autres qui sont accusés d’avoir profité des petro-bons irakiens. Enfin, selon ces sources, il n’a pas tenu compte des critères de popularité sur le terrain, acceptant sur ses listes des gens qui manquent de crédibilité ou de transparence. L’homme politique précédemment cité se demande dès lors si ce qui s’est produit ne traduit pas l’accord qui aurait pu être conclu par Aoun, à Paris, avec Karim Pakradouni et avec Émile Émile Lahoud. Émile KHOURY

La Syrie, militairement partie, reste politiquement présente. Il n’y a qu’à voir la fabrication des listes dans certaines régions pour comprendre cette réalité qui se nourrit, comme toujours, des divisions internes. Ainsi le différend entre le général Aoun et l’opposition fait largement le jeu des résidus de la domination syrienne, qui s’infiltrent dans la brèche....