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Actualités - OPINION

Un problème aigu de leadership se pose au niveau du camp chrétien

Ces élections, qui se déroulent pour la première fois hors de la présence syrienne, peuvent-elles produire des résultats différents, à l’ombre de la 2000. Va-t-il y avoir à la Chambre d’autres blocs ? D’autres tendances ? À Beyrouth, lors de la précédente édition, il y avait eu un raz-de-marée Rafic Hariri. Parce que la population avait pris fait et cause pour lui, suite à la politique de ségrégation manifestement menée à son rencontre par le pouvoir. Cette fois, la liste de son fils rafle toute la mise parce que la population rend de la sorte hommage au sang versé par le président martyr et par ses compagnons. Sans députés parachutés par la Syrie, certes. Mais encore une fois, c’est le Courant du futur qui emporte la totale, comme on dit. Au Sud aussi, les résultats, connus d’avance, sont politiquement les mêmes qu’en l’an 2000. Non pas seulement à cause de la loi, mais également parce que le mouvement Amal et le Hezbollah se sont entendus, s’assurant mutuellement un monopole de fait. Et se mettant en voie de retrouver à la Chambre leurs blocs compacts respectifs. D’autant qu’à Baalbeck-Hermel également, les jeux sont faits, même si, comme ailleurs, quelques noms peuvent changer. À Zahlé, dans la Békaa-Ouest et au Nord, il peut y avoir confrontation entre les alliés du Courant du futur et certains prosyriens. Mais, même si des leaderships déterminés vont se trouver plus ou moins renforcés ou affaiblis, le volume des blocs à la Chambre ne va pas en être modifié en gros. Le leadership sunnite à Beyrouth reste aux Hariri. Le leadership chiite partagé entre Amal et le Hezbollah. Le leadership druze, à Joumblatt, à cause de l’éclipse relative de l’autre dynastie de la communauté et quels que soient les résultats de la bataille qui s’annonce à Baabda-Aley. Par contre, on ne voit rien de précis se dégager pour les chrétiens en général, les maronites en particulier. Car les pôles, même en suivant une même ligne politique, sont divisés. Et de la sorte, on ne compte à la Chambre aucun bloc chrétien massif. Durant la guerre, les chefs de file se sont combattus les armes à la main. Les formations, comme les Forces libanaises, connaissaient des sécessions successives. La course au leadership unifié a provoqué ce que l’on a appelé la guerre de suppression opposant les FL à l’armée de Aoun. Qui, aujourd’hui, livre bataille à d’autres piliers chrétiens à travers les élections. Chacun cherchant à se surdimensionner aux dépens d’autrui. Ainsi, les mains occultes ont réussi, notamment au Mont-Liban, à dresser les unes contre les autres des listes provenant également des rangs de l’opposition. Un cadeau royal, sur un plateau d’argent, aux symboles du pouvoir fidèle à l’ex-tuteur syrien. On aurait pu penser que Kornet Chehwane prenait, à distance, la relève morale du Front libanais. Et des quatre grands de jadis, Chamoun, Gemayel, Eddé, Frangié. Mais on s’aperçoit, comme à chaque élection, que lorsque les urnes sont en jeu, la Rencontre ne tient plus. Et n’assume plus qu’en apparence son rôle de catalyseur de la direction chrétienne. Il va falloir attendre les résultats du Mont-Liban pour savoir à qui le sceptre va échoir. À Aoun ou à Kornet Chehwane, si jamais elle se trouve réhabilitée de fait. Finalement, les pôles chrétiens causent eux-mêmes la marginalisation de leur camp. Ils deviennent des féaux d’autrui ou des minoritaires isolés, même dans les régions à forte densité chrétienne. Et de plus, divisés. Le patriarche Sfeir s’en dit peiné. Et ses proches se demandent pourquoi, au Metn et à Kesrouan-Jbeil, on n’a pas su garder l’unité des rangs. Pour le moment, il faut bien le dire, l’électeur est écœuré par les combinaisons qui mélangent opposants et loyalistes. Alors qu’il s’attendait à des listes nationalistes, indépendantistes, unifiées, dans la foulée du 14 mars. Émile KHOURY
Ces élections, qui se déroulent pour la première fois hors de la présence syrienne, peuvent-elles produire des résultats différents, à l’ombre de la 2000. Va-t-il y avoir à la Chambre d’autres blocs ? D’autres tendances ? À Beyrouth, lors de la précédente édition, il y avait eu un raz-de-marée Rafic Hariri. Parce que la population avait pris fait et cause pour lui,...